Trois poèmes d’Hélène Dorion

Par Etcetera

Mon amie Valérie Canat de Chizy a eu la gentillesse de m’offrir ce livre de la poète québécoise Hélène Dorion, « Un visage appuyé contre le monde« , paru chez Poésie/Gallimard en 2025, et qui a reçu le Grand prix de poésie de l’Académie française en 2024.

Les trois poèmes que j’ai choisis sont extraits du recueil de 1995 « Sans bord, sans bout du monde » et plus précisément des parties intitulées « Sans bord » pour les deux premiers et « Sans personne » pour le troisième d’entre eux.

Mon avis en bref

Ces poèmes sont assez représentatifs d’une certaine esthétique poétique des années 90-2000, avec une prédilection pour les mots « absence », « silence », « présence », « parole », « poème », « chant », (etc.) ainsi qu’Yves Bonnefoy ou Philippe Jaccottet le faisaient, et pas mal d’autres auteurs qui les vénéraient, à la même époque. Mais Hélène Dorion parvient à insuffler une interrogation existentielle et parfois un sentiment d’amour inquiet, qui rendent ses textes vivants et vibrants.

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Note pratique sur le livre

Editeur : Poésie/Gallimard
Année de parution (de cette édition) : 2025
Préface d’Evelyne Gagnon
Nombre de pages : 347

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Choix de trois poèmes

(Page 131)

Un chant vient avec l’ombre
laissée au bord des routes
nous marchons seuls
et ne cessons d’échapper
à l’horizon qui nous devance.

La terre accueille la douleur
dénoue le vide.
Me rappelle où aller, où revenir
où recommencer chaque fois.

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(Page 142)

Tu ne sais pas mais avances
encore et laisses au sol les ruines
qui ne dérangent plus personne.

Tu n’imposes aucun chant
aucun silence.
Tu n’as que ce poème
pour te souvenir de toi-même.
Aller du seul côté des choses
qui te soit habitable.

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(Page 172)

Aucune flèche n’atteint
la cible invisible de l’amour.

Aucun arc ne se tend
au milieu du cœur
l’archer déborde l’espace
comme l’oiseau dans son vol.

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