Arnaud Fossier, Les cathares, ennemis de l'intérieur, Paris, La Fabrique éditions, 2025, 191 p. notes
Ce livre sur les cathares examine l'une des hérésies "les plus célèbres du Moyen-Âge", entre 1160 et 1320. Cette histoire revint au goût du jour aux débuts de la Cinquième République. avec un grand nombre de best-sellers. La critique, souvent ironique, du livre de Emmanuel Le Roy Ladurie (Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Paris) qui fut un grand succès médiatique et de librairie, est féroce. Quid de l'histoire "immobile" ? Que vaut le témoignage du registre de l'inquisiteur Jacques Fournier sur lequel se fonde souvent le livre ? Quel sont les filtres (culturels, socio-linguistiques) des dépositions des accusés, autres que "les procédés d'enquête du juge" ?
Conclusion : "la persécution crée l'hérésie" (p.165), or la persécution cesse avec le début des années 1300. L'auteur se fie plutôt aux travaux de Jean-Louis Biget (Mythographie du catharisme) qui voient dans l'épuisement du catharisme l'un des effets des changements économiques et dans le développement du rôle intellectuel de l'université de Toulouse.
L'ouvrage est très agréable à lire, et décapant. En fait, l'auteur effectue surtout, aussi, à propos de l'histoire, un travail épistémologique qui pointe les principales sources de nos erreurs. C'est un travail de rectification, dirait Gaston Bachelard.