Après l'Espagne (où la création a eu lieu le 15 septembre 2022), le spectacle connait un énorme succès au Mexique mais s'agissant d'une héroïne mexicaine je ne pense pas que la réception puisse avoir le même retentissement dans un autre pays.On peut émettre des réserves car la mère symbolique de cette nation, en donnant naissance au premier enfant métis, y est représentée entourée d'espagnols auxquels on donne le beau rôle (et pour cause puisque le créateur est originaire de ce pays) et qui glorifie aussi les influences américaines, ce qui s'explique par le souhait des producteurs de jouer à Las Vegas, ce qui serait un aboutissement logique.Nacho Cano se défend des critiques lui reprochant s'avoir enjolivé la réalité historique au profit de l’envahisseur, en tirant profit d'avoir généré un métissage qui a donné lieu à un pays magique. Il assure que sa création est un hommage au Mexique, son pays bien-aimé, empreint de surréalisme. Il l'annonce comme une histoire d’amour entre une autochtone et un conquistador qui changea le monde permettant aujourd'hui la célébration du métissage et de la diversité.
Rien de surprenant à ce que spectacle s'achève sur une chanson reprenant en boucle le Mexique, grand et libre, Mexique, centre de l'Univers … dont les paroles que les spectateurs sont fermement incités à chanter, célèbrent aussi la tolérance et appellent à la réconciliation entre les peuples, indigènes, mexicains, espagnol, américain, faisant référence à la formule que j'entends si régulièrement à chacun de mes séjours de Mexique magique. Avec bien entendu un fond de scène où se déploie un gigantesque drapeau national.
* *Esclave, interprète, confidente et maîtresse d'Hernán Cortés, mère du premier "Mexicain", la Malinche (Malinalli de son nom nahuatl, ensuite baptisée Doña Marina) est un véritable personnage historique et emblématique de la conquête espagnole, dont la vie diffère selon les récits.
Elle naquit au début du XVI° dans une famille noble aztèque, bien que certains historiens prétendent que non. Son père meurt lors de son enfance. Sa mère se remarie alors et donne naissance à un garçon. Afin que ce dernier soit l'unique héritier, la petite fille est vendue à des commerçants de passage. Elle quitte sa région natale qu'est Veracruz et devient alors l'esclave d'un chef militaire de la région de Tabasco où elle apprend les dialectes mayas.
Elle travaille alors en équipe avec Geronimo de Aguilar, un des naufragés qui vécut quelques années chez les Mayas, Malinche traduisant de nahuatl à maya puis Geronimo de maya à espagnol.
Suite à une bataille perdue, elle est offerte à Hernán Cortés comme butin avec des métaux précieux et esclaves. Découvrant ses talents linguistiques, Cortès en fait son interprète, puis sa maitresse. Elle aide le conquistador espagnol à défaire l'Empire aztèque en conquérant le Mexique et sa capitale Tenochtitlan. Elle lui sert de traductrice, mais également de conseillère en diplomatie locale. En effet, la conquête du Nouveau Monde n'oppose pas simplement Espagnols d'une part et Amérindiens de l'autre, car l'Amérique précolombienne est un monde complexe où plusieurs groupes sont en compétition. N'oublions pas néanmoins que les Espagnols étaient militairement supérieurs et que la variole a joué un rôle fondamental dans l'élimination de nombreux combattants préhispaniques. Après lui avoir donné un fils, elle se marie à un lieutenant castillan Don Juan Jaramillo avec qui elle a une fille. Quant à sa mort, elle aurait été atteinte de la variole ou aurait été assassinée par une des servantes de Cortés. Bien qu'elle soit détestée par de nombreux Mexicains, elle reste la mère du premier d'entre eux, reconnu comme tel, le fils qu'elle a eu de Cortès, baptisé Don Martin Cortés Tenepal qui devint le premier de la lignée métisse, mélange de sang espagnol et indien. Extrêmement célèbre aujourd'hui au Mexique, la Malinche représente un personnage ambigu, symbole des controverses autour de l'héritage colonial. Vue par les uns comme victime des circonstances, bouc émissaire de la défaite de Moctezumaou traîtresse par d'autres, on attribue à son action d'avoir sauvé de la mort plusieurs milliers d'Indiens en favorisant les négociations entre Espagnols et les divers clans.
La Malinche constitue quoiqu'il en soit une des clés de compréhension de l'identité mexicaine et ce spectacle célèbre les racines de ce peuple.
Il a vendu plus de 25 millions d'albums dans le monde (dans les pays hispanophones pour l'essentiel), ce qui lui valut le surnom de Beatles espagnols. Il est considéré comme une référence pop en Espagne, grâce aux thèmes abordés, modernes pour l'époque (homosexualité, drogue, vie sociale). Ses plus grands succès en France sont Hijo de la Luna et Mujer contra mujer, Une femme avec une femme, qui fut numéro un en France pendant des mois.
Nacho Cano fut le fondateur du groupe Mécano, auteur d’immenses succès (voir la encore le résumé de son parcours en fin d'article). Il a consacré dix ans de sa vie à la création de la Malinche après deux comédies musicales. D'abord "Hoy No Me Podemos Levantar" (Aujourd'hui, je ne peux pas me lever), inspirée de "Mamma Mia !" et reprenant plus de 30 tubes de Mecano, créée à Madrid en 2005 et qui est largement considérée comme la comédie musicale espagnole la plus populaire de tous les temps.La deuxième comédie musicale de Cano, "A", dont les chansons ont été composées spécifiquement pour le théâtre, raconte l’histoire magique d’un garçon aux talents extraordinaires. Elle a été jouée à Madrid (2009) et à Barcelone (2010), mais a connu un succès bien moindre que la précédente.