Quand Paul McCartney réinvente Lonesome Town : Un hommage vibrant au rock’n’roll

Publié le 28 octobre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1999, Paul McCartney revisite Lonesome Town, un classique de Ricky Nelson, dans son album Run Devil Run. Avec une approche plus énergique et un enregistrement spontané aux studios Abbey Road, il insuffle une nouvelle intensité à cette ballade mélancolique. Accompagné de musiciens comme David Gilmour et Mick Green, il transforme cette reprise en un hommage vibrant aux racines du rock’n’roll, tout en conservant l’émotion poignante de la version originale.


En 1999, Paul McCartney décide d’ajouter une touche particulière à son répertoire en réinterprétant un classique du rock des années 50.Lonesome Town, une chanson écrite par Baker Knight et popularisée par Ricky Nelson en 1958, fait partie de son albumRun Devil Run, un projet qui le voit se tourner vers un son plus roots, inspiré par le rock’n’roll des origines. Cette version deLonesome Towntémoigne non seulement de l’amour de McCartney pour la musique de ses aînés, mais aussi de sa capacité à réinventer les chansons, à les transformer tout en leur rendant hommage.

Une chanson devenue incontournable grâce à Ricky Nelson

à l’origine,Lonesome Townétait une ballade mélancolique qui dépeignait la solitude d’une ville imaginaire où les amants solitaires cherchent réconfort et espoir. Popularisée par Ricky Nelson, la chanson atteint la septième place du classement Billboard Hot 100 en 1958, s’imposant comme l’un des grands classiques du rock’n’roll. Dans cette version, la mélodie lente et la voix douce de Nelson en font une ballade incontournable, pleine de cette tristesse douce-amère propre à l’époque.

Paul McCartney, bien que touché par l’émotion de la chanson, ne se contente pas d’enregistrer une simple reprise. Il choisit de l’aborder sous un angle différent, en injectant son propre sens de l’énergie et du dynamisme. Dans une interview, McCartney confie qu’il a envisagé, au départ, de reprendre le morceau de manière fidèle à la version de Nelson. Mais, comme il le raconte, « je pensais que sa version était tellement bonne que si je faisais simplement une version identique, cela ressemblerait trop à un remake. « La solution viendra alors naturellement : « Je vais l’interpréter à ma façon, plus haut, avec plus d’intensité. « Cette approche marque le début d’une transformation qui donnera àLonesome Townsa nouvelle identité.

Une réinterprétation énergique en studio

L’enregistrement deLonesome Towna eu lieu le 3 mars 1999, aux célèbres Abbey Road Studios, où McCartney s’est entouré de musiciens de talent. Il est accompagné de David Gilmour (guitare et voix), Mick Green (guitare), Geraint Watkins (piano) et Dave Mattacks (batterie). Ensemble, ils donnent vie à cette chanson avec une énergie qui tranche radicalement avec la version d’origine. Les guitares électriques, plus nerveuses, et la batterie entraînante apportent une dynamique nouvelle, plus proche de la scène rock des années 60 et 70 que de la ballade douce des années 50.

Mais l’un des moments les plus intéressants de cet enregistrement réside dans la manière dont McCartney a abordé le chant. Lors de l’enregistrement, il fait l’expérience d’une montée en gamme vocale qui, selon ses propres mots, déraille quelque peu, le rendant presque ridicule. « Je pensais que ça allait être un moment sérieux, mais en montant trop haut, ça sonnait presque comme Mickey Mouse ! « raconte-t-il avec humour. à ce moment-là, McCartney prend une décision rapide et sage : demander à Dave Mattacks de chanter le couplet « Take me down to lonesome « pendant qu’il lui ajoute une harmonie vocale au-dessus.

Ce geste rappelle les anciennes méthodes de travail des Beatles, où les idées créatives surgissaient spontanément et étaient expérimentées sans crainte de l’échec. McCartney, en reprenant ce morceau, s’amuse à jouer avec la structure de la chanson, à y ajouter ses propres touches tout en restant fidèle à l’esprit originel de la composition. C’est cette capacité à transformer une chanson tout en en préservant l’essence qui fait de cette version deLonesome Townun exemple parfait de l’art de McCartney.

Le retour aux racines du rock’n’roll

AvecRun Devil Run, McCartney se plonge dans un répertoire qui lui est cher : le rock’n’roll des années 50. Après la mort tragique de sa femme Linda en 1998, l’album devient une sorte de catharsis, une manière pour McCartney de faire le deuil de sa perte tout en renouant avec ses racines musicales. La musique des années 50, en particulier celle de Chuck Berry, Little Richard et Buddy Holly, a toujours été une source d’inspiration pour McCartney. Sur cet album, il revisite des classiques du rock’n’roll, mais aussi des morceaux moins connus qui ont marqué son parcours musical.

La version deLonesome Towns’inscrit dans cette démarche de retour aux sources. Elle est le reflet de l’amour de McCartney pour le rock classique, tout en y apportant sa propre sensibilité et son style unique. L’album dans son ensemble se caractérise par une approche brute et énergique, sans fioritures, fidèle à l’esprit du rock des premières heures. Chaque morceau est un hommage vibrant à cette époque tout en étant ancré dans la modernité de l’artiste, qui se réinvente à chaque étape de sa carrière.

Un hommage à l’esprit des Beatles

DansRun Devil Run, McCartney nous rappelle également l’esprit d’expérimentation qui prévalait au sein des Beatles. La collaboration avec des musiciens comme Gilmour et Green témoigne de cette volonté de créer une musique vivante et spontanée, loin des contraintes commerciales ou des attentes extérieures. Les improvisations et les ajustements rapides, comme celui de l’harmonie vocale dansLonesome Town, sont le reflet de la manière dont McCartney travaillait avec les Beatles : une idée émerge, on la teste, on la perfectionne ensemble.

Le processus créatif derrièreLonesome Townest ainsi une forme de retour aux sources de la musique, une exploration musicale qui n’a rien de forcé, mais qui se fait avec une grande complicité entre les musiciens. Cette approche rappelle les premières années des Beatles, où chaque chanson était un terrain d’expérimentation, où la liberté d’expression primait sur la recherche d’une perfection technique.

Une reprise qui dépasse l’hommage

Finalement, la version deLonesome Townque McCartney nous offre en 1999 n’est pas une simple reprise ; c’est une réinterprétation vibrante, une appropriation personnelle d’un classique du rock. McCartney, fidèle à son génie créatif, réussit à réinventer cette chanson en y insufflant une nouvelle énergie tout en respectant son essence. Le résultat est une version deLonesome Townqui, tout en étant reconnaissable, se démarque par son énergie et son esprit d’innovation.

Cette chanson, comme beaucoup d’autres surRun Devil Run, est un hommage à la musique de ses débuts, à la liberté d’expression musicale et à l’importance de la spontanéité en studio. C’est un morceau à la fois mélancolique et vibrant, qui témoigne du regard d’un McCartney plus mature, mais toujours aussi passionné par la musique qui l’a façonné.

AvecLonesome Town, Paul McCartney réussit à nous offrir une vision moderne d’un classique du passé, tout en nous rappelant que l’art de réinterpréter les grandes chansons ne se limite pas à une simple reproduction, mais qu’il s’agit bien souvent d’une nouvelle création. Et c’est dans cette démarche, entre respect et réinvention, que réside la beauté de la version deLonesome Townque McCartney nous propose.