L'Eternité - extrait

Par Jeremie

Allan écrivait, seul, à la lueur d’une bougie. […]
« Sans mots pour l’habiller, le paysage des choses m’épouvante. Je me promène parmi des objets immondes aux formes insensées et à la géométrie terrifiante. Chaque matin, il faut faire face au renouvellement de l’absurdité. Le phénomène est plus flagrant la nuit. L’immense balade quantique des lignes. Leur dilution. Leur fragmentation. Leur déstructuration mathématique. Souvent, dans ma chambre, les périmètres se dissolvent. L’obscurité laisse d’amples taches estompées qui dansent dans le néant. A croire que le tourment nous aide à mieux sentir le monde. »
Cette fois, il planta sa plume dans l’encrier et se recula sur sa chaise. A quatorze ans, lorsqu’il déménagea du village avec son père, il ne s’attendait guère à ce qu’un destin le suive avec tant de turbulence. La lettre d’Armistice exhalait des odeurs de terre et de bois...
In L'Eternité de l'Enigme.
Photo : Al Magnus