George Toogood Smith, l’oncle maternel de John Lennon, a joué un rôle fondamental dans la jeunesse du futur Beatle. En l’accueillant dans son foyer avec sa femme Mimi, il lui a offert une stabilité qui lui manquait, tout en l’initiant à la lecture, à l’écriture et à diverses formes d’art. Bien que son rôle soit discret dans la légende de Lennon, il a profondément marqué sa formation intellectuelle et artistique. Sa mort prématurée en 1955 a laissé un vide important dans la vie de Lennon.
George Toogood Smith (13 mars 1903 – 5 juin 1955) est surtout connu pour avoir été l’oncle maternel (par alliance) de John Lennon, futur membre des Beatles. À partir de la fin des années 1940, Smith et sa femme, Mary Elizabeth « Mimi » Stanley, assurent l’éducation de Lennon dans leur maison de Liverpool, un foyer où le jeune garçon grandit loin de l’instabilité familiale qui marquait la vie de ses parents biologiques. Même s’il demeure en retrait dans la légende du célèbre musicien, George Smith a joué un rôle majeur au cours de l’enfance et de l’adolescence de Lennon, en l’initiant à la lecture, à l’écriture, et à diverses formes d’expression artistique.
Sommaire
- Origines et premières années
- Mariage avec Mimi Stanley
- L’accueil de John Lennon à Mendips
- Décès prématuré et conséquences pour Lennon
- Héritage et mémoire
Origines et premières années
Né le 13 mars 1903, George Toogood Smith est issu d’une longue lignée de fermiers laitiers installés à Woolton, un village en périphérie de Liverpool. Ses parents, Francis et Alice Smith, ont plusieurs enfants, dont certains disparaîtront prématurément. Comme le veut la tradition familiale, George reçoit à la naissance le patronyme « Toogood » en guise de second prénom, hérité de sa grand-mère paternelle.
Avant la Seconde Guerre mondiale, George dirige avec son frère Frank deux fermes laitières et un magasin de vente au détail. Il livre le lait en charrette à cheval à travers la commune. Lorsque la guerre éclate, les fermes de la famille Smith sont réquisitionnées pour l’effort de guerre et le bétail est affecté à d’autres exploitations. Après le conflit, George abandonne progressivement la distribution de lait pour se reconvertir en tant que bookmaker, ce qui lui vaudra, selon sa femme, de se montrer trop aventureux dans ses paris.
Mariage avec Mimi Stanley
Dans les années 1930, Smith entame une longue cour (sept ans) auprès de Mary Elizabeth « Mimi » Stanley, qu’il rencontre alors qu’il livre du lait à l’hôpital où elle travaille. La jeune femme, connue pour son franc-parler et son dédain de la routine domestique, repousse d’abord ses avances. Finalement, George lui lance un ultimatum qui la convainc de l’épouser. Ils se marient le 15 septembre 1939, à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Les nouveaux mariés acquièrent une maison mitoyenne, surnommée « Mendips », au 251 Menlove Avenue, un quartier alors plutôt middle class de Liverpool. Au fil des années, en raison des difficultés économiques causées par la guerre et la fermeture de leurs fermes, George enchaîne différents emplois et s’aventure dans le domaine des paris. Malgré ces aléas, le couple ne connaît pas la misère et jouit d’une relative stabilité.
L’accueil de John Lennon à Mendips
Alors que le foyer Smith n’a pas d’enfants, un tournant survient dans la famille Stanley : Julia, la sœur cadette de Mimi, a un fils nommé John, né en 1940 de son mariage chaotique avec Alfred Lennon. Les services sociaux, tout comme Mimi et certains membres de la famille, estiment que Julia ne peut pas élever l’enfant dans de bonnes conditions. Sous la pression, Julia accepte de confier la garde du petit John à sa sœur Mimi et à George.
C’est ainsi que John Lennon, encore jeune enfant, emménage à Mendips. Il reçoit la plus petite chambre de la maison, située au-dessus de la porte d’entrée. Si Mimi fait preuve d’une rigueur quasi militaire dans l’éducation, George, lui, se montre affectueux et attentif au développement artistique du garçon. Il lui apprend à lire en lui montrant les gros titres du Liverpool Echo, à résoudre des mots croisés et à explorer la richesse de la langue. Smith lit régulièrement des contes à Lennon le soir, l’initie au dessin et à la peinture, puis lui offre sa première « mouth organ » (harmonica). Il se différencie de sa femme par son côté chaleureux et son enthousiasme pour la curiosité du jeune John.
La vie au sein du foyer Smith oscille entre la discipline imposée par Mimi et la complicité grandissante entre George et son neveu. Celui-ci trouvera dans Mendips un cadre plus sûr que chez sa mère, même s’il reprochera parfois à Mimi une sévérité dont il aurait aimé se passer. George, en revanche, est davantage la figure paternelle accueillante, toujours prêt à faire découvrir un nouveau jeu ou un nouveau domaine créatif.
Décès prématuré et conséquences pour Lennon
Le 5 juin 1955, George Smith meurt subitement chez lui d’une hémorragie au foie, à l’âge de 52 ans. Au moment du drame, John Lennon, âgé de 14 ans, se trouve en écosse pour rendre visite à d’autres membres de la famille. À son retour, il apprend la nouvelle et en reste profondément choqué. Sa première réaction est un rire nerveux, puis un chagrin intense. George est inhumé dans le cimetière de l’église St Peter’s, à Woolton.
La disparition de Smith est un coup dur pour Lennon. Déjà marqué par une enfance mouvementée, il perd un soutien moral important. Ce deuil s’ajoute à d’autres tragédies qui jalonneront la jeunesse du futur Beatle, notamment la mort de sa mère Julia en 1958. Après la disparition de Smith, Mimi continue de vivre à Mendips mais n’utilise plus la pièce à vivre en bas, qu’elle considère trop liée à son défunt mari. Lennon poursuit son adolescence au même endroit, avant de partir en couple avec Cynthia Lennon et, plus tard, de quitter définitivement Liverpool pour Londres.
Héritage et mémoire
George Toogood Smith n’occupe pas le devant de la scène dans les récits habituels sur la jeunesse de Lennon, souvent focalisés sur les figures de Julia et Mimi. Pourtant, son rôle s’avère capital dans la formation intellectuelle et émotionnelle du jeune John. En lui apprenant la lecture, l’amour du dessin, ou en soutenant ses fantaisies enfantines, il a en quelque sorte préparé Lennon à devenir l’artiste qu’il sera. Les jeux de mots, la sensibilité à l’humour absurde et la curiosité littéraire de Lennon trouvent en partie racine dans l’approche bienveillante de Smith.
Au cinéma, il est brièvement évoqué ou dépeint dans des œuvres telles que Nowhere Boy (2010), où David Threlfall incarne Smith aux côtés de Kristin Scott Thomas (Mimi) et Aaron Johnson (John Lennon). Bien que sa mort prématurée l’ait empêché de voir la gloire ultérieure des Beatles, l’héritage discret de Smith survit dans les souvenirs de Lennon et dans le témoignage des proches : il fut cet oncle patient, affectueux, dont l’influence contribua à éveiller l’esprit si singulier du jeune John.
À travers ce destin trop vite interrompu, George Toogood Smith demeure un chaînon essentiel de l’entourage familial de Lennon, éclairant d’un jour intime la jeunesse de l’un des plus grands musiciens du XXe siècle.