Paul McCartney et All Shook Up : un hommage enflammé à Elvis Presley

Publié le 30 septembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1999, Paul McCartney rend hommage à Elvis Presley en reprenant All Shook Up sur son album Run Devil Run. Ce titre, qui a marqué son adolescence et influencé les Beatles, est revisité avec une énergie brute et une intensité électrique. Enregistré aux studios Abbey Road avec David Gilmour et Mick Green, il trouve une seconde vie sur scène, notamment lors du concert mythique de McCartney au Cavern Club en décembre 1999.


En 1999, Paul McCartney sortRun Devil Run, un album marqué par son amour indéfectible pour le rock’n’roll des origines. Parmi les morceaux qui composent ce projet, on trouve une reprise enflammée d’All Shook Up, chanson rendue célèbre par Elvis Presley en 1957. Ce choix ne doit rien au hasard : McCartney, admirateur de longue date du King, insuffle dans cette interprétation une énergie brute et une ferveur qui témoignent de son attachement à cette période fondatrice du rock.

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L’héritage d’Elvis Presley dans le parcours de McCartney

L’histoire de Paul McCartney et d’Elvis Presley commence bien avant cette reprise. Dès son adolescence, le jeune Liverpuldien vibre au son des disques de Presley, dont l’impact sur les Beatles est indéniable. Avec John Lennon, George Harrison et Ringo Starr, McCartney a souvent exprimé son admiration pour l’icône du rock américain.

Presley enregistreAll Shook Upen janvier 1957. Ce titre, composé par Otis Blackwell avec une participation créditée d’Elvis lui-même, devient rapidement un immense succès. Aux États-Unis comme au Royaume-Uni, la chanson s’impose en tête des classements et marque une génération entière d’auditeurs.

Les Beatles, avant même de conquérir le monde, jouentAll Shook Upsur scène entre 1957 et 1960, avec McCartney au chant. Si aucune captation sonore de ces performances n’a survécu, un témoignage précieux subsiste : lors des sessions deLet It Been janvier 1969, les Fab Four improvisent une version de la chanson, avec McCartney et George Harrison au micro. Ce clin d’œil montre à quel point ce titre reste ancré dans leur répertoire, bien après leurs débuts.

Une interprétation viscérale surRun Devil Run

Après la perte de Linda McCartney en 1998, Paul se plonge dans la musique comme un exutoire. Il décide alors d’enregistrer un album de reprises, reprenant des standards du rock’n’roll des années 1950 qui ont marqué son adolescence. C’est ainsi que naîtRun Devil Run, un disque enregistré dans une urgence contrôlée, avec des musiciens d’exception.

L’enregistrement d’All Shook Upse déroule le 4 mai 1999, aux mythiques studios Abbey Road. Paul McCartney s’entoure d’un groupe restreint mais redoutablement efficace : David Gilmour (Pink Floyd) à la guitare et aux chœurs, Mick Green (The Pirates) à la guitare, Geraint Watkins au piano et Dave Mattacks à la batterie. Produit par McCartney et Chris Thomas, l’album privilégie une approche brute et spontanée, captant l’essence du rock’n’roll originel.

La version proposée surRun Devil Runest fidèle à l’énergie du titre original tout en y insufflant une touche personnelle. McCartney, au chant et à la basse, adopte une interprétation exaltée, portée par un arrangement nerveux et percutant. Le piano dynamique de Geraint Watkins et les guitares incisives de Gilmour et Green confèrent au morceau une intensité électrique qui renvoie aux grandes heures du rock des fifties.

Une performance explosive au Cavern Club

Quelques mois après la sortie deRun Devil Run, McCartney offre à son public un moment mémorable : un concert au Cavern Club de Liverpool, le 14 décembre 1999. Ce retour aux sources, dans le mythique club où les Beatles se sont forgés une réputation, revêt une importance symbolique. McCartney y interprète plusieurs morceaux de son album, dontAll Shook Up, devant une foule conquise.

Ce concert, capté et diffusé, montre un Paul McCartney en pleine possession de ses moyens, jubilatoire et en osmose avec son groupe. La dynamique de sa version d’All Shook Upy prend toute son ampleur, confirmant que, plus de quarante ans après ses débuts, l’ex-Beatle n’a rien perdu de sa fougue rock’n’rollienne.

Un souvenir d’adolescence gravé dans la mémoire

En octobre 2020, dans une interview accordée àRolling Stone, McCartney évoque un souvenir d’adolescence lié àAll Shook Up. Il raconte qu’un jour, alors qu’il se promenait avec un ami dans une fête foraine à Sefton Park, à Liverpool, il fut frappé par la beauté d’une jeune fille. Cette vision envoûtante lui causa un étrange mal de tête, qu’il parvint à faire disparaître en écoutantAll Shook Upchez son ami. Cet épisode témoigne de l’impact quasi magique que pouvait avoir la musique d’Elvis Presley sur le jeune McCartney.

Un pont entre les générations du rock

Avec cette reprise d’All Shook Up, Paul McCartney ne se contente pas de rendre hommage à Elvis Presley. Il réaffirme aussi le lien indéfectible entre la première génération de rockeurs et ceux qui, comme lui, ont pris le flambeau pour révolutionner la musique populaire. Loin d’être une simple relecture nostalgique, cette version s’inscrit dans une continuité, rappelant que le rock’n’roll est avant tout une affaire de transmission et de passion.

Plus de deux décennies après la sortie deRun Devil Run, cette reprise conserve toute sa fraîcheur et son énergie. Elle incarne à merveille la manière dont McCartney, tout au long de sa carrière, a su s’imprégner des influences de ses héros pour les réinventer à sa manière. Une preuve supplémentaire que, pour lui, la musique demeure une force vivante, intemporelle et essentielle.