« Consolée » de Beata Umubyeyi Mairesse

Par Etcetera

C’est pour notre cercle de lecture que nous avons lu ce livre, proposé par l’une des participantes. Je n’avais jamais entendu parler de cette écrivaine auparavant. Comme je ne lis pas souvent de littérature contemporaine, j’étais assez curieuse de le découvrir.

J’ai abandonné cette lecture vers la page 280 (sur 352), car l’histoire commençait à me lasser, cela manquait de surprise et de rupture de ton.

Aucune personne de notre cercle de lecture n’a eu d’avis très positifs sur ce roman et les notes se sont échelonnées entre 1 et 3,5 sur 5. Quant à moi, je lui ai mis 2,5.

Notule pratique sur le livre

Editeur : J’ai lu ; (initialement) Autrement
Année de parution : 2022
Nombre de pages : 352

Notule biographique sur l’autrice

Beata Umubyeyi Mairesse est née à Butare, au Rwanda, en 1979. Elle arrive en France en 1994 après avoir survécu au génocide des Tutsi. Son premier roman Tous tes enfants dispersés a reçu le Prix des Cinq continents de la Francophonie et Consolée, son deuxième roman, le Prix Kourouma 2023 ; les deux, publiés chez Autrement, ont été largement salués par la presse et les libraires. Consolée paraît chez J’ai lu en janvier 2024.
(Source : Site des éditions Autrement)

Résumé de l’histoire

1954. Au Rwanda sous tutelle belge, Consolée, fille d’un Blanc et d’une Rwandaise, est retirée à sa famille noire et placée dans une institution pour « enfants mulâtres ».
Soixante-cinq ans plus tard, Ramata, quinquagénaire d’origine sénégalaise, effectue un stage d’art-thérapie dans un Ehpad du Sud-Ouest de la France. Elle y rencontre madame Astrida, une vieille femme métisse atteinte de la maladie d’Alzheimer qui perd l’usage du français et s’exprime dans une langue inconnue.
(Source : Site des éditions)

Mon avis


C’est un livre très grand public, qui ne cherche pas à développer une vision singulière du monde, mais qui est au contraire dans des idées et des conceptions convenues.  Certes, il y a quelques très belles pages consacrées aux paysages rwandais et aux souvenirs d’enfance africains de la petite fille métisse, mais sans doute trop peu nombreuses. La description qui nous est présentée d’un Ehpad et de ses habitants ne semble absolument pas vraisemblable et les stéréotypes caricaturaux abondent, entre l’horrible directrice raciste et les pensionnaires atteints d’Alzheimer.
Une idée intéressante et émouvante du roman est, justement, le fait que les personnes d’origine immigrée atteintes de la maladie d’Alzheimer ne se souviennent plus que de leur langue maternelle et oublient tout à fait leur langue d’adoption, ce qui les rend brutalement étrangers dans leur propre pays. Malheureusement cette belle idée n’est pas la plus développée du livre, alors qu’elle aurait pu être très poétique avec un approfondissement, il me semble.
Au lieu de cela, l’autrice préfère nous assommer de discours militants et politiquement orientés, toujours prête à dénoncer tel ou tel comportement, telle ou telle phrase qui sonne mal à ses oreilles, comme si elle était constamment à l’affût de la moindre maladresse de ses interlocuteurs.
Le thème de l’art thérapie était aussi quelque chose qui m’intéressait beaucoup a priori, j’étais curieuse à ce sujet, mais, là encore, trop peu de pages lui sont consacrées et je suis restée sur ma faim.
Au final c’est un roman démonstratif et assez lourd, avec beaucoup de redites, que l’on n’a pas envie de reprendre après l’avoir laissé de côté deux ou trois jours.

**

Un extrait page 58-59

La directrice m’a fait des signes désordonnés, par lesquels je suppose qu’elle tentait de me signifier que je devais me dégager rapidement de cette étreinte malséante. J’ai souri, gênée, comme prise en faute.
Ce genre d’humiliation. Se retrouver de nouveau dans le rôle subalterne de stagiaire à qui il faut apprendre les règles. Cette femme me le faisait sentir dès le premier jour. Peut-être avais-je rêvé son petit ricanement quand elle avait parcouru mon CV d’un air exagérément impressionné. Ce que je ne pouvais avoir inventé, c’est la phrase moqueuse avec laquelle elle avait conclu sa lecture :
– Mais finalement c’est dans ce genre d’emploi que vous avez décidé de refaire carrière, repartir à zéro.
Comme si elle sous-entendait que je n’avais pas été à ma place jusqu’alors. Je suppose que ça aurait été encore plus dans l’ordre des choses que je demande un stage de cuistot ou d’aide-soignante.
Pour aggraver mon cas, j’étais arrivée le premier jour à l’Ehpad habillée de mes anciens vêtements de cadre.
J’ai toujours adopté les codes vestimentaires de ceux dont j’espérais l’acceptation, prétendu connaître les goûts de la bourgeoisie comme si j’y étais née. Mon mari appelle ça ma «mentalité caméléon ». Ma fille, elle, me traite d’aliénée.
J’ai longtemps considéré que ce costume de cadre supérieure faisait partie de mon armure extérieure.
Je sais aujourd’hui que ça n’aide en rien.
(…)