La colère qui me porte

Publié le 20 octobre 2025 par Lana

Ce monde, il nous fait croire que la colère est forcément mauvaise, il la confond avec l’agressivité et la violence. Il la pathologise, surtout quand elle s’exprime contre les dominants et les puissants.

Mais la colère, c’est une émotion, et une émotion, tout dépend de ce qu’on en fait. On n’est pas obligé de se laisser dévorer par sa colère. Elle peut être un moteur, un vecteur de changement.

Je suis en colère, c’est vrai. Et ce n’est pas toujours forcément agréable mais ça me sauve la vie, aussi. Et je préfère la colère au désespoir. J’ai toutes les raisons d’être en colère. Et il se trouve qu’elle n’est plus anesthésiée par les neuroleptiques.

Non seulement, je ne suis pas schizophrène, mais je n’ai même jamais eu de troubles psychotiques. Chaque symptôme pouvant ressembler à un symptôme psychotique n’y correspond pas complètement, mais s’explique par contre très bien par un effondrement autistique prolongé et sévère. Mais une fois qu’on a un diagnostic de psychose, qu’on prend des neuroleptiques et encore plus si on est passé par l’hôpital, plus aucun médecin ne remet cela en doute, et on doit prendre des antipsychotiques à vie, avec leur cortège d’effets secondaires lourds, juste « parce qu’on ne sait jamais ». On est catalogué, prié d’obéir et de ne pas déranger.

À côté de ça, j’ai un passé de maltraitances médicales qui fait ouvrir des yeux ronds à des personnes pourtant bien informées du caractère systémique de ces violences.

Donc, bien sûr que je suis en colère. Ma colère, c’est grâce à elle que j’ai mis à jour ces erreurs de diagnostic, que je comprends enfin qui je suis, que j’ai retrouvé un esprit aiguisé et tranchant, que j’arrête de me laisser marcher sur les pieds, que je dis non et ça suffit. Ma colère, elle me donne l’élan d’avoir des projets pour témoigner de tout cela. Elle me pousse à dire les mots quand d’autres personnes me parlent de ce qu’elles vivent, comme certaines personnes le font avec moi. Parce que dire c’est une agression, c’est un viol, c’est inacceptable, c’est une violence, parfois on n’y arrive pas pour soi, mais c’est absolument nécessaire de l’entendre pour avancer.

Ma colère ne me brûle pas, elle me porte et me réchauffe .