Rats

Publié le 13 septembre 2008 par Dunia

Litière contaminée par le pou du poulet

Panique au Dermanyssus gallinae

Je ne le répéterai jamais assez souvent: un rat domestique est un animal plus propre qu’un chat ou un chien qui sort. Cependant, le rat est un animal très sensible à de nombreuses maladies ainsi qu’à une grande quantité parasites. Ce qui fait la joies des chercheurs qui, dans les laboratoires, leur inoculent des microbes ou les couvrent de nuisibles, est nettement moins drôle pour un amateurs de rats ou un éleveur de rattus norvegicus. Dans un environnement sale ou contaminé, le rat attrapera les maladies et les parasites du lieu, y compris la grippe ou la bronchite d’une cousine de passage. D’où l’importance du nettoyage des cages, si l’on veut garder des rats en bonne santé, et qui dit nettoyage de cage, dit litière.

Ayant trois volières, qui représentent quatre surfaces à recouvrir de litière, la cage des filles arrivant en fin de vie, plus celle de mes cochons d’Inde, jusqu’à il y a deux semaines, j’achetai le lin ou le chanvre en gros -ne JAMAIS mettre un rat sur des copeaux de bois, c’est très mauvais pour ses voies respiratoires- en ballots de 15 ou 20 kilos, chez Landi un magasin qui fournit -entre autres- des produits agricoles en gros. Or, depuis quelques temps, chaque fois que je finissais mon ballot de lin, je remarquais une sorte de poussière brune déposée au fond. Au début je ne m’en suis pas inquiétée. Quoi de plus normal que de trouver de la poussière de lin ou un peu de terre dans un produit naturel? J’ai commencé à m’étonner quand en remplissant des sacs en papier propres, j’ai eu l’impression que cette poussière se réunissait sous le sac comme par magie, si je le déposais près des quelques brindilles de litière tombées par terre. Je ne me suis toujours pas inquiétée, pensant que je l’avais peut-être posé sur le sol de ma cave en terre battue, puis l’autre jour, il y a deux samedi, en regardant de plus près j’ai remarqué que cette poussière bougeait. Quelle cherchait l’obscurité dès qu’on la mettait à la lumière. J’ai regardé de plus près et AU SECOURS j’ai clairement vu qu’il s’agissait d’horribles bestioles! Après avoir frôlé l’attaque, je me suis calmée, j’ai positivé, me disant qu’il s’agissait sûrement d’un parasite du lin. Certes, ces petites choses étaient sûrement responsables des séances de grattage, jusqu’au sang, de certains de mes rats, mais j’ai pensé qu’hormis pour la farine de mon garde-manger, elles ne devaient certainement pas présenter de grand danger. J’ai tout de même fait un prélèvement dont j’ai amené une partie à la droguerie, et une autre chez mon vétérinaire. Par prudence, et parce que c’est très mauvais qu’un animal se gratte au sang, après avoir enduit ce joli monde d’un répulsif à parasites, j’ai enlevé les litières, nettoyé les cages à fond, mis mes rats sur des chiffons et mes cochons d’inde sur des copeaux et de la paille.

Quand j’ai reçu les résultat des analyses, les bras m’en sont tombés: il s’agit de Dermanyssus gallinae , dit faux pou du poulet ou pou rouge, un acarien des oiseaux, le cauchemar des aviculteurs, des colombophiles et de toute personne possédant des élevages de bêtes à plumes. Le problème c’est qu’en absence d’oiseaux, cette saleté s’attaquera aux mammifères, chien, chat, rat, cheval, cochon d’inde et être humain. Je commence à mieux comprendre certaines piqûres inexpliquées aux bras, alors qu’on n’a pas eu un seul moustique de tout l’été, car cet acarien hématophage se nourrit de sang.

Dermanyssus gallinae grossit plusieurs centaines de fois. Photographie réalisée par Emmanuel MORENO et Bernard PESSON au laboratoire de Parasitologie de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg.

Le cycle de vie de Dermanyssus gallinae

Ce parasite, est un fléau. Selon les éleveurs d’animaux à plumes, une fois qu’on l’a fait entrer chez soi il est quasiment impossible de s’en débarrasser. On peut le tenir à distance avec une hygiène irréprochable et des désinfections régulière des cages avec des produits spéciaux, mais il est difficile de s’en défaire, car la journée il se cache dans les anfractuosités des cages ou des logis, ce qui ne facilite guère son élimination. L’horrible acarien peut provoquer de l’anémie chez les sujets piqués, voire même la mort -chez les poules, les poussins, les rats et les ratons-, des dermatites -chez les animaux et humains touchés- ainsi que transmettre la salmonellose. De plus, une colonie de dermanyssus gallinae, est capable de survivre 6 mois sans nourriture. En Suisse, ce pou coûte 1,4 millions de francs par an à la filière de la volaille. L’un dans l’autre, moi ça m’a déjà coûté 150 francs et ce n’est pas fini.

Élimination: plan d’action

Autant dire, que depuis deux semaines, je suis femme au bord de la crise de nerfs. J’ai beau nettoyer, désinfecter, ces bestioles que j’ai appris à reconnaître malgré leur petitesse, réapparaissent de partout. De plus non, seulement mon appartement est contaminé, mais également la cave, et là ça s’annonce difficile car c’est une vieille cave à charbon, vin et jardinage avec le sol en terre battue. Je désespère. Mon plan d’attaque anti-pou:

-Se débarrasser de la litière infectée.
-Mettre de l’antiparasitaire (Strongold ou autre) sur les rats et autres animaux de la maison.
-Faire à fond le ménage des cages et du panier du chien.
-Les sprayer d’un produit spécial genre anti-mites (c’est ce qu’ils m’ont conseillé à la droguerie d’après le labo qui a fait l’analyse)
-Faire le ménage à fond chez soi, les lits, les meubles, plinthes, poubelles, cave et autres.
-Sprayer les endroits à risques avec l’anti-mites.
-Faire toutes ces opérations régulièrement car une fois qu’on a fait entrer
Dermanyssus gallinae, chez soi, on ne s’en débarrassera plus jamais.

Tout amour comporte ses côtés sombres. Et bien voilà! Je viens de recevoir en pleine tronche le côté apocalyptique de mon amour pour les rats. Naturellement, j’ai prévenu le magasin d’articles agricoles. Ils doivent me téléphoner lundi. J’espère qu’ils vont me prendront au sérieux, et retireront leur fichue litière contaminée de la vente. Sinon je serai obligée d’utiliser les grands moyens pour me faire entendre, et même si j’ai l’air de mine de rien, je sais quels organismes prévenir pour mettre la pression et leur faire perdre quelques clients, d’autant que je ne crois pas que les éleveurs de poules, d’équidés et autres fermiers qui se founissent chez eux, soient ravis d’apprendre cette nouvelle!

Pour ma part j’ai fait une croix sur la litière naturelle, d’autant que Madeleine l’an passé avait attrapé la teigne et des puces lors d’un changement de marque. J’ai toujours cru qu’elle devait se tromper. Qu’elle avait dû introduire ces parasites par un rat en provenance d’un éleveur douteux. Maintenant je la crois, et il est hors de question que je continue à prendre ces risques. Dorénavant mes rats reposeront sur des chiffons et des serpillières propres.

De la poussière de lin? Non! Dermanyssus gallinae le suceur de sang, le tueur de poussins.

Mon vétérinaire me trouve extra-douée pour dénicher les parasites. Il semblerait que n’importe qui d’autre -hormis peut-être un aviculteur ou un colombophile- serait passé à côté sans le voir, car avec sa taille minuscule, Dermanyssus gallinae, est souvent confondu avec du sable par les yeux novices.