Help! : le film des Beatles que John Lennon détestait

Publié le 14 novembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

En 1965, les Beatles sortent Help!, leur second film avec Richard Lester. Contrairement à A Hard Day’s Night, ce film coloré et absurde reçoit un accueil mitigé, y compris de la part de John Lennon, qui le considère comme un tournage chaotique. Entre humour burlesque et transformation artistique, Help! reste une œuvre culte, témoin d’une époque charnière pour le groupe.


En 1965, au sommet de leur popularité, les Beatles sortent leur deuxième long-métrage, Help!. Réalisé par Richard Lester, déjà aux commandes de A Hard Day’s Night (1964), ce film marque une étape charnière dans la carrière du groupe. Pourtant, contrairement à son prédécesseur, qui avait été salué pour son humour et son énergie réaliste, Help! reçut un accueil plus mitigé, y compris de la part des Fab Four eux-mêmes. John Lennon, en particulier, n’en gardait pas un grand souvenir, allant jusqu’à déclarer qu’il avait été « un calvaire » à tourner.

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L’après A Hard Day’s Night : l’inévitable suite

Après le triomphe de A Hard Day’s Night, qui avait su capter l’essence de la Beatlemania avec une fraîcheur et une réalisation inspirée, il était évident que les Beatles reviendraient au cinéma. Richard Lester, réalisateur de talent, fut rappelé à la barre. Mais cette fois, la production choisit de s’orienter vers une fiction plus extravagante, délaissant le quasi-documentaire du premier opus pour une intrigue rocambolesque teintée d’humour absurde.

Dans Help!, l’histoire repose sur un anneau sacrificiel envoyé par erreur à Ringo Starr, qui se retrouve poursuivi par une secte d’inspiration Thuggee. Incapable de retirer l’anneau de son doigt, il entraîne les Beatles dans une fuite effrénée à travers Londres, l’Autriche et les Bahamas. L’intrigue, volontairement farfelue, multiplie les clins d’œil aux films de James Bond et à l’humour des Marx Brothers.

Un tournage chaotique sous influence

Si le premier film était ancré dans la réalité du quotidien du groupe, Help! se distingue par son absurdité et sa démesure. Mais cette fantaisie apparente cache une réalité bien différente sur le plateau. John Lennon, rétrospectivement, n’hésita pas à exprimer son mécontentement quant au tournage, soulignant un sentiment de confusion. « Help! était un calvaire, car nous ne savions pas ce qui se passait », confia-t-il des années plus tard.

Une des raisons principales de ce chaos était l’état d’esprit des Beatles à l’époque. Ils avaient découvert le cannabis et en consommaient abondamment, ce qui affectait leur concentration sur le plateau. Lennon raconta que « nous fumions de la marijuana dès le petit-déjeuner. Personne ne pouvait communiquer avec nous, nous étions constamment en train de rire ». Cette atmosphère détendue et parfois désorientée transparaît d’ailleurs dans certaines scènes, où l’on sent que les musiciens peinent à garder leur sérieux.

Un résultat en demi-teinte

Help! se distingue aussi par son esthétique colorée et ses décors exotiques, contrastant avec le noir et blanc nerveux de A Hard Day’s Night. Le film bénéficia d’un budget plus important, permettant des tournages dans des lieux prestigieux comme les Alpes autrichiennes et les plages des Bahamas. Toutefois, ce surcroît de moyens ne compensa pas totalement un scénario déjà perçu comme secondaire par les acteurs principaux eux-mêmes.

Si certains fans apprécient l’aspect burlesque du film, beaucoup s’accordent à dire qu’il manque de la spontanité et du charme du précédent opus. Il fut moins bien reçu par la critique et, au fil des années, son statut est resté mitigé. Pourtant, avec le recul, on peut voir Help! comme une œuvre de transition, capturant les Beatles à un moment charnière de leur carrière.

Help! : un reflet d’une époque en mutation

Malgré ses défauts, Help! illustre bien la transformation que le groupe était en train de vivre. En 1965, les Beatles étaient en pleine évolution musicale, amorçant un virage vers des sonorités plus sophistiquées. L’album Help!, sorti en parallèle du film, marque un tournant avec des compositions plus introspectives comme « Yesterday » et « You’ve Got to Hide Your Love Away ».

D’une certaine manière, Help! reflète aussi l’évolution de la culture populaire. Son scénario délirant, ses couleurs vives et ses références aux films d’espionnage annoncent l’explosion de la pop culture psychédélique à venir. Richard Lester, par son style visuel dynamique, anticipe certains effets que l’on retrouvera plus tard dans les adaptations de Batman et d’autres films pop des années 1960.

Un film culte pour les fans

Malgré les critiques, Help! a su trouver son public avec le temps. Les inconditionnels des Beatles y voient un témoignage d’une époque unique, une capsule temporelle où l’on aperçoit les Fab Four dans une phase charnière, avant la grande révolution psychédélique qu’ils allaient amorcer avec Rubber Soul et Revolver. Les amateurs de pop culture l’apprécient pour son excentricité, ses courses-poursuites absurdes et son humour volontairement décalé.

Si A Hard Day’s Night reste le chef-d’œuvre cinématographique des Beatles, Help! demeure un témoin fascinant de l’univers loufoque dans lequel évoluait le groupe. Un film qui, malgré ses imperfections, séduit encore aujourd’hui par son esprit débridé et son charme sixties inimitable.