Voici un film dont plusieurs personnes m’avaient parlé avec enthousiasme, pour me le recommander, et j’ai pu finalement le voir cette année, avec grand plaisir.
J’étais persuadée, jusqu’à ce visionnage, que ce film était coréen – avant de m’apercevoir qu’il est en fait américain. Et, quand on le regarde, on sent clairement que la cinéaste Céline Song (née en 1988) possède cette double culture et cette appartenance aux deux pays.
Note technique sur le film
Nationalité : américain
Date de sortie en salles : 2023
Acteurs : Greta Lee, Yoo Teo, John Magaro.
Durée : 1h46
Résumé du début
L’histoire commence en Corée du Sud. A douze ans, Nora (Greta Lee) et Hae Sung (Yoo Teo) sont amis d’enfance, amoureux l’un de l’autre et projetant naïvement de se marier ensemble, quand ils seront plus grands. Mais la famille de Nora a décidé d’immigrer au Canada, à Toronto. Nora, qui veut devenir plus tard écrivaine, est plutôt contente de cette installation en Amérique du Nord car « il n’y a pas de prix Nobel de littérature en Corée ». Les deux adolescents se trouvent brutalement séparés, sur deux continents différents. Pendant de longues années, ils n’ont plus de contact l’un avec l’autre. Nora a plus ou moins oublié Hae Sung mais la réciproque n’est pas vraie. A l’âge de vingt-quatre ans, Nora recherche sur Internet le nom de son amour d’enfance, dans le seul but de s’amuser, mais elle s’aperçoit que lui aussi a fait cette recherche, trois ans auparavant. (…)
Mon Avis
Les « vies d’avant » évoquées par le titre font référence à la fois aux épisodes de notre passé lointain, dans cette vie, mais aussi aux vies antérieures qui déterminent notre destinée, dans la croyance bouddhiste. Cependant, c’est surtout le thème des racines qui semble préoccuper la cinéaste : le rapport que chacun entretient avec son enfance, entre attachement nostalgique et nécessité d’évoluer vers d’autres horizons, vers l’âge adulte. On voit bien dans l’attitude de Nora vis-à-vis de cet ancien amour d’enfance qu’elle est partagée entre ces deux tendances, un peu comme Janus qui regarde à la fois vers le passé et vers l’avenir. Si Hae Sung représente pour Nora le temps de son enfance, on peut dire qu’il représente également le pays d’origine de la jeune femme. Elle dit à un moment qu’elle le trouve très coréen (« coréen-coréen ») et qu’avec lui elle se sent à la fois plus américaine et plus coréenne. Sans doute, les sentiments ambivalents de Nora vis-à-vis de Hae Sung reflètent son ambiguïté par rapport à son pays d’origine. Ce film est donc certainement une romance mais aussi un film sur l’émigration, sur la peur de la régression, sur le passage du temps qui nous tire vers l’avant, quoi que nous en pensions.
J’ai trouvé que ce film sonnait juste, par ses dialogues et par sa finesse psychologique, et on voit que cette histoire est inspirée de la réalité autobiographique de la cinéaste. Il y a une grande vérité dans les situations décrites et dans les réactions des personnages et c’est une des raisons qui le rendent beau et réussi.
Un très bon film, vraiment intéressant dans son propos et excellemment joué par des acteurs émouvants !
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