Paul McCartney, légende du rock, a bâti un catalogue musical exceptionnel, mais non exempt d’écarts surprenants. L’album Memory Almost Full en est un exemple frappant : après des titres puissants comme House of Wax, il conclut avec Nod Your Head, une chanson en décalage total. Ce choix artistique questionne la liberté créative de McCartney et souligne son audace, parfois au risque de briser l’harmonie d’un album autrement réussi.
Sommaire
- Paul McCartney : un catalogue d’excellence malgré quelques écarts
- Un sommet musical… suivi d’un dérapage
- Une anomalie dans la discographie de McCartney
- Le dilemme de la liberté artistique
- Un rappel du génie humain de McCartney
Paul McCartney : un catalogue d’excellence malgré quelques écarts
Paul McCartney fait partie de ces rares artistes qui, après des décennies de carrière, peuvent se permettre de s’aventurer dans des recoins créatifs parfois douteux sans compromettre leur héritage musical. Après tout, ses contributions au rock et à la pop sont monumentales. Pour chaque titre culte comme Band on the Run ou Maybe I’m Amazed, on trouve des morceaux qui, sans être catastrophiques, suscitent des interrogations quant à leur nécessité. C’est particulièrement vrai pour certaines chansons figurant sur ses albums post-Beatles, où la créativité débordante de McCartney donne parfois naissance à des pièces mineures, voire inutiles.
Un sommet musical… suivi d’un dérapage
Sorti en 2007, Memory Almost Full témoigne d’une période prolifique pour McCartney. Après avoir collaboré avec Nigel Godrich sur l’album Chaos and Creation in the Backyard, Macca montre ici qu’il n’a rien perdu de sa capacité à composer des mélodies accrocheuses et à explorer de nouveaux territoires sonores. On y trouve des chansons légères comme Dance Tonight, des moments plus introspectifs et un audacieux medley en milieu d’album qui évoque ses jours au sein des Beatles. Alors que l’album s’achève, McCartney culmine avec deux morceaux d’une intensité rare : House of Wax, porté par un solo de guitare mordant, et The End of the End, une méditation poignante sur la mortalité. Ces deux morceaux auraient pu sceller l’album sur une note grave et mémorable.
Mais voilà qu’intervient Nod Your Head. Plutôt que de conclure sur une réflexion touchante, McCartney décide de sortir un titre court et exubérant, davantage ancré dans l’énergie brute de Little Richard que dans la solennité que promettait l’album jusque-là. Le décalage est brutal. Cette chanson semble presque parachutée dans la tracklist, brisant l’élan émotionnel qui précédait. Cela donne l’impression qu’un film dramatique à la conclusion bouleversante se termine soudainement sur un numéro de comédie musicale mal placé.
Une anomalie dans la discographie de McCartney
McCartney n’a pourtant pas toujours eu ce problème. Nineteen Hundred Eighty-Five clôturait parfaitement Band on the Run, et même le choix curieux de Crossroads sur Venus and Mars avait une certaine logique nostalgique. Mais Nod Your Head ? Il est difficile de comprendre ce que McCartney essayait d’accomplir ici. Le morceau n’est ni assez significatif pour être marquant, ni assez mémorable pour devenir un plaisir coupable. C’est une note dissonante qui affaiblit l’ensemble d’un album par ailleurs solide.
Le dilemme de la liberté artistique
Si McCartney a gagné le droit de suivre ses instincts, Nod Your Head soulève la question de savoir jusqu’où cette liberté peut aller avant de compromettre la cohérence d’une œuvre. Ce n’est pas que la chanson soit « mauvaise » en soi ; elle est juste… inutile. Retirez-la de l’album, et le tout fonctionne mieux. Maintenez-la, et vous vous retrouvez avec un final qui sonne étrangement déplacé. C’est un exemple d’un grand artiste se permettant un faux pas, sans que cela remette en question son génie global. Toutefois, il reste difficile de défendre un morceau qui, au mieux, semble superflu et, au pire, abîme légèrement l’expérience de l’album.
Un rappel du génie humain de McCartney
Peut-être que Nod Your Head est, après tout, un rappel de l’humanité de McCartney. Même les artistes les plus vénérés peuvent faire des choix qui laissent perplexe. Ce qui rend McCartney exceptionnel, c’est que ces rares écarts n’effacent jamais ses triomphes. Malgré son inutilité, Nod Your Head s’inscrit dans la trajectoire d’un artiste qui n’a jamais eu peur d’expérimenter, d’essayer, même au risque de ne pas toujours convaincre. Et c’est précisément cette audace qui a rendu sa carrière aussi riche et imprévisible.