J’avais découvert Paula Ringer avec Le féminisme en dix chansons. C’était en 2023, et j’avais notamment adoré le passage sur Peaches et sa chanson « Boys wanna be her ». Puis, l’année dernière, j’ai pu la retrouver sur un second essai, Sorcières. Féminisme, magie et musique, dont j’ai particulièrement aimé y découvrir un peu plus Yoko Ono, la femme et donc l’artiste, dont je connaissais finalement très peu d’anecdotes vraiment significatives (« Yes, I’m a witch »).
Cette année, la revoici… mais avec une fiction ! Swiftie. Une métamorphose annonce tout de suite la couleur : oui, Taylor Swift est bel et bien au cœur de l’histoire, et le clin-d’œil à La métamorphose de Kafka est lui aussi évident.
Et, tout aussi évident est le point de vue de Paula Ringer en nous narrant sa traversée, de Vancouver à l’Arizona, au travers de son journal intime, sur une période d’une dizaine de jours au mois de mars 2023. Elle est une femme qui se rend, seule, à un concert d’une artiste femme. Son périple lui fait découvrir les États-Unis d’aujourd’hui, avec tout ce qu’on peu en dire : son mode de vie, sa société de consommation, ses lois, sa politique… et en particulier en lien étroit avec la relation femme-homme actuelle.
Taylor Swift est devenue l’une des plus grandes artistes de ces dernières années, dans le monde, et en particulier aux États-Unis. Milliardaire grâce à sa musique, elle est une institution à elle seule, déplaçant ses fans à travers le monde comme peu d’autres artistes.
Ce roman est une autofiction qui nous révèle, telle un miroir, LE pays le plus admiré mais aussi scruté de la planète, celui qui se veut être le modèle à suivre mais qui est tout aussi décrié. Dans le même temps, Paula Ringer nous parsème son voyage de chansons de Taylor Swift, chansons qui ne sont pas que de belles tentures de fond, mais bien des illustrations de leur époque, par le prisme et donc la plume de Taylor Swift.
J’avoue faire partie de ces personnes qui à la fois connaissent Taylor Swift depuis presque toujours et, dans le même temps, ne connaissent même pas sa musique – elle qui sort album sur album, et des albums qui tous se vendent comme des petits pains et squattent le podium d’absolument toutes les plateformes d’écoute.
Grâce à Paula Ringer, je découvre donc un peu la musique de l’artiste, et je découvre par la même occasion la femme, une femme engagée, très engagée même.
Swiftie. Une métamorphose est un joli voyage, aussi humble qu’instructif. De plus, et surtout, il permet de briser le stéréotype qui essaie de nous faire croire qu’une artiste, jeune et jolie (apparence), serait dépourvue de réflexion, de buts, de personnalité (réalité). Et s’il est bien une chose que Paula Ringer réussit à faire depuis dorénavant trois œuvres, c’est nous montrer que l’impact des femmes est au moins aussi important que celui de leur congénère masculin.
Cette odyssée musicale ne tombe pas dans le cliché de la vie en rose, et c’est une agréable bouffée d’air frais !
(in Heepro Music, le 07/12/2025)
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