Fiscalité écologique : consommer mieux ou consommer moins ?

Publié le 08 septembre 2008 par Pierre

Depuis quelques semaines, on parle beaucoup du système de bonus malus mis en place par Jean Louis Borloo dans le secteur de l'automobile. Destiné à favoriser les voitures les moins polluantes, son impact a été bien plus important que prévu : le marché s'est spectaculairement déplacé vers les petites voitures. Résultat, la consommation de carbone par l'automobile a baissé de 9% en 8 mois. Accessoirement, le dispositif a coûté 140 millions d'euros à l'Etat, ce qui fait grincer des dents Bercy. En ces temps de contrainte budgétaire, pas question de dépenses nouvelles, même si elles ont un impact plutôt positif sur l'environnement.

Le budget 2009 ira a priori beaucoup plus loin en terme de fiscalité écologique. Tant mieux, car la France est très en retard par rapport à ses voisins européens. Devant le succès du dispositif mis en place dans le secteur automobile, on parle d' étendre le système de bonus / malus à d'autres secteurs (électronique, électroménager, construction...). L'avantage de ce type d'approche, c'est qu'il permet, sans coût supplémentaire pour l'Etat, de modifier de manière rapide les comportements des consommateurs. L'Etat, par l'outil fiscal, peut alors jouer un rôle déterminant dans l'avènement d'une société de consommation plus responsable.

Les limites de cette approche sont évidentes, car le gouvernement se heurte ici à une contradiction majeure. Il s'agit d'inciter les consommateurs à consommer " mieux " (et donc, à polluer moins), tout en les encourageant à consommer toujours plus. Croissance du PIB, pouvoir d'achat, lutte contre la vie chère, moral des ménages... tout notre système économique tourne autour de cette logique du " consommer plus ". Le gouvernement veut croire qu'il est possible de concilier les deux approches, à travers la notion (assez vague), de " croissance verte ".

Une " croissance verte " suffira-t-elle à réduire significativement l'impact de nos sociétés sur la planète ?
En d'autres termes, la technologie et la science nous sauveront-elles d'un brutal réchauffement planétaire ? Ou bien faut-il reconnaître que c'est l'ensemble de notre système économique qui est à bout de souffle ?

Promouvoir la " croissance verte " est probablement le meilleur argument de ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change vraiment.

Fred