Comment la Suède devient une société sans pétrole

Publié le 10 septembre 2008 par Cafatica

L'Atlas de l'environnement, actuellement en librairies et que je viens de me procurer, analyse en 42 doubles pages (dont plus de 100 cartes et graphiques) d'abord "ce qui menace la planète" avant d'aborder en seconde partie "ce qui peut la sauver". Et dans cette deuxième partie, notamment, un article intitulé "Comment la Suède devient une société sans pétrole" :
Face à la diminution annoncée des réserves d'énergies fossiles, la Suède a d'ores et déjà commencé leur substitution, avec l'objectif de réduire considérablement sa dépendance pétrolière dans les secteurs les plus consommateurs à l'horizon 2020. Son investissement dans les énergies renouvelables pourrait placer le pays à l'avant-garde des technologies de développement durable. 
 
A quelle date peut-on estimer que la production mondiale de pétrole va commencer à décliner ? Les avis divergent : 2010 selon les scientifiques européens de l'Association pour l'étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel (ASPO) ; entre 2020 et 2030 selon l'Agence internationale de l'énergie, organe de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Sans attendre que les prévisions se vérifient, la Suède a décidé d'adopter un programme énergétique radicalement alternatif.
Souhaitant relever le défi imposé par l'épuisement des combustibles fossiles, mais aussi réduire les émissions de gaz à effet de serre engendrées par leur consommation, le gouvernement suédois a nommé en 2005 une commission pour l'indépendance pétrolière. Réunissant des chercheurs, des industriels et des fonctionnaires, elle a présenté l'année suivante une stratégie intitulée "Faire de la Suède une société sans pétrole". Les objectifs affichés pour une phase, en 2020, sont ambitieux. Fondé en grande partie sur une politique d'efficacité énergétique, le programme vise à ce que l'ensemble de la société suédoise augmente cette efficacité de 20%. Les transports étant le secteur le plus consommateur de pétrole, puisque les automobilistes brûlent les deux tiers du pétrole utilisé en Suède, la consommation d'essence et de diesel devra diminuer de 40 à 50%. Par ailleurs, plus aucune habitation ni immeuble commercial ne devrait avoir recours au fioul pour le chauffage. Enfin, l'industrie devra restreindre ses besoins en pétrole de 25 à 40%.
Conversion au vert
Si élevés qu'ils paraissent, ces objectifs s'inscrivent dans la continuité d'une politique qui a fait ses preuves depuis les années 1970. En trente ans, la Suède a réduit de 70% son utilisation du pétrole pour le chauffage résidentiel, en particulier grâce à l'énergie tirée de la biomasse. Le bois et les déchets verts représentent actuellement les deux tiers des combustibles utilisés.
La politique fiscale, avec notamment l'instauration en 1991 de la taxe sur les émissions de dioxyde de carbone, a grandement favorisé la "conversion au vert", selon le gouvernement. Cette taxe a rendu le chauffage au fioul économiquement désavantageux et l'Etat poursuit à présent une politique d'incitation fiscale en attribuant un crédit d'impôt aux foyers qui acquièrent des chaudières à bois.
Par ailleurs, grâce à la généralisation des biocombustibles et à une modernisation des bâtiments axée sur les performances énergétiques, l'objectif d'une consommation nulle en hydrocarbures dans le secteur de l'habitat pourrait être rapidement atteint.
Concernant les transports, la commission pour l'indépendance pétrolière admet que plus de quinze ans seront nécessaires avant que les véhicules puissent se passer totalement d'essence et de diesel. Mais la mutation des automobiles est en bonne voie. Premier pays consommateur d'éthanol en Europe, la Suède est parvenue à en généraliser l'usage. la plupart des bus de ville roulent au bioéthanol pur. L'E-5 (95% de pétrole, 5% d'éthanol) est l'agrocarburant le plus utilisé par les véhicules privés, mais déjà plusieurs centaines de milliers de voitures "flex-fuel", qui peuvent rouler avec l'E-85 (85% d'éthanol), sont en circulation. Les ventes de voitures "vertes" ne cessent d'augmenter, une politique d'encouragement favorisant, là encore, cette conversion : parkings et péage urbain à l'entrée de Stockholm gratuits pour les véhicules moins polluants, exemption de taxes...
L'éthanol crée cependant une autre dépendance, puisque 80% de cet agrocarburant provient de la canne à sucre cultivée au Brésil, où les conditions de production intensive ont de lourdes conséquences sociales et environnementales. Se voulant un modèle de développement durable, la Suède mise sur son "or vert", autrement dit le bois des forêts qui couvrent plus de la moitié de son territoire, pour produire de nouveaux agrocarburants plus rentables et respectueux de l'environnement.
Le biogaz issu des déchets organiques, actuellement expérimenté pour faire fonctionner un train, constitue également une piste majeure pour les besoins en énergie de l'industrie. Il permettrait aussi, à l'instar des autres énergies renouvelables (éolienne, solaire, marémotrice, etc.), de remplacer l'électricité d'origine nucléaire, avec laquelle le gouvernement veut rompre d'ici trente à quarante ans. Les investissements massifs dans la recherche-développement sur ces ressources du futur sont donc au coeur du projet suédois. "Technologiquement optimiste", il s'appuie sur la mobilisation de tous les acteurs socio-économiques pour faire de la Suède un laboratoire de premier plan.

Mme Palin ferait bien de s' inspirer de ce modèle suédois plutôt que de se comporter comme une obsessionnelle du pétrole, au détriment de tout, y compris de... la loi, et des accords passés avec le Canada( cliquez ici). Mais quand une femme se décrit elle même comme un "pittbull", avec du rouge à lèvre, et soutient aveuglément tous les lobbies (armes, pétroliers ...) il y a de quoi avoir peur et il n'y a plus grand chose à espérer...