La Beatlemania ne cesse d’étonner : un toast supposément laissé par George Harrison en 1963 vient d’être vendu à un collectionneur passionné. Cet objet insolite, conservé depuis plus de 60 ans, témoigne de l’obsession persistante pour les Fab Four. Si certains y voient un morceau d’histoire, d’autres jugent cet engouement absurde. Retour sur cette vente surprenante et l’impact du marché des souvenirs Beatles.
La frénésie qui entoure les Beatles ne semble jamais faiblir, même plus de soixante ans après l’apogée du groupe. Si les vinyles rares, les autographes et les objets emblématiques ayant appartenu aux Fab Four suscitent un vif intérêt chez les collectionneurs, certaines transactions peuvent sembler des plus improbables. C’est le cas d’une vente récente qui défraie la chronique : un morceau de toast supposément laissé par George Harrison en 1963 vient d’être cédé pour une somme non divulguée.
Sommaire
- Une tranche d’histoire ou une aberration du marché des souvenirs ?
- Une relique conservée dans un album-souvenir
- George Harrison lui-même dubitatif
- Un marché en perpétuelle ébullition
- Quand la passion prend le pas sur la raison
Une tranche d’histoire ou une aberration du marché des souvenirs ?
L’acquéreur de cet objet pour le moins singulier n’est autre que Joseph O’Donnell, un collectionneur passionné de souvenirs liés aux Beatles. Sur son site personnel, il se présente comme un fervent admirateur du groupe, prêt à débourser des sommes importantes pour enrichir sa collection. Si le prix exact de cette acquisition reste inconnu, on sait toutefois que la miette de pain avait déjà changé de mains en 1991 lors d’une vente aux enchères à Londres, où elle était incluse dans un lot comprenant également une lettre d’amour de John Lennon à Cynthia, son ex-femme. Le tout avait été adjugé pour la somme astronomique de 94 800 dollars.
O’Donnell justifie son intérêt pour ce morceau de pain avec enthousiasme : « Pour moi, ce toast représente parfaitement la folie de la Beatlemania et l’obsession absolue pour les garçons dans les années 1960. Cela montre jusqu’où certains sont prêts à aller pour toucher du doigt la célébrité et leurs idoles. Pour moi, il est inestimable, même si c’est très, très étrange. »
Une relique conservée dans un album-souvenir
L’histoire de ce morceau de toast remonte au 8 février 1963, lorsque Sue Houghton, une fan de 15 ans, aurait eu l’opportunité de visiter la maison familiale de George Harrison. Selon son récit, elle serait repartie avec un bout de croûte que le guitariste n’avait pas fini de manger. Avec un sens du précieux très prononcé, elle décida de conserver l’aliment dans un album-souvenir, en annotant soigneusement la page : « Morceau du petit-déjeuner de George », ainsi que la date fatidique.
Ce qui confère à ce vestige une valeur supplémentaire est la coïncidence historique du calendrier. En effet, le 9 février 1963, soit le lendemain, les Beatles donnaient leur ultime concert au mythique Cavern Club de Liverpool, marquant ainsi la fin d’une époque pour le groupe, avant leur ascension vertigineuse vers la célébrité mondiale.
George Harrison lui-même dubitatif
Si cette histoire fait aujourd’hui sourire les passionnés de musique, elle n’était pas du goût de George Harrison lui-même. Interrogé à ce sujet en 1992 par Vox Magazine, le discret Beatle s’était montré sceptique et amusé par la situation : « Eh bien, je ne l’ai jamais authentifié ! C’est totalement absurde. Je déteste ça. J’ai toujours fini mon toast, je n’en laissais jamais. La folie, c’est autant chez ceux qui vendent que chez ceux qui achètent. C’est digne de Monty Python : combien paieraient pour une goutte de sueur ? Ou un morceau de cérumen ? »
Malgré ces propos sarcastiques, l’objet a développé sa propre mythologie et continue de faire parler de lui. La Beatlemania ne cesse de repousser les limites du rationnel, prouvant que tout ce qui touche de près ou de loin aux Fab Four, aussi anecdotique soit-il, peut atteindre des sommets en termes de valeur marchande.
Un marché en perpétuelle ébullition
Ce n’est pas la première fois qu’un objet insolite lié aux Beatles suscite un engouement démesuré. Cheveux coupés, tickets de concerts déchirés, morceaux de vêtement, voire même des chewing-gums prétendument mâchés par l’un des membres du groupe, tout semble bon pour alimenter un marché de la nostalgie en pleine expansion.
Certains experts s’interrogent sur l’avenir de ce type de collection. Si les premières générations de fans se raréfient, la passion pour les Beatles, elle, demeure. L’essor d’internet et des réseaux sociaux a élargi la communauté de collectionneurs bien au-delà des frontières britanniques, attirant de nouvelles générations fascinées par la légende du groupe.
Quand la passion prend le pas sur la raison
Si l’achat d’un toast rassis peut sembler délirant pour le commun des mortels, il ne fait aucun doute qu’il s’inscrit dans une logique propre à la culture du mémorabilia. Certains y voient une manière de posséder un fragment tangible de l’histoire, aussi insignifiant soit-il, tandis que d’autres considèrent cela comme une forme extrême de fétichisme musical.
Dans le cas de Joseph O’Donnell, peu importe le caractère absurde de son acquisition. L’essentiel est l’émotion et l’attachement profond qu’il ressent pour cet étrange vestige d’une époque révolue. Et après tout, qui peut prétendre détenir les limites de la passion lorsqu’il s’agit de l’un des groupes les plus influents de l’histoire de la musique ?