Le baron perché

Publié le 17 octobre 2025 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Monté à douze ans dans les arbres, Côme, baron du Rondeau, décide de ne plus jamais en descendre. Nous sommes en 1770. Des années plus tard, toujours perché, il séduira une marquise fantasque et recevra Napoléon en grande pompe.

Autoportrait, conte philosophique, « Le Baron perché » est une éblouissante invention littéraire, où Côme circule au milieu des yeuses comme Calvino dans les lignes.

Voilà un livre qui traînait depuis longtemps dans mes piles. Je ne pense pas avoir de grande idée à propos de cette lecture…

Dans ce conte philosophique publié en 1957 en Italie, le baron Côme du Rondeau grimpe à l’âge de douze ans dans les arbres, suite à une dispute familiale (une famille pleine de fantaisie), et il n’en redescendra plus, il passera toute sa vie dans les chênes, les hêtres, les oliviers, et même les vignes ou les glycines de la vallée d’Ombreuse, en Italie du Nord. Influencé par les philosophes des Lumières, Côme observe ses contemporains d’une hauteur symbolique mais il ne se contente pas de vivre à l’écart, il aide aussi ses semblables dans leur vie pratique, prend part à la vie sociale de son temps, observe les guerres et l’évolution politique de son temps (il ira jusqu’à recevoir Napoléon lui-même). Il connaît même l’amour avec la fantasque Violette. le baron perché est aussi un conteur infatigable (dont la vie est racontée par son jeune frère) qui n’hésite pas à fournir plusieurs versions de ses exploits. La relation de Côme avec les arbres, les oiseaux, les animaux font de ce conte philosophique à la plume enlevée un conte écologique avant l’heure. Ce fut une lecture agréable.

« Côme monta jusqu’à la fourche d’une grosse branche, où il pouvait s’installer commodément, et s’assit là, les jambes pendantes, les mains sous les aisselles, la tête rentrée dans le cou, son tricorne enfoncé sur le front.
Notre père se pencha par la fenêtre:
– Quand tu seras fatigué de rester là, tu changeras d’idée! cria-t-il.
– Je ne changerai jamais d’idée, répondit mon frère, du haut de sa branche.
– Je te ferai voir, moi, quand tu descendras!
– Oui, mais moi, je ne descendrai pas.
Et il tint parole. »

« Pour ses livres, Côme construisit à différentes reprises des sortes de bibliothèques suspendues, qu’il mettait tant bien que mal à l’abri de la pluie et des rongeurs ; il les changeait continuellement de place, selon ses études et ses goûts du moment ; ils considéraient les livres un peu comme des oiseaux et ne voulait pas les voir immobilisés dans des cages. »

« En somme, il s’était laissé gagner par la fièvre des conteurs qui jamais ne savent quelles histoires sont les plus belles : celles qu’ils ont réellement vécues et dont l’évocation ramène tout un océan d’heures passées, de sentiments délicats – félicités, dégoûts, incertitudes, vanités, écoeurement de soi-même ; ou bien celles qu’on invente, qu’on taille à larges pans, où tout semble facile, mais qui, au fur et à mesure qu’on brode, ramènent – inexorablement – à ce qu’on a vécu ou rencontré. »

Italo CALVINO, Le baron perché, traduit de l’italien par Juliette Bertrand, Nouvelle édition revue par Mario Fusco, Points, 2002 (Editions du Seuil, 1959, 2001)

Quinzaine italienne avec Eimelle