Nicolas Gomez Davila (XIV)

Publié le 07 septembre 2008 par Winston

Spasmes de vanité blessée, ou de cupidité flouée, les doctrines démocratiques inventent les maux qu’elles dénoncent pour justifier le bien qu’elles proclament.
Dans la société médiévale la société est l’Etat ; dans la société bourgeoise Etat et société s’affrontent ; dans la société communiste l’Etat est la société.
La plus grande astuce du mal est sa transformation en un dieu domestique et discret, dont la présence familière nous réconforte.
Parmi les succédanés modernes de la religion, le moins abjecte est sans doute le vice.
Le péché originel du libéralisme est l’attribution à chaque individu de tous les attributs susceptibles d’appartenir à l’homme.
La culture n’occupera jamais les loisirs des travailleurs, parce qu’elle est le travail exclusif de l’homme de loisir.
Civilisation : c’est ce que les plus vieux parviennent à protéger contre les assauts des jeunes idéalistes.
Grâce à l’orgueil il parvint à la sainteté : Dieu lui paraissait le seul spectateur qu’il valût la peine d’intéresser.
Ne dépendre que de la volonté de Dieu : c’est là notre véritable autonomie.
Les vertus de la pauvreté ne fleurissent guère que chez le riche qui se dépouille de ses biens.
Le prestige de la liberté dans cette société qui professe un déterminisme scientifique est un vestige chrétien.
L’homme ne crée pas ses dieux à son image et à sa ressemblance, mais il se conçoit à l’image et à la ressemblance des dieux en lesquels il croit.
Le christianisme contrarie les banales exigences de la raison de l’homme pour mieux combler les aspirations profondes de son essence.
Marx enrôle au service du prolétariat les accusations contre la société bourgeoise formulées par les écrivains réactionnaires.
Critiquer le bourgeois est doublement applaudi : par les marxistes, qui nous jugent intelligents parce que nous corroborons leurs préjugés ; et par les bourgeois, qui nous jugent lucides parce qu’ils pensent à leur voisin.


Nicolas Gomez Davila, Les horreurs de la démocratie