LIBAN : le mystère des Forces Libanaises.

Publié le 22 septembre 2008 par Drzz

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LIBAN : le mystère des Forces Libanaises.

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Miguel Garroté – Un peu d’histoire ne peut pas nous faire de mal. Au Liban, hier dimanche 21 septembre 2008, a eu lieu, la messe annuelle, du parti chrétien ‘Forces Libanaises’ (voir l’article de L’Orient - Le Jour reproduit en annexe). A cette occasion, le responsable du parti chrétien ‘Forces Libanaises’, Samir Geagea, a déclaré : « d’un cœur modeste, limpide, en toute sincérité et en toute transparence, devant Dieu et les gens, en mon nom et en celui de générations de résistants, vivants ou martyrs, je présente de profondes, de franches, de totales excuses, pour toute blessure, toute malversation, toute perte, tout dégât injustifié dont nous avons été responsables lorsque nous remplissions notre mission nationale, pendant la guerre (ndlr : 1975-1990). Je demande à Dieu et à toutes les personnes que nous avons lésées de nous pardonner, de transcender leurs douleurs, de nous donner de l’affection. Et à tous ceux qui basent leur fond de commerce sur nos douleurs et celles des gens, je dis : ce commerce, ces surenchères, cet abus du sang et des larmes des gens suffisent ; cette falsification de l’histoire suffit ».

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La demande de pardon de Samir Geagea m’inspire quelques rappels historiques et quelques réflexions personnelles. Samir Geagea a croupi en prison de 1994 à 2005, dans les sous-sols du ministère libanais de la Défense, sous contrôle et sous occupation syriennes. Samir Geagea a - évidemment - été torturé. A part cela, qui est Samir Geagea ? Si vous compilez les archives du quotidien Le Monde ou toute autre feuille de choux du même acabit, vous lirez, évidemment, que Samir Geagea était - et donc reste potentiellement - un dangereux milicien. C’est la version - ou plutôt la farce - officielle.

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Cela dit, Samir Geagea a effectivement occupé d’importantes fonctions au sein des Forces Libanaises pendant une partie de la guerre dite civile de 1975-1990. Dans les années 1980, une direction collégiale se met en place à la tête des Forces Libanaises. Deux personnalités très distinctes, Samir Geagea, un homme qui prie, médecin de profession, et Elie Hobeïka, un opportuniste sanguinaire, se partagent les responsabilités à la direction des Forces libanaises. En 1985, Elie Hobeïka trahit les siens en se mettant aux ordres du dictateur syrien Hafez el Assad. Samir Geagea, lui, reste fidèle. En 1990, l’ineffable général « chrétien » Michel Aoun, un mythomane qui se prend pour de Gaulle, lance, à la tête de l’armée libanaise, une offensive aussi effroyable que stupide contre les Forces Libanaises de Samir Geagea. L’incommensurable idiotie de Michel Aoun - aujourd’hui allié du Hezbollah - divise le camp chrétien et permet aux Syriens d’instaurer un régime libanais à leur solde et permet aux Syriens d’imposer au Liban la « pax syriana ». Samir Geagea refuse la capitulation et la collaboration avec un gouvernement libanais aux ordres de la dictature syrienne. Samir Geagea refuse de quitter son pays, il est accusé de soi-disant crimes dont il est innocent, il est arrêté en 1994 et emprisonné par les Syriens jusqu’en 2005.

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Samir Geagea demande aujourd’hui pardon alors que d’autres dans le camp chrétien ont des raisons bien plus graves de demander pardon, d’autres dans le camp chrétien qui, justement, se gardent bien de demander pardon et qui, en plus, continuent leur basse politicaille de pétainistes version libanaise, sur le dos des chrétiens et sur le dos du Liban. Certains chrétiens libanais sont un peu comme certains chrétiens français. Ils ont la mémoire à la fois courte et sélective. Ayant connu de très près et sur le terrain l’entourage de Samir Geagea pendant la guerre, je tenais a lui rendre ici hommage. Car en dépit des apparences et des médisances, un homme qui ose demander pardon est aussi un homme qui sais rester debout.

Miguel Garroté

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Annexe :

L’Orient - Le Jour, édition du lundi 22 septembre 2008. Extraits adaptés par monde-info. (début de l’article de L’Orient-Le Jour) Dans un geste qui entrera dans l’histoire, le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea a demandé pardon à tous ceux que les FL ont lésé, volontairement ou pas, durant les années de guerre. « Nous avons fait des erreurs », a-t-il reconnu, au cours de la messe annuelle du parti qui a eu lieu hier dimanche 21 septembre 2008. Plus tard, Samir Geagea a évoqué, sans les nommer, le CPL de Michel Aoun et le Hezbollah de Hassan Nasrallah, mettant en évidence leurs contradictions. Sans oublier son vibrant appel à l’unité chrétienne, dans l’héritage des Chamoun, Gemayel, Eddé, Honein, Malek, Boulos, etc. C’est sous un slogan particulièrement rassembleur – « Nous étions frères dans le martyr, soyons frères dans la vie » – que les Forces libanaises ont commémoré hier, au complexe sportif Fouad Chéhab à Jounieh, les « martyrs de la résistance libanaise », au cours d’une messe parrainée par le patriarche Sfeir, représenté par Mgr Roland Abou-Jaoudé, qui a notamment déclaré : « Grand est celui qui pardonne, encore plus grand est celui qui demande le pardon »… Et puis, juste après la messe, Samir Geagea a occupé la tribune. Le chef des FL a naturellement commencé son discours par un fervent hommage à tous les martyrs et notamment au dernier d’entre eux, décédé au cours de l’incident de Bsarma, Pierre Ishac, « martyr de la liberté, de la loyauté, du Koura, du Nord ; martyr des Forces libanaises ». Et d’enchaîner en relevant que ce qui fait le plus de mal au martyr lui-même, à sa famille et à ses proches, « ce n’est pas tant la mort en tant que telle, mais les tentatives de nier ce martyr, de le souiller, de le rapetisser, de le détourner et de s’en moquer, dans des buts très gagne-petit. Mais s’il y a un temps au mensonge, il y a mille temps en faveur du droit et de la vérité », a-t-il assuré, avant de s’adresser directement aux morts… « Vous êtes les martyrs de tous les Libanais ; sauf que certains refusent de vous prendre en considération, refusent votre héroïsme, contestent votre mémoire et méprisent les larmes de vos mères, pères, époux et enfants. Certains vous accusent de tous les maux, transforment vos victoires en crimes, vous jettent dans leurs fosses communes illusoires… Vous qui, lorsque tous étaient aux abonnés absents, avez défendu la patrie, protégé la souveraineté, la liberté et la sécurité ; vous réussissiez même à contrôler la contrebande de marchandises, de farine et de pain vers Chypre et la Syrie pour le compte du Trésor… Certains vous ont alors dépeints comme des criminels, des mercenaires, des voleurs de pain… Mais vite, très vite, le mensonge éclate au grand jour », a rappelé Samir Geagea. Le chef des FL a alors constaté qu’« une fois que nous sommes sortis des flammes de l’enfer, nos contempteurs n’avaient plus rien à leur disposition – à part vivoter au milieu de leurs fosses communes, d’y fouiller, de les déterrer, de ramener le passé en le dévoyant, de puiser dans leurs livres sataniques toutes les horreurs de toute la guerre du Liban et nous les jeter à la face, oubliant qui les menaçait, qui mettait leurs biens en péril, qui hypotéquait leur liberté, qui dynamitait leur avenir et celui de leurs enfants »… « Nous avons défendu la patrie avec les moyens du bord ; lorsque l’État a péri, nous avons essayé de sauver ce qui pouvait l’être, en toute sincérité, avec beaucoup de détermination… Mais l’erreur est humaine, surtout en de telles circonstances. Nous avons parfois commis des erreurs ; certains d’entre nous ont été à l’origine d’exactions que nous jugions inadmissibles – certaines de ces exactions étaient malheureusement ignobles », a-t-il reconnu. « Alors, en cette occasion ; d’un cœur modeste, limpide ; en toute sincérité et en toute transparence ; devant Dieu et les gens, en mon nom et en celui de générations de résistants, vivants ou martyrs, je présente de profondes, de franches, de totales excuses, pour toute blessure, toute malversation, toute perte, tout dégât injustifié dont nous avons été responsables lorsque nous remplissions notre mission nationale, pendant la guerre… Je demande à Dieu et à toutes les personnes que nous avons lésées de nous pardonner, de transcender leurs douleurs, de nous donner de l’affection. Et à tous ceux qui basent leur fond de commerce sur nos douleurs et celles des gens, je dis : ce commerce, ces surenchères, cet abus du sang et des larmes des gens suffisent ; cette falsification de l’histoire suffit », a affirmé Samir Geagea sous un tonnerre d’applaudissements. Reconnaissant que partout, n’importe où, les citoyens exhortent leurs responsables et leurs dirigeants à s’entendre entre eux, le chef des FL a déclaré que, lui aussi, « aspire à l’unité interchrétienne ». Pour deux raisons : pour le concept en lui-même et parce que cette unité est « le prélude naturel à celle du Liban ». Sauf que… « pour l’amour de Dieu, dites-moi, autour de quoi devons-nous, pouvons-nous nous unir ? Nous unirions-nous sur le principe de l’armement pérenne du Hezbollah au détriment de l’État et jusqu’à la libération de toute la Palestine, jusqu’à la récupération de Jérusalem et de l’ensemble des terres arabes occupées, jusqu’au règlement de toute la crise du Proche-Orient ? Nous unirions-nous autour d’une enquête contre l’armée, à qui l’on demanderait pourquoi elle a envoyé cet hélicoptère dans lequel le capitaine Hanna est tombé en martyr à Sojoud ? Ou nous nous unirions autour du bien-fondé de la guerre de juillet, autour du concept de guerre ouverte, autour d’un Liban front orphelin de résistance alors que ceux-là mêmes qui doivent résister mènent des négociations avec Israël ? Voulez-vous que l’on s’unisse sur le fait que la Syrie doit être notre nouvelle tendre mère ; sur le fait que l’on doit combattre l’impérialisme américain au Proche-Orient et dans le monde entier jusqu’à la victoire finale ? Nous unirions-nous sur la nécessité d’amender la Constitution pour que le chef de l’État soit élu au suffrage universel ; nous unirions-nous sur le fait qu’un sit-in dans le centre-ville et que des routes bloquées par des pierres, du métal et du feu sont des moyens à même d’imposer le changement et la réforme ? » a demandé le chef des FL. Les chrétiens du 8 Mars et les Ottomans… Samir Geagea a vite donné la réponse : les chrétiens s’unissent autour de leurs « constantes historiques », qui ont toujours su les cimenter, « de l’alliance tripartite (le Helf) au Front libanais. Ceux qui veulent savoir quelles sont ces constantes doivent relire les communiqués de ces deux groupes, doivent relire Camille Chamoun, Pierre Gemayel, Raymond Eddé, Charles Malek, Édouard Honein, Jawad Boulos et Bachir Gemayel », a-t-il insisté, faisant ainsi sien les héritages de ces pères de la politique libanaise. « Comment se positionnent aujourd’hui les chrétiens du 8 Mars par rapport à ces constantes ? Oui, il est urgent que l’on s’unisse, mais les autres accepteraient-ils que nous nous unissions autour de ces valeurs ; que l’on combatte ensemble en leur nom et pour elles ? Ou bien ont-ils définitivement laissé tomber le slogan “Ma patrie a toujours raison” pour un autre : “La Syrie et le Hezbollah ont toujours raison” ? », a-t-il asséné, avant de s’en prendre à tous ceux qui font « ce qu’il y a de plus ignominieux au monde : fouiller des tombes qui n’existent pas, raviver des plaies béantes, ranimer un passé haï, souiller l’image des autres, dresser des groupes et des communautés les uns contre les autres, défendre corps et âme les ennemis du Liban, accuser Bkerké et son maître d’être des petits serviteurs auprès d’une ambassade – le tout pour de mesquins et misérables tout petits gains politiques… Voilà les pires facteurs de désunion et les Ottomans, malgré toute leur iniquité, n’en sont pas arrivés là », a déploré le chef des FL dans une allusion à peine voilée au CPL de Michel Aoun. S’adressant ensuite directement aux chrétiens, il leur a assuré que « le destin du Liban, le destin de vos enfants et petits-enfants est entre vos mains », en évoquant clairement les législatives de 2009. « Ou bien vous vous débarrassez des considérations étroites, vous votez sur des bases historiques, éthiques, nationales, ou bien vous serez responsables, sans que vous l’ayiez voulu, de davantage de schismes au sein de la communauté chrétienne, de davantage de régression pour le Liban », a lancé Samir Geagea. « Ce Liban que vous aimez est en danger ; le danger s’appelle démagogie criminelle, populisme destructif, propositions venimeuses. Mais son salut est entre vos mains ; soyez pionniers, visionnaires, éclairés – c’est ainsi que les chrétiens s’uniront, que le Liban sera sauvé », a-t-il encore dit, avant de dire quelques mots dans le même sens aux chrétiens, « les plus anti-FL ou les plus anti-Geagea ». S’arrêtant ensuite sur la révolution du Cèdre et à l’alliance du 14 Mars, « issus de la quintessence du patrimoine chrétien et libanais », Samir Geagea a rappelé que cette révolution a été contrée par mille et un actes terroristes, mille et une pressions, « énormes, mortelles, jusqu’à l’invasion de Beyrouth et de la Montagne… Mais le cèdre ne rompt pas, l’histoire n’abdique pas et la révolution du Cèdre ne se calmera pas, ne s’arrêtera pas ; nous n’aurons pas peur, nous continuerons, nous réaliserons le rêve dans sa totalité, le rêve d’un Liban identité, avec ses 10 452 km2, avec ses frontières bien tracées – fermes de Chebaa et collines de Kfarchouba incluses », a-t-il ajouté. Enfin, Samir Geagea a insisté sur le fait que « si l’enfer est pavé de bonnes intentions, la lutte contre Israël doit être pavée de logique, de calculs, du respect des opinions d’autrui, de l’entente entre tous. C’est ainsi que l’on s’oppose à Israël, c’est ainsi que l’on triomphe », a-t-il dit, jugeant que la stratégie de défense qui doit être adoptée au Liban « trouve sa source dans l’accord de Doha et dans la dernière déclaration ministérielle. Le monopole de l’autorité sécuritaire et militaire doit être réservé aux Libanais, à ceux qui tiennent les rênes de l’État, de façon à garantir la coexistence et la paix civile », a-t-il rappelé. « Mais malgré cela, certains ne se gênent pas pour dire qu’ils doivent garder leurs armes, parce que l’État est encore incapable de… Nous leur répondons : tant que vous n’évoluerez pas, l’État sera à jamais incapable de… Comment voulez-vous que l’État ait pleine jouissance de ses capacités alors que vous confisquez ses décisions, sa stratégie, son pouvoir et son prestige ? Comment, alors que, chaque jour, vous lui marchez sur les pieds, à l’État, et, parfois, lui piétinez la tête ? Comment, alors que vous ne reconnaissez pas la majorité des composantes de cet État ? » s’est encore interrogé Samir Geagea, dans une allusion au Hezbollah, avant de rendre un hommage particulièrement appuyé au président Sleiman (qui, avant de s’envoler pour New York, a pris contact avec le chef des FL pour lui présenter ses condoléances – idem pour Saad Hariri), au patriarche Sfeir, ainsi qu’à Bachir Gemayel.

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Les présents :

assistaient à la messe des FL une marée de partisans et de sympathisants (cinquante mille personnes), ainsi qu’un aréopage de personnalités : le ministre des Finances Mohammad Chatah, représentant le Premier ministre Fouad Siniora ; l’ancien président Amine Gemayel ; Maha Makari représentant son époux, le vice-président de la Chambre Farid Makari ; les ministres Nassib Lahoud, Ibrahim Najjar, Alain Tabourian, Élias Murr représenté par son attaché de presse Melhem Riachi, Élie Marouni, Bahia Hariri représentée par Mohammad Rawwas, Jean Oghassabian et Antoine Karam ; le député Saad Hariri représenté par le député Hady Hobeiche, Sethrida Geagea, Solange Gemayel, Nayla Moawad, Ghenwa Jalloul, Élie Aoun, Élie Keyrouz, Akram Chehayeb, Élias Atallah, Antoine Andraos, Antoine Zahra, Pierre Daccache, Jamal Jarrah, Georges Adwan, Riad Rahhal, Atef Majdalani, Abdallah Farhat, Farid Habib, Kassem Abdel-Aziz, Moustapha Allouche, Nehmé Tohmé, Nicolas Fattouche, Henry Hélou, Marwan Hamadé et Boutros Harb. Étaient également présents les anciens députés et ministres Camille Ziadé, Farès Souhaid, Gabriel Murr, Antoine Haddad, Joe Sarkis et Samir Mokbel ; le chef du PNL Dory Chamoun représenté par son épouse Dorothy Chamoun, le Amid du BN Carlos Eddé représenté par Joseph Mrad ; Samy Gemayel, Nadim Gemayel, etc. (début de l’article de L’Orient-Le Jour)

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