Où peuvent caler les négociations entre la Croatie et l'UE

Publié le 11 septembre 2008 par Hrvatska

Crédit photo : svilen001/SXC

Il faut être mesuré dans les appréciations de manière à éviter les attentes exagérées et irréelles.

L'état d'esprit parmi les hautes instances politiques croates dans l'attente du rapport de la Commission européenne sur les progrès des négociations avec la Croatie, qui sera divulgué en novembre de cette année, est optimiste si l'on en croit les déclarations dont font état les médias croates. C'est ce que le ministre des Affaires extérieures Gordan Jandrokovic a le mieux exprimé récemment à Avignon : "Je crois que le rapport sur les progrès sera positif pour la Croatie." Ce n'est que par intermittence que l'on entend parmi les rangs de l'opposition de faibles réserves en raison de désaccords lorsque sont conciliées les positions négociatrices croates. Cependant, toutes les expériences actuelles dans les relations entre la Croatie et l'Union européenne appellent à la modération dans les appréciations ainsi qu'à l'esprit de réalité, afin que soient évitées de nouvelles frustrations de l'opinion publique croate par d'éventuelle attentes irréelles et non remplies.

L'attente du rapport

Le rapport sur les progrès qui est attendu avec grande impatience en novembre pourra probablement être qualifié de positif dans le jargon politique croate domestique si l'on conçoit comme tel les formulations qui avaient dominé dans les rapports précédents (little, some, limited progress), mais qui parlaient en réalité des faiblesses de nos progrès. Pour que notre succès soit véritable dans le nouveau rapport il faudrait que domine la formule sur le progrès indéniable (good progress). Ne focaliser toute l'attention que sur ce rapport pourrait s'avérer risqué si par l'occasion on néglige d'autres circonstances défavorables pour la Croatie, qui pourrait considérablement influer sur le cours des négociations et sur la fixation d'une date d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne. En effet, ce qui pèse d'un poids crucial sur l'ensemble du processus d'adaptation, de négociations et d'adhésion est la volonté politique à accepter les règles qu'impose l'Union européenne comme condition pour laisser accéder un pays au cercle des affiliés, les capacités de l'administration d'Etat et des institutions pertinentes à mettre en oeuvre de manière optimale les réformes nécessaires ainsi que la situation actuelle et la disposition de l'Union européenne à accepter de nouveaux membres. Si en l'occurence nous mettons de côté les doutes concernant à quel point la volonté politique actuelle à accepter les standards de l'Union européenne est de nature réelle ou déclarative, et si la capacité renforcée et la compétence de l'administration d'Etat à mettre en oeuvre les réformes pour agir selon les standards de l'Union européenne est percetible, il reste alors la question très sérieuse de savoir ce qu'apporte la situation au sein de l'Union européenne elle-même pour la future position négociatrice de la Croatie. Dans ce contexte, plus que le rapport sur les progrès il importera de savoir à quel point au terme de la présidence française de l'Union pourront être confirmées les annonces faites sur l'accélération des négociations de part et d'autre, ce qui devrait être confirmé par l'ouverture avant la fin de l'année des chapitres restants. Si les promesses françaises d'inciter l'administration de Bruxelles à agir plus promptement dans la question des négociations croates devaient s'avérer non efficaces, alors il sera encore plus difficile de s'attendre à toute avancée positive durant les six prochains mois de présidence assumée par la Tchéquie. Malgré l'égalité de principe entre tous les Etats membres, la pratique d'activité des institutions de l'Union européenne continue de montrer l'influence "du poids spécifique" de certains pays sur les processus de décision au sein de l'Union européenne et de ses institutions.

Les élections européennes

L'influence des élections pour le Parlement européen en juin de l'année prochaine se fera sentir dès la fin janvier lorsque les politiciens et les bureaucrates européens reviendront de leurs vacances de ski. La priorité absolue pour les politiciens sera alors leur destin politique lors des élections et c'est pourquoi ils ne feront rien qui ne puisse être sûr et signifier un gain exclusivement positif afin de réaliser leurs ambitions. L'adhésion croate à l'Union européenne ne signifiera cela que si la Croatie remplit entièrement tous les critères qu'impose l'Union européenne et si elle en fournit la preuve effective. L'administration des institutions de l'Union européenne est investie d'un rôle particulièrement important dans une telle période transitoire. Cependant, à la différence des relations politiques et diplomatiques entre la Croatie et l'Union européenne qui sont sur un pied très élevé, la communication à des échelons inférieurs et les relations entre les deux administrations et autres institutions et organes spécialisés constituent le point faible de la Croatie. Les hautes instances politiques croates en ont été avisées ces dernières années à plusieurs reprises et il reste désormais peu de temps pour rectifier la situation peu enviable, laquelle peut avoir un rôle décisif dans l'adhésion croate à l'Union européenne.

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Source : Poslovni dnevnik, le 11 septembre 2008

Auteur de la note : Zeljko Ivancevic, directeur de la Fondation pour la promotion des intérêts économiques ainsi que le directeur du FIM ECS. S.p.r.l.-Bruxelles.