La toxique question des déchets

Publié le 26 septembre 2008 par Nathalie Jouat

Déchets toxiques, non biodégradables, encombrants et malodorants, notre société de consommation en produit des tonnes par an et par personne, sans compter ce que l’on pourrait qualifier de déchets “virtuels” (en référence à l’eau virtuelle ), c’est-à-dire les déchets produits lors de la création des biens que nous consommons, qui eux-mêmes finissent en déchets un jour ou l’autre ! Dans la sympathique mais non moins intelligente vidéo de Story of Stuff, la présentatrice nous informe qu’en moyenne 1% de tout ce qui a servit à produire un objet se retrouve dans l’objet final, intéressant … Ou plutôt affolant, surtout lorsqu’on lit comment certains se débarrassent des preuves de leurs mauvaise foi …

Cet article de Novethic met le doigt sur l’épineux problème du recyclage des ordinateurs et autres matériels informatiques. En effet, de nombreux programmes de solidarité exportent en grand nombre nos vieux ordinateurs démodés (quoi, t’as pas le dernier Core 2 Duo P8400 ? Rho la loose !) sans vraiment savoir où ceux-ci vont finir une fois qu’ils seront vraiment hors service. Visiblement, certains le sont déjà puisque qu’on envoie parfois des cacas sans noms qui s’entassent dans les décharges, où des enfants, travailleurs pauvres et employés payés (une misère surement) séparent les éléments sans la précaution requise à la manipulation de ce type de matériel ! Car il y a en a de la merdouille dans nos PC : des métaux lourds, des métaux tout court (comme le cuivre) qu’on extrait parfois à coup d’incinération toxique. Bien sûr, personne ne s’est posé la question de la destination finale des produits toxiques qui en découlent. Ainsi sachons que les nappes phréatiques sont polluées, que les cours d’eaux dégueulent d’une chimie qui asphyxie les poissons et eutrophise certains endroits.

C’est quand même un comble qu’on se serve des pays du tiers-monde comme de poubelles géantes !

Cette triste constatation n’est pourtant que le dessus de l’iceberg d’un problème plus grave : on a donné et on donne encore aux pays d’Afrique des biens de consommation sans leur expliquer comment en disposer une fois qu’ils sont usés. L’exemple du plastique est criant, on entend claquer les sacs plastiques attrapés dans les branches des baobabs, pour paraphraser un groupe que j’aime bien.

Très peu de villes ont des incinérateurs et encore moins des centrales de tri des déchets. Car s’il est évident que dans des endroits où la vie est un combat de chaque instant le recyclage n’est pas une priorité, il n’en est pas moins que la santé passe par un environnement sain (j’ai dit sain, pas supra désinfecté à l’eau de javel). Comment alors garantir la sécurité des enfants qui jouent à proximité des décharges à ciel ouvert, pleine de plomb, de mercure et de déchets en putréfaction ? Comment éviter l’intoxication des organismes affaiblis des malheureux qui consomment l’eau de rivières souillées par les polluants chimiques ?

En Asie, comme le souligne Ecolife c’est un business. Certaines entreprises sont spécialisées dans la récupération et la valorisation des différentes parties du matériel informatique. C’est très bien, mais bonjour le bilan carbone du produit si à chaque fois qu’on fabrique un ordinateur, il faut l’envoyer se recycler à l’autre bout du monde après utilisation (ou « obsolescence »).

Vous vous souvenez du film Wall-e ? Le regard du réalisateur sur notre planète dans quelques centaines d’années n’est pas si utopiste que cela malheureusement. Dès aujourd’hui il nous faut repenser à un système de croissance qui ne repose pas uniquement sur l’accumulation de biens ou la mise à jour excessive de nos possessions. C’est au consommateur à faire ce choix, avec l’aide des médias et du gouvernement car comme disait Nicolas Hulot «  Il ne faut pas créer la tentation d’un côté et la culpabilité de l’autre ».