Prendre en compte non seulement l’état de santé et la situation clinique, mais aussi tous les aspects du bien-être et les facteurs de mode de vie du patient sera, si nos systèmes de santé s’adaptent et le permettent, une nouvelle ère des soins de santé. Cet article de perspective sur la médecine intégrative holistique, qui nous vient de Chine (China Institute for Development Strategy of Holistic Integrative Medicine), publié dans la bien-nommée revue Frontiers of Medicine, engage à réfléchir à « une nouvelle épistémologie », car une telle pratique exige certainement, et avant tout, système de connaissances médicales de niveau supérieur. Enfin, cette approche vise une pratique clinique plus respectueuse du patient, plus durable avec un retour sur ses capacités naturelles et intrinsèques.
Cette nouvelle approche plus globale de la médecine nécessite en effet l’intégration de connaissances et de pratiques médicales plus larges qui permette ce passage du modèle de pratique clinique traditionnelle à un modèle plus complet et centré sur l’humain. La « Holistic Integrative Medicine » ou HIM représente une véritable évolution de fond, « consciente », écrivent ces chercheurs médecins, de la pensée médicale dont l’aboutissement serait de parvenir à
aligner la pratique clinique sur les besoins holistiques du patient,
tout en suivant la dynamique complexe de la santé et de la maladie.
La médecine intégrative holistique considère le corps humain comme un tout intégré,
prônant la synthèse des connaissances médicales avancées dans de nombreux domaines et des pratiques cliniques elles-aussi efficaces et diverses. Cette approche implique un ajustement de fond de la formation, de l’expérience et de la pratique médicale et des soignants, qui devraient désormais prendre en compte non seulement les données de santé mais aussi les conditions sociales, environnementales et psychologiques du patient. La médecine intégrative holistique n’est donc pas simplement une spécialité médicale, ou une approche médicale,
mais une nouvelle épistémologie,
qui incite au développement d’un système de connaissances médicales de niveau supérieur. Car écrivent avec justesse les auteurs,
« cette vision holistique est un tout est supérieur à la somme de ses parties »,
pour le patient, mais aussi ses soignants.
- La médecine intégrative holistique préconise en synthèse de « se rapprocher » de la vraie vie ou de « la vraie nature de la vie et de la maladie », en s’efforçant aussi de réduire les interventions artificielles ou inutile qui peuvent avoir un impact négatif non seulement pour le patient, mais aussi, sur la pratique même de la médecine. En cela la pratique est plus durable, car elle intègre dès le début du parcours de soins, un plus grand nombre de variables et de facteurs, essentiels pour les résultats de santé à long terme.
- Le modèle biomédical se fait modèle biopsychosocial, l’approche HIM reconnaissant l’influence significative des facteurs sociaux et psychologiques sur la santé biologique. Là encore, le retour aux processus de guérison naturels, aux médecines plus durables est privilégié, car il mobilise en priorité les capacités innées du corps telles que la vitalité, l’immunité ou encore autoguérison.
Ces concepts qui font réfléchir à la médecine de demain, moins technique peut-être et certainement plus respectueuse du patient visent cependant toujours une approche pratique et responsable, peut-être même plus pratique que les protocoles actuels. Cette médecine intégrative part en effet de scénarii du monde réel et adopte les solutions les plus pratiques en médecine. Elle promeut l’intégration de la médecine et de la prévention, de l’éducation thérapeutique du patient (ETP) et la minimisation des traitements comme des maladies.
Pour autant, concluent les auteurs, l’HIM reconnaît le rôle des médicaments et des techniques dans les soins de santé, mais met également l’accent sur l’effet global sur la qualité de vie. En d’autres termes, elle souligne l’importance des sciences humaines médicales pour guider le développement de la médecine, dans le respect des contraintes éthiques dans la recherche et la pratique médicales.
Après les ères de la médecine empirique et biomédicale, émerge ainsi une toute nouvelle médecine, intégrative holistique, qui
« affronte la véritable nature de la vie et de la maladie ».
Sources :
- Frontiers of Medicine Jan, 2025 DOI: 10.1007/s11684-024-1105-3 Holistic Integrative Medicine Declaration
- Frontiers of Medicine March, 2017 Holistic integrative medicine: toward a new era of medical advancement
- American Journal of Digestive Medicine Feb, 2014 Holistic integrative medicine