Stéphane Mallarmé/Tristesse d’été

Par Angèle Paoli

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TRISTESSE D’ÉTÉ

Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l'encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
De ce blanc flamboiement l'immuable accalmie
T'a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux,
« Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l'antique désert et les palmiers heureux ! »

Mais ta chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l'âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas !

Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s'il sait donner au coeur que tu frappas
L'insensibilité de l'azur et des pierres.

Stéphane Mallarmé, Du Parnasse contemporain, Poésies, Gallimard, Collection Poésie, 1966, page 37.


Note d’AP : Aujourd’hui 9 septembre, date anniversaire de la mort de Mallarmé (9 septembre1898).



STÉPHANE MALLARMÉ

Voir aussi :
- (sur Terres de femmes) Mallarmé/Pli selon pli ;
- (sur Terres de femmes) 29 mai 1912/Création de L’Après-midi d’un faune ;
- (sur Terres de femmes) 21 mars 1914/Première audition de Trois poèmes de Stéphane Mallarmé de Debussy.



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