18 ans plus tard, la terre entière s'arrête encore de tourner en attendant désespérément le top albums de fin d'année Des Oreilles Dans Babylone. Avec des rangs toujours plus clairsemés certes, mais avec trois propositions différentes ! HIPHOP, NICKX et JU, les trois piliers indécrottables se font un plaisir dans les quelques mots et images qui suivent de vous rappeler ce que vous avez peut-être manqué cette année. Bonnes fêtes et à l'année prochaine !
HIPHOP
Toute la famille Cardiacs se retrouve pour rendre un dernier hommage au défunt Tim Smith, le chanteur historique, sans ménager sa peine : 17 morceaux qui condensent le savoir faire du groupe, le génie mélodique et harmonique de son chanteur compositeur.
Igorrr change de braquet et réalise ses fantasmes musicaux : véritable choeur d'église, arrangements baroques et classiques, guests de luxe, et accord plaqué au piano par un tractopelle !
Le retour d'un excellent groupe de trash technique disparu des radars, qui n'a jamais daubé sa musique dans l'espoir de passer à la radio.
Un groupe de trash death virtuose à deux guitares qui ne change pas sa formule mais qui a suffisamment d'idées musicales pour ne pas lasser.
J'ai toujours regardé ce gars d'un peu haut , mais je me suis fait avoir par ce disque : tel un blues archaique avec un seul accord, il repose sur pas grand'chose, mais a une âme.
JU
En ce qui me concerne, le game était plié dès le mois de janvier. Dès les premiers arpèges de clavecin de "The death of a king" on sentait que le bordelais avait changé de catégorie. Jusqu'à présent relativement hermétique à son univers, je ne pouvais plus que succomber et me faire accompagner toute l'année par un double album parfait de bout en bout. Pink Floyd ("A cold Morning"), Beatles ("My Valentine", "Lovely Suzy), Beach Boys ("Glamosaurus Rex"), Ty Segall ("To please you all") et enfin "The Pagan Truth", ça fait déjà beaucoup pour un seul disque. Indépassable en 2025 pour qui y a jeté ne serait-ce qu'une oreille.
A l'opposé sur la timeline 2025, puisque découvert pour ma part en décembre, cet artiste inclassable, déjà bien connu des cinéphiles mélomanes puisque coupable des bande sons des trois derniers films du réalisateur grec dérangé Yorgos Lanthimos. On reconnait ça sur l'extraordinaire ouverture "Beth's farm" qui m'a littéralement sauté à la gueule en voiture et en radio sur France Inter chez l'ami Michka Assayas. Le reste est un voyage intriguant de pop progressive et pastorale à la Sufjan Stevens (Princess), parfois très électrique ("Sk1"), ou même quasi a capella ("Sk2") voir carrément jazz bruitiste ("Jerskin Fendrix freestyle"). J'étais pas prêt à me faire bousculer comme ça en décembre.
Bon. Ok. J'avais, je ne sais pourquoi, pas trop envie d'aimer, et du mal à rentrer dedans à la première écoute, mais je ne peux finalement que m'incliner devant tant de talent. Je peux comprendre que certains soient allergiques à cette voix de baryton sans concession - on pense à Anohni ou à Alec Ounsworth (Clap Your Hands Say Yeah, ça nous rajeunit pas) et elle ne laisse pas indifférent. Mais franchement, des morceaux comme "Nausicaa (Love will be revealed)" en solo ou "Au pays du cocaine" en Geese" m'ont déjà durablement marqué. Le mec a indéniablement un truc. Et une carrière devant lui.
Alors eux tous le monde les a oubliés. Ils font partie de ces vieux noms qu'on a aimé, qu'on écoute avec plaisir mais dont on n'attend plus rien d'excitant. Au même titre Midlake ou encore The Besnard Lakes qui ont tout deux sorti deux chouettes albums cette année, mais pas de là à figurer dans mon top. Mais il y a quelque chose de plus dans ce Volume V. L'impression d'écouter des classiques instantanés ("What's it gonna take", "Versailles", "Heading west" - en fait au moins les cinq premiers morceaux - du registre pop Morriconien indissociable des qualificatifs "cinématographique" et "grands espaces". Quelle flamme !
Un nouvel album du meilleur musicien italien du moment ne pouvait pas ne pas figurer dans mon top. Il aurait vraiment fallu une grosse bévue. Et j'ai presque eu peur aux premières écoutes de ne pas retrouver tout de suite la magie du bien nommé mini album culte Immensita. Mais elle est bien là, un titre sur deux, ("Riccordo tattile", "La Notte", "Aspettero", "Un momento miglioro") et Andrea déroule son univers vintage mélancolique italien avec une beauté déconcertante. Je veux vivre dans ce monde là.
Arrivé très tôt cette année aussi, le meilleur disque de psych pop 2025 est français ! "Marseille" et ce sont mes bonnes vielles marottes de Seventeen Evergreen, MGMT et autres Black Bones qui ressurgissent. "Alouette", "Blue left hand", "Talk is cheap" ou encore "Divinations" feraient pâlir d'envie les groupes précédemment susnommés. Ne réinvente pas la roue mais peut-être l'essieu.
Je l'avais presque oublié celui-là. Pourtant Dieu sait que je l'ai écouté cet été. Si vous ne connaissez pas vous devez vous jeter sur ce disque, et son prédécesseur. Il y aurait une chronique entière à faire sur Cola Boyy, artiste au destin hors norme. Pour la faire rapide, il est né en 1990 avec une malformation qui lui a valu - entre autres - l'amputation d'une jambe, et après une carrière aussi courte qu'intense, il s'est éteint l'année dernière à 34 ans. Sur son premier album on retrouve en featuring, excusez du peu : Air, The Avalanches, Myd, Bon Voyage Organisation, MGMT, John Carroll Kirby, ça laisse pantois... Sa recette : une pop carrément funk chantée avec une voix d'enfant, qui ne ressemble vraiment à rien d'autre. Culte.
Hollie Cook n'en est plus à son coup d'essai et Mr Bongo a toujours su mettre en avant sa pop mâtinée de soul et de reggae. Mais sur ce nouveau disque la recette semble avoir trouvé son parangon tant tout semble couler de source. La cure de soleil qu'il nous fallait pour cet hiver. Ni plus ni moins.
NICKX
Le disque vaporeux et envoûtant de l'année; mené par une ex-égérie pop qui n'avait pas édité d'albums depuis 40 ans. Un retour aux affaires époustouflant de grâce, de sensualité et de sonorités enchanteresses. Avec en sus, une chanson tout bonnement entêtante qui justifie à elle seule la possession de l'album. Quand l'organique fusionne avec le sensoriel.
Difficile de comprendre pourquoi on accroche tant à ce disque fauché. Mais le fait est qu'au-delà de la pose et du parti pris lo-fi, le binôme germano-australien parvient à rendre crédible cette collection d'accords simples pourtant sur le fil et prêts à se casser la figure. Idéal pour les fins de soirées avinées.
Deux décennies célébrées par l'un des secrets les mieux gardés du rock indé britannique. Et l'un de ses magnifiques fleurons songwriters David Christian. S'il y avait un groupe que personne ne connaît à sauver...
Un des secrets les mieux gardés....et tchèque : groupe protéiforme d'obédience funky et dansante. Des musiciens aguerris drivés par une chanteuse-saxophoniste à l'androgynie stupéfiante.
Même s'il passe en dessous des radars des media mainstream, le retour de l'ex-cabossé mais flamboyant Evan Dando et de ses Lemonheads ne peut que faire plaisir. Rien de neuf sous le soleil du Brésil si ce n'est un nouveau disque tout à fait digne.
L'une des rééditions les plus réjouissantes de l'année en ce qu'elle met en lumière l'un de nos plus éphémères groupes sixties même pas yéyé. Une certaine conception de l'orfèvrerie pop.