En 1969, Petula Clark, bouleversée après un concert raté, se rend chez John Lennon à Montréal. Elle y reçoit un conseil simple mais libérateur : « Fuck ’em ». Ce moment marqua une rencontre inédite entre la chanteuse et le Beatle, qui l’invita à prendre ses distances avec l’opinion publique et à rester fidèle à elle-même. Elle prêta même sa voix à ‘Give Peace a Chance’, une collaboration marquante et inattendue.
En apparence, tout opposait John Lennon et Petula Clark. D’un côté, l’icône d’une contre-culture en ébullition, l’homme qui, avec les Beatles, redéfinissait les contours de la musique populaire avec une audace psychédélique. De l’autre, une chanteuse élégante et respectée, figure d’une pop britannique bien plus sage et policée, dont le tube « Downtown » résonnait comme une mélodie intemporelle mais loin des révolutions sonores de la fin des années 1960. Pourtant, l’un et l’autre se croisèrent en 1969, et de cette rencontre naquit une anecdote aussi surprenante qu’inspirante.
Sommaire
- Une déconvenue à Montréal
- Un conseil abrupt, mais libérateur
- Une collaboration inattendue
- John Lennon, mentor inattendu
Une déconvenue à Montréal
Nous sommes en 1969, une année charnière marquée par les tensions politiques, la guerre du Vietnam et les contestations sociales qui embrasaient l’Occident. Petula Clark, forte de son succès international, se produit à Montréal. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Ce soir-là, la chanteuse est huée par une partie du public. Ce rejet soudain la bouleverse. Habituée aux ovations et à la reconnaissance du public, elle se retrouve confrontée à une adversité qu’elle ne sait comment surmonter. Désemparée, elle ressent le besoin d’en parler à quelqu’un qui ne ferait pas partie de son entourage habituel, quelqu’un qui pourrait lui offrir un regard extérieur, brut et sincère.
C’est alors qu’elle pense à John Lennon, qui séjournait dans la même ville avec Yoko Ono. Le couple menait alors leur célèbre « Bed-In for Peace », une manifestation pacifique et médiatisée contre la guerre du Vietnam. Sans hésiter, Petula Clark se rend à leur hôtel. Elle n’a besoin d’aucune autorisation, d’aucune escorte sécuritaire. Elle franchit simplement les portes et demande à voir John Lennon.
Un conseil abrupt, mais libérateur
Elle se retrouve ainsi face à Lennon et Ono, toujours allongés dans leur lit. Là, dans l’intimité de cette chambre devenue un centre de résonance médiatique mondial, elle confie son désarroi au Beatle. Lennon, loin de ses envolées lyriques ou de ses discours philosophiques, lui répond avec une franchise déconcertante. Il l’enlace, la rassure puis, en guise de conseil, lui lâche une sentence lapidaire mais efficace : « Fuck ’em. »
Ces deux mots, dénués de toute sophistication, allaient pourtant avoir un effet salvateur sur Clark. Le message était clair : il ne faut pas se laisser déstabiliser par l’opinion des autres, il faut continuer sur sa voie, sans compromis ni regrets. Un conseil que Lennon, lui-même habitué aux controverses et aux critiques, appliquait à la lettre dans sa propre carrière.
Une collaboration inattendue
Mais la soirée ne s’arrête pas là. Dans la chambre d’hôtel, Lennon, porté par l’énergie de son engagement pacifiste, est en train de travailler sur ce qui deviendra son premier single en solo : « Give Peace a Chance ». Loin de son registre habituel, Petula Clark se laisse entraîner dans cet élan créatif. Ce soir-là, la chanteuse de « Downtown » prête sa voix en guise de chœurs à l’un des plus grands hymnes pacifistes de l’histoire de la musique.
Ce moment marque un tournant pour elle. Elle qui, jusqu’alors, était restée éloignée des revendications politiques et des grands mouvements sociaux, se retrouve projetée dans l’épicentre d’une révolte pacifique. Cette expérience la pousse à reconsidérer son propre rapport à la musique et à son public. Elle ne reniera jamais son style, mais ce moment partagé avec Lennon lui aura donné une nouvelle assurance, une volonté d’assumer pleinement ses choix artistiques sans se préoccuper des critiques.
John Lennon, mentor inattendu
Si John Lennon est souvent perçu comme un visionnaire musical et un artiste politiquement engagé, cette anecdote illustre une autre facette de sa personnalité : celle d’un homme capable d’écouter, de conseiller et d’offrir une forme de sagesse brute et dépourvue d’artifices. Ce qu’il a offert à Petula Clark n’était pas une stratégie calculée, mais une vérité simple et universelle : il faut avancer, quoi qu’il arrive, sans laisser les autres dicter notre destin.
Cet épisode résonne encore aujourd’hui comme un rappel que, dans le monde impitoyable de la musique et au-delà, l’indépendance d’esprit est un bien précieux. Petula Clark, en osant pousser la porte de cet hôtel ce soir-là, a reçu bien plus qu’un simple conseil : elle a vécu un instant où l’histoire de la musique et la révolte artistique se sont croisées, et elle en est ressortie plus forte, prête à affronter le monde à sa manière.