Pour un nouveau modèle socio-économique : le Plurialisme

Publié le 25 septembre 2008 par Levidepoches

Le socialisme a échoué en 1989. Le libéral-capitalisme est en train d’échouer à son tour.

Ces systèmes manichéens, cherchant à tout résumer en une idée majeure trahie dans le même temps qu’elle est affichée, qui ont cherché à mener le monde, nous conduisent à la faillite, la perte, l’effondrement.

Même si les USA réussissent leur sauvetage ultime, il est clair que le modèle néolibéral du marché agissant pour le bien de tous n’a plus de sens. La collectivité est priée de renflouer les manquements de l’oligarchie ploutocratique.

Il ne s’agit ni de crier victoire ni de s’effondrer en larmes. Les choses sont telles qu’elles sont. Le réel est toujours plus vrai que les théories explicatives.

Il faut comprendre les mécanismes en jeu afin de construire une autre alternative évitant les écueils du passé, tout en sachant que de nouveaux surgiront inévitablement.

Quelle peut être cette alternative ?

Tout d’abord essayons de ne pas trancher de suite, de laisser au temps sa capacité à remettre du chaos dans l’ordre, de l’ordre dans le chaos, de l’étrange dans le quotidien.

Il y faut de la patience et de la ténacité, de l’imagination et de la persuasion, du doute et de l’audace.

Quelques pistes se présentent :

  • On peut très bien concevoir un modèle libéral non capitaliste : des entités non capitalistes (coopératives, entreprises d’État, ou régionales, ou municipales) peuvent être mises en concurrence, d’une façon a posteriori par la mise sur le marché, ou a priori par vote des citoyens sur les divers produits fabriqués, par exemple.
  • De même l’inverse est possible, c’est le modèle du capitalisme monopoliste d’État, par exemple de certaines entreprises françaises des années soixante-dix.
  • De même on peut concevoir une société hybride, avec des domaines capitalistes classiques pour le secteur marchand, des domaines coopératifs, ou associatifs, pour des secteurs non marchands ou d’échange.
  • Un service public n’est pas forcément privé ou étatique. Il peut être géré démocratiquement par des élus, des citoyens usagers, ou toute autre forme d’organisation.
  • Le secteur marchand peut fonctionner sans cotation boursière, avec des prêts consentis par des banques, garantis par l’État à la place de l’investissement capitaliste. L’avantage étant que le prêt remboursé, le prêteur n’agit plus sur la gestion de l’Entreprise.
  • Comme cela a déjà été tenté, des organisations peuvent être autogérées, sans que cela ne devienne obligatoire.
  • La croissance peut être d’un autre niveau, et se situer sur un plan plus intérieur à l’homme, moins consommateur d’énergie. On peut se passer du délire consumériste actuel sans que la qualité réelle de vie ne soit diminuée au contraire :
    • Développer des produits plus sains par l’agriculture locale, la préférence aux produits frais vis-à-vis des produits transformés, diminuer la part de viande dans la nourriture quotidienne, par exemple.
    • Accepter le ralentissement des déplacements, en faisant l’inverse de ce qui est programmé pour nous : travailler moins pour vivre plus lentement, de façon plus économe en énergie.
    • Etendre le prêt lorsque cela est possible (comme extension de bibliothèques), par exemple pour les meubles.
    • Créer des systèmes gratuits d’échange d’appartement.
  • Des ensembles de la société peuvent fonctionner et échanger hors du système bancaire, il existe déjà des débuts d’un tel fonctionnement via les SEL (Système d’Echange Locaux).
  • Etc.

=>Au fond, dans un modèle plurialiste, différents types d’organisation devraient pouvoir cohabiter dans une structure globale plus complexe, avec des parties capitalistes et d’autres non capitalistes, chacune fonctionnant au mieux dans une mégastructure qui l’englobe : il est impossible qu’un hôpital soit géré comme une usine d’automobiles, par exemple. Ce sont ces différentes organisations qui créeront un apport de souplesse, faisant en sorte à la fois de respecter les individus, leur sens de socialisation (certains aimant la compétition, d’autres non), et orientée de façon à préserver l’avenir, y compris comme potentialité diverse. Une sorte de socio, ou d’écodiversité (l’éco nomie rejoignant peut-être l’éco logie ) pourrait ainsi voir le jour, avec, comme dans le cadre de la démocratie, certes des conflits, mais régulés, policés, atténués par l’acceptation que l’autre peut avoir des choix différents sans que cela n’interfère avec les siens propres.

La force du capitalisme, par rapport au socialisme, a été que d’une part il poussait les acteurs économiques à créer de la croissance (le capitaliste qui investit et le salarié qui travaille), ce qui tendait à une amélioration généralisée de la richesse globale ; d’autre part sa souplesse lui permettait de se séparer des branches économiques non viables sans que tout s’écroule (les faillites). La conséquence était la pauvreté générale des travailleurs, moteurs de croissance mais non bénéficiaires de celle-ci, et le délaissement social lors des dites faillites.

Ce système s’est actuellement fourvoyé dans des constructions financières de type pyramidal, oubliant le moteur fondamental qui a été le sien, la création de survaleur par la création de biens (matériels ou immatériels). À l’échelle de la planète, il est à craindre que la crise soit majeure et qu’il faille trouver ailleurs des réponses à la suite de l’aventure humaine : crainte et espoir dans le même instant.

Un modèle de plurialisme, au niveau économique, devrait tout à la fois conserver la souplesse du capitalisme, au moins en partie, et la relative sécurité économique que semblait procurer le socialisme. Le corollaire de cela est la création de limites, tant à la pauvreté, afin que chacun puisse vivre au moins a minima, et à la richesse, afin qu’un petit groupe d’individus ne puisse s’accaparer les richesses d’une nation, voire de la planète.

Au niveau philosophique, il s’agit d’essayer de trouver un moyen terme entre deux hybris (liberté sans égalité ou égalité sans liberté, les deux ayant oublié la fraternité), chercher la médiété aristotélicienne, un système d’équilibre entre les besoins contradictoires de chacun et l’intérêt de tous à ce que l’humanité perdure sur l’espace, non infini, qu’elle occupe.

Cela me semble être une quête souhaitable, où les idées contradictoires doivent se confronter sans s’affronter, où les ego hypertrophiés doivent pouvoir faire place aux réflexions, tant il est vrai que réfléchir les idées d’autrui permet d’enrichir sa qualité d’être, à défaut d’enrichir sa part d’avoir.

Posté par : jeremy dumont

Posté sur : le vide poches

Source : Journal AgoraVox, léon