« Nobody Knows » : Quand McCartney revisite le blues sur McCartney II

Publié le 04 décembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Avec Nobody Knows, Paul McCartney offre un pur moment de blues brut sur McCartney II (1980). Inspiré par la série The Devil’s Music, il rend hommage aux figures du blues américain dans une interprétation spontanée et sans fioritures. Seul aux instruments, il capture l’essence du genre avec un chant rugueux et un enregistrement minimaliste. Ce morceau contraste avec l’expérimentation électronique de l’album, rappelant la polyvalence et la créativité instinctive de McCartney.


Lorsqu’en 1980, Paul McCartney publieMcCartney II, l’album se distingue immédiatement par son caractère avant-gardiste et son approche expérimentale. Conçu en solitaire dans la pure tradition duhome recording, ce disque marque une rupture avec le rock luxuriant des Wings et témoigne d’une volonté d’exploration sonore, largement influencée par les nouvelles technologies de l’époque. Cependant, au milieu des expérimentations électroniques et des ambiances synthétiques,Nobody Knowsémerge comme un pur moment de spontanéité bluesy.

Une inspiration télévisuelle et un hommage aux racines du blues

Dans la genèse deNobody Knows, McCartney évoque une influence directe : la série télévisée britanniqueThe Devil’s Music, présentée par Alexis Korner. Cette émission, dédiée au blues et à son héritage, a nourri l’inspiration de l’ex-Beatle pour plusieurs morceaux de l’album, notammentOn The Way. McCartney, grand amateur du genre, admire depuis longtemps des figures majeures du blues américain, de Lead Belly à Howlin’ Wolf en passant par Muddy Waters.

Le blues, dans son essence, est un style qui accepte et même valorise l’imperfection rythmique. De nombreux morceaux de blues, malgré leur structure en douze mesures, sont souvent marqués par des variations de tempo ou des irrégularités de phrasé. C’est précisément cette souplesse qui séduit McCartney et qu’il applique dansNobody Knows. Il reprend l’idée de ces mesures volontairement décalées, rompant avec la rigidité des compositions standardisées.

Une interprétation brute et sans fioritures

SurNobody Knows, Paul McCartney joue de tous les instruments : guitare, basse, batterie et chant. L’enregistrement, réalisé durant l’été 1979, est fidèle à l’esprit du blues, à savoir une prise directe sans arrangement complexe. McCartney adopte un chant rugueux, évoquant parfois les interprétations exaltées de chanteurs de blues des années 30 et 40. Le morceau, énergique et brut, semble être l’un des plus spontanés de l’album.

Le placement deNobody Knowsau sein deMcCartney IIn’est pas anodin. Il vient conclure la première face du vinyle, offrant une parenthèse résolument rock’n’roll et viscérale entre des morceaux à l’orientation électronique plus marquée. Il s’agit d’un titre qui, dans sa simplicité, rappelle que McCartney reste un artisan du son capable d’exceller dans une large palette de styles.

Un blues façon McCartney

En revisitant le blues à sa manière, McCartney apporte àNobody Knowsune touche résolument personnelle. Loin d’être une simple imitation des standards du genre, le morceau conserve la patte mélodique du musicien, tout en adoptant une approche décomplexée et instinctive.

SiMcCartney IIest souvent cité pour son avant-gardisme et son apport à la new wave naissante, il ne faut pas sous-estimer la richesse de ses références plus anciennes.Nobody Knowsincarne cette dualité : à la fois un retour aux sources et une preuve supplémentaire du génie caméléon de Paul McCartney.