Paul McCartney revisite « Don’t Get Around Much Anymore » : un hommage jazzy

Publié le 13 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1987, Paul McCartney surprend avec une reprise du standard jazz « Don’t Get Around Much Anymore » de Duke Ellington pour son album Choba B CCCP. Enregistrée avec une touche pop et une production moderne, cette version reflète son amour pour la musique classique américaine. Sorti initialement en URSS, l’album marque un tournant expérimental pour McCartney, qui y explore des styles variés tout en rendant hommage aux grands noms du passé.


En 1987, Paul McCartney prend un tournant surprenant dans sa carrière solo avec l’enregistrement deChoba B CCCP, un album qui, bien qu’étrange dans son choix de répertoire, reflète l’esprit d’expérimentation de l’artiste. Parmi les titres de l’album figure une reprise de la célèbre chanson de Duke Ellington,Don’t Get Around Much Anymore. À travers ce morceau, McCartney non seulement rend hommage à l’un des géants du jazz, mais ajoute également sa propre touche musicale tout en explorant un genre quelque peu en dehors de ses terrains habituels.

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L’histoire deDon’t Get Around Much Anymore: Du jazz à la pop

Composée par Duke Ellington en 1940 sous le titre original deNever No Lament,Don’t Get Around Much Anymoreest un classique du jazz qui, après avoir été enregistrée par Ellington, fut transformée en un hit avec l’ajout des paroles de Bob Russell en 1942. Dès sa première version, le morceau capte l’essence du swing et du jazz des années 1940, et sa popularité ne cessera de croître, étant reprise par de nombreux artistes au fil des décennies, dont Ella Fitzgerald, Nat King Cole et bien d’autres. La version d’Ellington, marquée par son instrumentalisme brillant et son rythme langoureux, est devenue l’un des plus grands standards du jazz américain.

Lorsque Paul McCartney décide d’enregistrer une reprise de cette chanson, il n’en fait pas seulement un hommage à un genre musical qu’il apprécie, mais également une réflexion sur son propre parcours musical. L’albumChoba B CCCPdans son ensemble, qui signifie «Choba B CCCP» en russe (traduit par «Back In The USSR»), témoigne de la fascination de McCartney pour la musique populaire soviétique, mais aussi d’un retour aux racines musicales de ses débuts, explorant une grande variété de genres tout en s’appropriant certains classiques.

L’enregistrement de la reprise : Une rencontre entre McCartney et le jazz

L’enregistrement deDon’t Get Around Much Anymorea lieu le 21 juillet 1987, dans un studio où McCartney et ses collaborateurs donnent vie à ce morceau. Le groupe, composé de McCartney lui-même à la guitare et au chant, Mick Gallagher au piano, Nick Garvey à la basse et aux chœurs, et Henry Spinetti à la batterie, se lance dans la création d’une version qui reste fidèle à l’esprit original tout en apportant une dynamique nouvelle. L’interprétation de McCartney, d’une grande douceur et d’une sensibilité particulière, capte l’essence du morceau tout en insufflant sa propre vision. Le jeu subtil de la guitare, accompagné des arrangements de piano et de basse, crée un équilibre parfait entre la tradition jazz et les influences pop de McCartney.

L’arrangement, bien que fidèle à l’esprit du morceau, offre des variations subtiles qui témoignent de la touche personnelle de McCartney. Le tempo est un peu plus rapide que l’original, et la production, fidèle à l’époque des années 1980, apporte une texture moderne tout en respectant les racines classiques de la chanson. La version de McCartney conserve donc les éléments fondamentaux du jazz tout en leur apportant une certaine légèreté qui reflète son propre style musical.

Le contexte deChoba B CCCPet la signification de cette reprise

Choba B CCCPa été un album plutôt atypique dans la discographie de Paul McCartney. À l’époque, McCartney s’était éloigné des grandes productions pop et rock qui caractérisaient ses albums précédents et s’était tourné vers un projet plus intime et expérimental, influencé par sa fascination pour la musique populaire soviétique et son désir de réinterpréter des classiques. L’album a été d’abord lancé dans l’Union soviétique, un geste symbolique qui visait à envoyer un message de rapprochement culturel en pleine guerre froide. Cette reprise deDon’t Get Around Much Anymorefait partie de cette exploration musicale où McCartney se permet de revisiter des morceaux du passé tout en leur apportant son empreinte unique.

Enregistrer ce morceau au moment où la guerre froide est encore d’actualité, et plus particulièrement dans le contexte de l’URSS, représente une déclaration de McCartney. Son choix de la chanson, en particulier, symbolise non seulement un hommage à un grand compositeur de jazz, mais aussi une manière de mélanger les genres et de défier les conventions culturelles de l’époque. La capacité de McCartney à naviguer entre différents styles et influences montre son ouverture et sa curiosité intellectuelle, caractéristiques de son approche artistique.

Un hommage à Ellington, mais aussi un clin d’œil à la carrière de McCartney

Au-delà de la simple reprise,Don’t Get Around Much Anymoreest aussi un moyen pour McCartney de rendre hommage à l’une des figures les plus emblématiques du jazz, Duke Ellington, dont la carrière a influencé plusieurs générations de musiciens, y compris McCartney lui-même. Ce choix s’inscrit dans une tradition d’hommages qu’il a rendus tout au long de sa carrière, que ce soit à travers ses propres compositions ou à travers des reprises.

La version de McCartney de cette chanson illustre également son approche de l’interprétation musicale, qui mêle respect du passé et innovation. La chanson est tout à fait fidèle à l’essence du morceau original, mais McCartney y apporte des éléments qui la rendent résolument contemporaine. Les éléments de production des années 1980 sont évidents, mais ils sont utilisés de manière subtile et habile, ne dénaturant jamais l’héritage du jazz. Ainsi, McCartney réussit à fusionner deux mondes musicaux, celui du jazz classique d’Ellington et celui de la pop rock moderne, créant un pont musical entre ces deux univers.

L’impact deDon’t Get Around Much Anymoreet sa place dans la discographie de McCartney

Bien queChoba B CCCPn’ait pas rencontré un succès commercial immédiat au-delà de l’Union soviétique, la reprise deDon’t Get Around Much Anymorea joué un rôle important dans l’élargissement du spectre musical de McCartney. Ce morceau, bien que parfois négligé dans les discussions sur sa carrière, témoigne de sa capacité à s’adapter et à explorer de nouveaux genres tout en restant fidèle à son propre style. En tant que morceau de clôture de la première face de l’album,Don’t Get Around Much Anymorereprésente non seulement un hommage à Ellington, mais aussi un moment de réflexion sur l’évolution musicale de McCartney, qui, même après les années Beatles, n’a jamais cessé d’explorer et d’expérimenter.

Aujourd’hui,Don’t Get Around Much Anymoredemeure une pièce unique dans la discographie de McCartney, représentant un moment où il a su fusionner tradition et modernité de manière remarquable. C’est un exemple de son talent pour réinterpréter les classiques tout en y ajoutant sa propre touche, prouvant que la musique, quelle que soit l’époque ou le genre, est un langage universel auquel il est toujours possible de donner de nouvelles couleurs.