Je dois bien l'avouer, je savais peu de choses d'elle. Tout au plus quelques traces, glanées ça et là. Des petites pierres que je n'avais pas suivies. Je n'ai aucune excuse, les oiseaux ne mangent pas de pierres.
Comment suis-je arrivé à elle ? Par un miracle. Ou plutôt par sa matérialisation sur disque. L'annonce dans la presse spécialisée d'un "Tribute to Joni Mitchell", dans lequel Björk, Prince, Sufjan Stevens, Brad Mehldau, Cassandra Wilson, Caetano Veloso, Annie Lennox, Elvis Costello, James Taylor et autres angelots envoyés sur terre par la muse Euterpe, viendraient célébrer la folkeuse au béret, dont je ne connaissais que le nom. L'eau à la bouche.
Un bon disque. De la couleur. De l'inspiration. Sufjan Stevens qui "fanfaronne", Björk qui tintinnabule, Costello et Mehldau qui "jasent"... De belles voix : Cassandra Wilson, bouleversante comme à l'accoutumée, Annie Lennox, dont l'appareil vocal est toujours aussi impressionnant (dans une production 80's malheureusement datée). Quelques reprises plus convenues...
Prince, enfin, dont j'attendais mieux que cette version assez sirupeuse de "In Case of You". Peut-être en espérais-je trop ? Il faut dire qu'il n'avait pas donné une seule interview sans citer Joni Mitchell comme une influence majeure de son travail. Pourquoi ne l'avais-je pas crû sur parole, à l'époque où je glanais patiemment tout ce qui pouvait avoir rapport avec lui, génial nain pourpre (j'ai des tonnes d'articles découpés à la maison; pour de vrai).
Dans "The Ballad of Dorothy Parker", une de mes chansons préférés extraite de "Sign of the Times", mille fois écoutée, il fait prononcer ces mots à Dorothy : "Oh, my favorite song she said, And it was Joni singing : Help me I think Im falling...". Juste quelques notes de la chanson originale. Un truc subliminal. Un des petits cailloux laissé à terre.
J'ai recherché l'original, bien sûr. Un choc. Comme tout semblait simple et fluide ! Léger, apaisant. Pas étonnant que le nabot de Minneapolis en ait fait son mètre-étalon. Une voix folky et groovy à la fois. Tout ce que j'aime. C'est beau, mais beau !
Du coup, l'original ne quitte plus ma platine. Tout comme le disque dont il est extrait, "Court and Spark", magnifique de justesse et de sobriété. Indispensable désormais.