Et c’est bien dommage, tant la suite évolue dans le bon sens, celui d’un cinéma naturaliste et iconoclaste. Enfin décidé à aller de l’avant, Rudi rend visite à son fils au Japon, et ne tarde pas à rencontrer la jeune Yu, adepte du butoh, curieux mélange de danse et de théâtre. La relation qui se noue entre Rudi et Yu, tout sauf ambiguë, apporte non seulement une fraîcheur bienvenue, mais également un regard nouveau sur la mort, un point de vue plus léger dans la mesure du possible. La dernière demi-heure, montrant Rudi qui patiente jour après jour en espérant voir le mont Fuji enfin débarrassé de la brume qui l’enveloppe, a quelque chose d’apaisant et d’exaltant. Une fin qui rend la lourdeur du début quasi légitime : Dörrie a ainsi démontré la lourdeur du mode de pensée occidental, où les morts sont des fardeaux alors que personne ne s’en souciait lorsqu’ils étaient encore en vie. C’est d’autant plus réussi qu’elle-même évite de tomber dans le mélo lors des moments les plus tragiques de cette jolie étrangeté.
7/10
(également publié sur Écran Large)