Un monde à la douleur idyllique

Par Bougrenette

Mon cher et tendre Amour, ces mots pour te mettre, enfin, face à la réalité que tu ne sembles pas vouloir entrevoir. Te souviens-tu de cette nuit d’hiver, où tu as joué à la sorcière ? Avec ce livre déniché au fond d’une boutique sombre, tu y étais entrée comme malgré toi, par curiosité, comme poussée par une force invisible. Cette nuit là, tu avais ouvert le livre sur un maléfice tout particulier, tu voulais qu’on t’aime, tellement. Consciencieusement tu as suivi à la lettre le rituel, allumé les bougies et murmurer aux démons l’incantation, souviens toi. Je t’en prie, la fin tragique qui aurait dut être sans issue. Je ne suis qu’une chimère, un être irréel, né de tes fantasmes de femme, je n’ai ouvert les yeux, un matin d’hiver, que pour t’aimer au-delà de tout, te sauver, bravant les feux de l’enfer, pousser par ton appel. Mais il m’est aujourd’hui impossible de rester, le prix à payer serait trop grand, car tu devrais mourir pour pouvoir me suivre et je ne peux l’envisager sans me sentir briser, je ne peux te faire vivre l’éternel tourment, la douleur perpétuelle d’une mort à tout jamais. Mon cher et tendre Amour, ces mots pour te dire adieu et pour te demander, te supplier, de ne plus jouer au creux de la nuit à appeler l’amour avec le sang de tes veines. Je t’en prie du fond de mon agonie d’immortel.
Lucifer

* Un écho suite à une note du Chevalier Lancelot, un défi difficile, faut le dire, j'ai pris un chemin détourné.
Illustration Lilyas, Lily