Henry McCullough : L’héritage discret du guitariste de Wings

Publié le 14 décembre 2025 par John Lenmac @yellowsubnet

Henry McCullough, guitariste irlandais, a marqué l’histoire du rock en tant que membre de Spooky Tooth, Wings et musicien de session. Bien que moins connu que d’autres icônes, son jeu de guitare unique et ses collaborations avec des figures majeures telles que Joe Cocker, Paul McCartney et Pink Floyd en font une légende discrète du rock britannique. De Woodstock à ses dernières années, McCullough a tracé un chemin authentique, dont l’héritage perdure au-delà de sa notoriété.


Dans l’histoire du rock britannique, certains noms incarnent des destins singuliers qui, sans forcément jouir de la notoriété des grandes icônes, ont pourtant marqué de leur empreinte des courants et des groupes majeurs. Le nord-irlandais Henry Campbell Liken McCullough fait partie de ces figures. À la fois membre de plusieurs formations clés (dont Spooky Tooth, The Grease Band et Wings) et sideman recherché, il a su traverser les décennies avec son jeu de guitare subtil, sa voix grave et ses collaborations multiples. Retour sur la trajectoire d’un musicien qui, né un 21 juillet 1943 à Portstewart en Irlande du Nord, a contribué à façonner certaines pages marquantes de la musique rock.

Sommaire

  • Origines et premiers pas dans la musique
  • Au sein de The Grease Band : le grand saut avec Joe Cocker
  • Rencontre avec Paul McCartney : l’aventure Wings
  • Un clin d’œil sur « The Dark Side of the Moon »
  • Multiples collaborations et retour à une vie de session man
  • Années 1980 : un retour en Irlande et de nouvelles directions
  • Période 1990 : affirmation en solo et collaborations internationales
  • Années 2000 : collaborations renouvelées et hommages en tout genre
  • Un concert de Paul McCartney et la reconnaissance tardive
  • Complications de santé et période difficile
  • Décès et héritage musical
  • Un parcours foisonnant de disques et de collaborations
  • Vision artistique et influences
  • Rôle dans l’évolution du rock nord-irlandais
  • Postérité et témoignages
  • Un héritage discret mais précieux

Origines et premiers pas dans la musique

Henry McCullough voit le jour dans un foyer protestant. À l’adolescence, il s’initie à la guitare et se lance dans le paysage musical local, alors dominé par les showbands, formations éclectiques capables de naviguer entre rock, pop et adaptations de hits internationaux. Il se fait remarquer en tant que guitariste au sein du groupe Skyrockets, basé à Enniskillen. L’époque, dans les années 1960, est encore à l’ébullition culturelle en Irlande du Nord, et le jeune Henry profite de ce dynamisme pour affûter son style et son sens de la scène.

Il joue ensuite avec d’autres musiciens et monte un ensemble appelé Gene and the Gents. Sillonnant les salles, Henry McCullough perfectionne sa technique de soliste, s’ouvrant aussi bien au rhythm and blues qu’au psychédélisme naissant. Après quelques péripéties, il migre vers Belfast et rejoint la formation The People, rebaptisée éire Apparent sous l’impulsion de Chas Chandler, l’ex-manager de Jimi Hendrix. C’est une étape déterminante : le groupe effectue des tournées aux côtés de Pink Floyd, Soft Machine, the Move et de The Jimi Hendrix Experience. Toutefois, des problèmes de visa et d’autres aléas l’obligent à rentrer plus tôt au pays, sans achever la tournée en Amérique du Nord. Pendant un bref laps de temps, il rejoint même la formation folk Sweeney’s Men, mais son destin l’appelle bientôt à Londres, ville où bouillonne la scène rock internationale.

Au sein de The Grease Band : le grand saut avec Joe Cocker

Vers 1969, la carrière de McCullough prend un virage majeur lorsqu’il s’associe à Joe Cocker. Il devient guitariste au sein de The Grease Band, qui accompagne le chanteur anglais, alors en pleine ascension. Cette période est cruciale pour McCullough : il participe à de grandes tournées américaines, dont le légendaire festival de Woodstock en août 1969, où Joe Cocker livre l’une des performances les plus marquantes de l’événement. Le public découvre la guitare incisive de McCullough dans des morceaux à la fois bluesy et rock.

Dans la foulée, le musicien enregistre un album éponyme avec The Grease Band, collaborant également sur d’autres projets tels que la version studio de l’opéra-rock « Jesus Christ Superstar » (composé par Andrew Lloyd Webber et Tim Rice) ou l’album « The Last Puff » de Spooky Tooth en 1970. Il gagne une réputation de guitariste fiable et polyvalent, capable de teinter d’intensité les univers variés qu’il côtoie.

Rencontre avec Paul McCartney : l’aventure Wings

Au tout début de 1972, Paul McCartney cherche à former un nouveau groupe baptisé Wings, après la fin des Beatles. L’ex-Beatle s’entoure de sa femme Linda et, de manière plus inattendue, fait appel à Henry McCullough pour occuper le rôle de guitariste soliste. Celui-ci rejoint donc Denny Seiwell (batteur), Denny Laine (ex-Moody Blues) et le couple McCartney dans le but de sillonner les universités britanniques, un projet délibérément modeste permettant au groupe de se roder dans un cadre plus intime.

Le premier enregistrement auquel McCullough participe est « Give Ireland Back to the Irish ». Cette chanson, écrite en réaction au « Bloody Sunday » de janvier 1972, suscite une vive controverse. Le single se retrouve interdit de diffusion sur la BBC pour son contenu jugé trop politique. Dans ce contexte, McCullough, originaire d’Irlande du Nord et d’un milieu protestant, se retrouve dans une position délicate, puisqu’il se peut que le message pro-irlandais soit perçu comme ambigu pour certains unionistes. Pourtant, il reste un élément essentiel de Wings, participant aux singles « Hi, Hi, Hi » et « Live and Let Die » (cette dernière chanson accompagne le film de James Bond du même nom en 1973), et joue sur l’album « Red Rose Speedway » (1973).

Malgré tout, des tensions surviennent. Henry McCullough est un musicien libre, moins docile que ne l’imagine Paul McCartney. Les divergences quant aux orientations musicales, le rôle de chacun et divers problèmes organisationnels apparaissent. En août 1973, à la veille des sessions de « Band on the Run », il quitte Wings. Les raisons demeurent multiples : incompréhensions artistiques, questions financières ou sentiment d’être réduit à un second rôle. Son départ n’enlève cependant rien à l’empreinte qu’il laisse dans la période initiale de Wings.

Un clin d’œil sur « The Dark Side of the Moon »

Fait insolite, Henry McCullough demeure présent dans l’histoire du rock pour une autre raison : il prête sa voix, bien que brièvement, au mythique album « The Dark Side of the Moon » de Pink Floyd, sorti en 1973. Dans le morceau « Money », on l’entend prononcer la phrase « I don’t know; I was really drunk at the time », en référence à une dispute conjugale vécue la veille. Ces quelques mots, insérés dans la série d’extraits parlés semant l’album, traduisent l’esprit conceptuel de Pink Floyd, qui souhaitait interroger différents individus sur l’argent, la mort, la folie, etc. L’anecdote illustre à la fois la scène musicale britannique très connectée de l’époque et la touche humoristique qui entoure parfois les grands albums conceptuels.

Multiples collaborations et retour à une vie de session man

Après son départ de Wings, Henry McCullough conserve une activité intense de guitariste accompagnateur. Il enregistre et se produit en concert auprès de figures variées : Eric Burdon, Marianne Faithfull, Frankie Miller, Donovan ou Roy Harper. Il est régulièrement sollicité pour son sens du solo mélodique et sa présence scénique, même sur des tournées ponctuelles. En 1975, il rejoint la Frankie Miller Band et participe à l’album « The Rock ». Il publie la même année « Mind Your Own Business », produit sur le label Dark Horse de George Harrison. Cette connexion avec l’ex-Beatle montre à quel point son réseau musical est vaste.

En 1977, McCullough fait une apparition chez Dr. Feelgood, le temps de remplacer Wilko Johnson, donnant des concerts énergiques dans une veine pub rock. Il ne reste pas longtemps, mais son passage alimente la réputation de guitariste accessible et capable de s’adapter à différents styles. La vie de session man le conduit à être tour à tour rockeur, folk, bluesman ou musicien de studio.

Années 1980 : un retour en Irlande et de nouvelles directions

Au début des années 1980, alors qu’il rend visite à sa famille, Henry McCullough se blesse à la main et doit suspendre momentanément ses activités de guitariste. Lorsqu’il reprend, il fait le choix de rester en Irlande, peut-être attiré par une certaine quiétude ou par l’envie de s’ancrer de nouveau dans son pays d’origine, encore traversé par des tensions politiques. Il multiplie les jam sessions, notamment avec le groupe Fleadh Cowboys à Dublin. L’ancrage local lui permet de renouer avec une scène plus proche, moins frénétique que celle de Londres.

Au milieu de la décennie, il forme un groupe avec Percy Robinson (pedal steel), Roe Butcher (basse) et Liam Bradley (batterie). Sur cette base, il sillonne pubs et salles régionales, proposant un répertoire mêlant compositions personnelles et standards revisités. La période est moins flamboyante que celle des seventies, mais lui permet de consolider un public d’aficionados.

Période 1990 : affirmation en solo et collaborations internationales

Dans les années 1990, Henry McCullough se tourne vers l’Europe de l’Est, notamment la Pologne, où il collabore avec des musiciens locaux. Il enregistre sur place un album live, « Blue Sunset », et effectue plusieurs tournées, confirmant l’intérêt d’un public étranger pour son jeu sincère. Parallèlement, il sort le single « Failed Christian », qui sera ultérieurement repris par Nick Lowe sur l’album « Dig My Mood » (1998). Cette composition à la coloration folk-blues devient l’un de ses titres emblématiques, évoquant un parcours spirituel teinté de doutes et de désillusions.

Le retour sur disque s’effectue aussi via des enregistrements plus personnels. McCullough livre « Belfast To Boston » (2001) et « Unfinished Business » (2002), deux albums qui captent la chaleur de sa guitare et la maturité de son timbre vocal. Il se produit régulièrement avec un petit ensemble, intégrant saxophone, clavier ou seconde guitare.

Années 2000 : collaborations renouvelées et hommages en tout genre

Dès le début des années 2000, plusieurs groupes et artistes rendent hommage à l’apport de McCullough. Le titre « Failed Christian » est repris, tandis qu’il contribue lui-même à divers projets d’envergure. Il rejoint l’artiste Alaskain The Rev Neil Down, orchestrant la partie musicale et posant sa patte guitaristique. Il sort un album live, « FBI Live », en 2007, capturé en écosse.

Son nom est parfois moins mis en avant médiatiquement, mais il reste actif et respecte ce statut de guitariste culte, familier des tournées intimistes. Il enregistre également « Poor Man’s Moon » (2008), album où il collabore avec le poète Eamon Carr, ancien membre du groupe irlandais Horslips. Le disque comprend des chansons coécrites, témoignant d’une volonté d’explorer un univers lyrique et introspectif. Malheureusement, ses apparitions scéniques internationales se font plus rares, même s’il continue à jouer ponctuellement avec divers musiciens (Noel Bridgeman, Ed Deane) et à enregistrer en studio.

Un concert de Paul McCartney et la reconnaissance tardive

En décembre 2009, Paul McCartney donne un concert à l’O2 de Dublin. Henry McCullough est présent dans le public. Au cours de la soirée, McCartney salue publiquement la contribution de son ex-collaborateur à l’époque de Wings, soulignant le rôle de McCullough dans le façonnement du son early-Wings. Ce moment d’hommage scelle la réconciliation implicite entre deux artistes qui, malgré les divergences passées, ont traversé ensemble l’une des aventures post-Beatles les plus marquantes.

En mars 2010, McCullough participe en tête d’affiche au Fifestock Festival à Lathones (écosse), poursuivant la tradition des festivals britanniques où les amateurs de rock classique se rassemblent pour écouter des vétérans de la scène. Sa présence y est saluée comme un retour aux sources du rock, rehaussé par son style direct et authentique.

Complications de santé et période difficile

Les années 2010 débutent sous de meilleurs auspices : Henry McCullough multiplie de petites tournées locales, collabore avec le groupe The Vals sur le titre « Look to the One » et demeure un guitariste respecté. Toutefois, en novembre 2012, il est victime d’une crise cardiaque qui le plonge dans un état critique. Une confusion s’installe : plusieurs médias britanniques annoncent prématurément sa mort, avant de rétropédaler en s’excusant. Le musicien survit, mais reste très affaibli. Selon Denny Seiwell, ex-batteur de Wings, la convalescence de McCullough semble incertaine et la perspective d’un retour plein sur scène est compromise.

Pour l’aider, un concert de soutien (Henry’s Heroes) est organisé le 17 mars 2015 au Half Moon de Putney. Paul Carrack, Nick Lowe, Andy Fairweather Low, Suggs et Bobby Tench se réunissent, accompagnés de musiciens de renom comme Mel Collins ou Neil Hubbard. Les recettes servent à couvrir les frais médicaux de McCullough, que sa famille ne peut assumer seule. Cette mobilisation illustre l’estime que lui portent ses pairs, reconnaissants de ses apports successifs au rock britannique.

Décès et héritage musical

Henry McCullough meurt le 14 juin 2016 à Ballywindelland (près de Ballymoney, comté d’Antrim), en Irlande du Nord, après avoir lutté plusieurs années contre les séquelles de son infarctus. Certaines sources font également état d’un AVC. Sa santé fragile l’avait contraint à s’éloigner progressivement de la scène, malgré sa volonté de poursuivre l’aventure musicale.

À sa disparition, la tristesse s’étend parmi les musiciens qui avaient croisé sa route. Paul McCartney, Denny Laine ou encore Eric Burdon rendent hommage à un guitariste qui savait marier feeling bluesy, phrasé mélodique et rock incisif. La presse souligne son tempérament à la fois doux et déterminé, capable de coups de sang lorsqu’il s’agissait de défendre son intégrité artistique, mais restant humble quant à sa place dans l’histoire du rock.

Un parcours foisonnant de disques et de collaborations

Henry McCullough a laissé derrière lui une discographie variée. Parmi ses albums solo, on mentionne « Mind Your Own Business » (1975) sur le label Dark Horse, « Belfast to Boston » (2001), « Unfinished Business » (2002) ou encore « Poor Man’s Moon » (2008). Il a également publié plusieurs disques live, témoignant de la chaleur brute de ses concerts, comme « The Henry McCullough Band: FBI Live » (2007). Les fans apprécient particulièrement « Failed Christian », chanson emblématique qui exprime ses doutes spirituels, sa fragilité et sa sincérité.

Les collaborations de McCullough, elles, forment un vaste panorama : Joe Cocker (« With a Little Help from My Friends », tournée Woodstock), la comédie musicale « Jesus Christ Superstar », Spooky Tooth, Andrew Lloyd Webber, Marianne Faithfull, Roy Harper, Donovan, Eric Burdon et bien d’autres. Son passage au sein de Wings, même bref, est gravé sur les singles « Hi, Hi, Hi », « My Love », « Live and Let Die » et sur l’album « Red Rose Speedway ». Si certains morceaux ne lui ont pas été officiellement crédités en tant que compositeur, on reconnaît son jeu de guitare précis et son groove.

Vision artistique et influences

Musicalement, Henry McCullough navigue entre blues, rock traditionnel et accents folk. Son toucher chaleureux repose sur des phrases mélodiques où l’on perçoit l’héritage de la tradition du blues britannique. Toutefois, il sait aussi insuffler des éclats de virtuosité, comme en témoigne sa performance dans The Grease Band, où sa guitare sert de contrepoids à la voix puissante de Joe Cocker. Son timbre vocal, rauque et proche du spoken-word par instants, complète la palette. Les critiques évoquent souvent l’authenticité de son jeu, exempt de toute exubérance technique. Il préfère la spontanéité, le feeling, et privilégie l’émotion sur la démonstration.

La spiritualité, la quête personnelle et le rapport compliqué au fait religieux (notamment dans « Failed Christian ») font partie des thèmes qu’il aborde parfois dans ses textes. étant né dans une Ulster marquée par les clivages entre protestants et catholiques, McCullough a toujours navigué dans cette tension identitaire, qui se reflète dans un répertoire tantôt engagé, tantôt introspectif. Son attitude dans la vie courante semble refléter ces contradictions, comme l’illustre son implication sur « Give Ireland Back to the Irish » alors qu’il venait d’un milieu unioniste.

Rôle dans l’évolution du rock nord-irlandais

Henry McCullough est, dans l’histoire du rock nord-irlandais, l’un des rares musiciens à avoir obtenu une visibilité internationale, au même titre que des figures plus tardives comme Van Morrison ou Gary Moore (bien que Moore soit de Belfast). Les racines de McCullough se trouvent à Portstewart, petite localité du comté de Londonderry, région parfois moins mise en avant que Belfast ou Derry. Son parcours prouve que, malgré la situation politique complexe, l’Ulster recèle de véritables talents capables de s’exporter.

La scène locale a ainsi produit des guitaristes exceptionnels, et McCullough en est un exemple marquant. Il n’a jamais renié son identité nord-irlandaise, revenant régulièrement vivre et enregistrer dans sa terre natale, avant d’y décéder. En ce sens, il représente un pont entre la sphère internationale (Wings, Woodstock, Londres) et les clubs irlandais où il se plaisait à rejouer dans une ambiance plus conviviale.

Postérité et témoignages

À l’annonce de sa mort, en juin 2016, de nombreuses réactions affleurent dans la presse musicale. Paul McCartney regrette la disparition d’un « vieux complice » des années Wings, Eric Burdon se souvient de leur énergie commune, et Nick Lowe, qui avait repris « Failed Christian », salue la sensibilité à fleur de peau du musicien. Les hommages soulignent son humilité : s’il n’a jamais prétendu au statut de rock star, Henry McCullough demeure l’exemple parfait du side-man essentiel, qui, dans l’ombre, façonne le relief sonore d’albums et de concerts emblématiques.

Sa discographie, moins connue du grand public que celles des superstars, recèle pourtant des pépites. L’écoute de son jeu sur le titre « My Love » de Wings montre l’intensité de son solo. Ses enregistrements avec Joe Cocker font partie de l’héritage du rock bluesy de la fin des années 1960. Et sa participation surprenante (mais véridique) à « The Dark Side of the Moon » de Pink Floyd, par sa simple phrase parlée, prouve à quel point il a traversé de grands projets majeurs. Au fil de compilations, rééditions et autres anthologies, son nom revient régulièrement.

Un héritage discret mais précieux

Henry Campbell Liken McCullough incarne l’itinéraire d’un guitariste qui, de showbands nord-irlandais en festivals mondiaux, a su cultiver son authenticité. À rebours d’un marketing outrancier, il a préféré les routes de tournée, les studios compacts et l’entraide entre musiciens. De la scène du festival de Woodstock en 1969 jusqu’à son dernier souffle en 2016, il a tracé un chemin où résonne son amour du blues, du rock et de la folk.

Ses amis le décrivaient comme un homme franc, pouvant être piquant d’humour, parfois marqué par des coups du sort, et dont la guitare parlait le langage le plus sincère : celui du feeling. En fin de compte, Henry McCullough demeure une figure attachante du rock britannique, dont la contribution à la musique, si elle reste moins célébrée à grande échelle, mérite la reconnaissance réservée à ces artisans passionnés qui ont façonné, note après note, l’histoire du rock. Son souvenir se perpétue chez tous ceux qui, sur un vieux vinyle ou un album numérique, retombent un jour sur un solo habité de ce Nord-Irlandais à la voix discrète. De Spooky Tooth à Wings, du pub rock au grand opéra-rock, son héritage résonne encore, témoignage inaltérable d’un musicien profondément ancré dans la sincérité de son art.