Zoos humains dans les «Indes dégueulantes» : les pauvres parmi les pauvres, faire-valoir du luxe !

Publié le 13 septembre 2008 par Kamizole

Beark ! Beark ! Beark ! Décidément, l’argent-roi ou le culte du Veau d’Or ne connaît plus aucune limite dans l’ignominie vulgos ! Après les «bébés cobayes» les Occidentaux ont trouvé une nouvelle manière d’avilir davantage les Indiens les plus pauvres : les parer des accessoires du luxe pour en faire des «cheap modèles»…

L’Inde lance la mode du “pauvre chic”, par Julien Bouissou
LE MONDE | 11.09.08

©

Il faut lire l’article du Monde : l’inconscience la plus totale, le mépris de la personne humaine au service de la pub pour des «marques» que pour ma part, je conchie volontiers !

«India Pub» vue par «Vogue India»… loin de l’enchanteur «India Song» que j’ai vu à Paris en 1975 dans un parfait état d’apesanteur. Outre celui-ci, il n’est deux films à m’avoir fait le même effet d’être sur un petit nuage : «L’ange exterminateur» de Luis Bunuel et «Céline et Julie vont en bateau» de Jacques Rivette… Ce qui ne veut nullement dire que je n’apprécie pas énormément bien d’autres films.

Remarquons que la presse (sérieuse) indienne n’est pas tendre à l’égard de l’initiative de l’inqualifiable (cela m’évite les termes grossiers qui me sont venus spontanément !) et inepte Priya Tanna, rédactrice en chef du magazine «Vogue India».

Ainsi, “Rabaisser la pauvreté à ce niveau de frivolité enlève tout sérieux à ce qu’elle représente réellement. Comme si les bébés indiens pauvres, dont la vie est menacée par la malnutrition, pouvaient profiter d’un déjeuner sympathique en portant un bavoir Fendi”, écrit Archana Jahagirdar dans les colonnes du quotidien indien Business Standard.

Je ne sais si et où elle a pu poursuivre quelque étude (et de quoi) mais indubitablement son niveau intellec-tuel et sa capacité de réflexion indiquent à l’envi qu’elle était absente lors de la distribution d’intelligence, celle du cœur notamment. Pour s’en convaincre il suffit de se référer à ses dires :

“Nous avons voulu exposer de beaux articles de mode dans un contexte intéressant et plein de charme. Nous avons vu une immense beauté, de l’innocence et de la fraîcheur sur les visages que nous avons saisis”…

Atteindre un tel niveau de connerie indifférente à la réalité sociale la plus criante n’est pas donné à tout le monde ! Même Marie-Antoinette avec son «Ils n’ont pas de pain ? qu’ils mangent de la brioche !» (sans doute apocryphe mais entré dans l’histoire) est largement dépassée !

Vivant dans sa tour d’ivoire, dans un milieu protégé des réalités les plus concrètes (les pauvres lui sont devenus invisibles quand ils ne sont pas «pittoresques» !) Priya Tanna «croit» au contraire que le luxe n’est plus interdit aux pauvres : “La mode n’est plus le privilège des riches. N’importe qui peut la porter et la rendre magnifique.”, confondant indubitablement pauvres et classes moyennes…

Alors même que Julien Bouissou constate que si la misère est loin d’avoir disparu – les statistiques témoignent hélas du contraire : 456 millions d’Indiens vivent avec moins de 1,25 dollars par jour selon les chiffres publiés récemment publiés par la Banque mondiale… ils ne risquent guère de «distraire» même quelques cents de ce maigre viatique pour économiser dans le but d’acquérir un bavoir Fendi à 100 dollars ou tout autre parapluie Burberry à 200 dollars ! - le regard porté sur elle a changé :

“Le problème est que les Indiens aisés sont devenus complètement aveugles à la misère”, estime Pavan Mehta, l’auteur d’un essai intitulé Quand l’Inde s’éveillera.

Il reste à se demander si ces images et la controverse qu’elles ont suscitée leur ouvriront leurs yeux… Ce dont je doute beaucoup. En plus d’être aveugles, les riches (et moins riches) sont devenus plus égoistes que jamais et très agressifs contre les «salauds de pauvres».