English Pie en retrait

Publié le 10 septembre 2008 par Brigitte Contois

Enfin, une bonne nouvelle qui vient égayer les énormités que le marché du golf nous sert sur le plateau. Dans le genre des grossièretés proches de la discrimination, les porte-paroles de la LPGA avaient mis les pieds dans le plat en exigeant au menu du tournoi sur le sol américain, l'anglais en plat principal. En entrée, un test d'aptitude était proposé pour évaluer les compétitrices et en accompagnement, une broutille d'explications sur le partage de la vie hors compétition comme bien-fondé était servie. Bref, cela fermait les portes de la cuisine aux coréennes et autres asiatiques, véritable vivier en force sur le tournoi. Un tollé éclate, les plus sectaires avancent la note du règlement en anglais (tiens, vous croyez que les golfeurs d'Asie ne connaissent pas les règles du golf alors que les Français dans nos clubs sont les rois de la tricherie), les économistes celle des sponsors qui veulent un porte-drapeau récitant son texte en anglais ( vous avez déjà entendue Michelle Wie parler de sa montre ? Tiger Woods est-il traduit (hors sous-titre) pour la pub Gillette en France ?) et les révolutionnaires cherchent la faille. Les plus intelligents comprennent très vite que l'anglais obligatoire est une formidable barrière pour les Coréennes. La preuve d'un club de golf privé de Coquitlam, le Vancouver Golf Club, qui refuse l'adhésion aux joueurs qui ne maîtrisent pas l'anglais. Ils affirment clairement " Jusqu'à maintenant, on a refusé l'adhésion à plusieurs golfeurs, en particulier ceux d'origine coréenne. ". La couleur est donnée, ils sont contre les Jaunes. La guerre du Pacifique du nouveau millénaire a un point d'exaction. Pas de nems, ni de soupe thaï, on veut jouer entre potatoes et beans. Bien sûr, on reprend les mêmes ingrédients pour faire la sauce amère ;le Vancouver Golf Club se justifie en affirmant que, par le passé, des membres ne comprenaient pas les règlements expliqués en anglais, et donc qu'ils ne les respectaient pas. Excusez du peu, je sais qu'il n'est pas poli de rire à table mais là, le pâté d'hypocrite a une croûte bien épaisse. Mais en grattant, on revient toujours à la question d'argent. Pour avoir du bon, il faut payer. Les bons plats se font dans les vieilles casseroles de l'Amérique profonde :le club de golf a aussi adopté cette politique parce que les membres allophones ne se mêlaient pas aux autres membres et ne participaient pas aux tournois. On revient au bien-fondé, à la valeur partage et bla bla bla bla. On croirait lire le lynchage médiatique des discours entre Obama et MacCain. Sincèrement, pour le dernier master européen en Suisse, a-t-on demandé à chaque participant une aptitude à parler français, allemand et italien ? Non, Lucquin a-t-il eu besoin de parler anglais pour gagner ? Bien sûr que non. De source sûre, la côte normande ouvre bien ses greens aux anglais alors qu'ils marchent en zig-zag avec arrêt aux supermarchés d'alcool. Le marshall a-t-il à peine moufté ? Que nenni. Il reste à changer la carte car l'exhausteur d'accessiibilité ne passera pas par la langue.