Müh, le théâtre nu...

Publié le 30 septembre 2008 par Filipe93
Non, cher lecteur et lectrice adorés (même toi, là-bas au fond, qui n'ose pas venir me dire bonjour quand l'occasion se présente !), cet article ne parlera pas de frasques seskuelles sur une scène et derrière un rideau rouge !
Figurez-vous que dans la liste des choses que je veux accomplir avant d'être trop vieux pour pouvoir le faire, il y en a deux ou trois qui ne nécessitent pas d'avoir bu beaucoup d'alcool avant, ou de se munir d'une doudoune de 10 cm d'épaisseur et d'un dictionnaire de Norvégien.
Parmi ces choses là figuraient en bonne place "Prendre des cours de théâtre".
Pas pour la scène ou pour la représentation.
Plutôt pour travailler ces aspects que je n'aime pas réellement chez moi : ma voix, ma posture, mon air vaguement endormi et constamment dédaigneux (à ce qu'il paraît), l'impression que je donne d'être souvent ailleurs, pas vraiment là, pas vraiment présent...
Corriger ses défauts, les remplacer par autre chose...
En m'inscrivant aux cours de la Compagnie Théâtrale Müh à Grenoble, je n'imaginais pas que j'allais trouver exactement l'inverse.
Stéphane Müh, acteur, créateur et metteur en scène, nous oblige au contraire à nous défaire des maniérismes, des habitudes, des tics de langage et de visage pour les remplacer par... rien du tout.
Sous son regard acéré et ses remarques impitoyables (comment ça, je joue comme un hidalgo qui aurait mangé trop de choucroute ?), il nous incite à faire tomber le masque.


Faire tomber le masque social que nous avons construit pendant des années, celui que nous arborons avec nos collègues de boulot et notre serveuse préférée (que je salue au passage).
Revêtir un autre masque, matériel celui-là, neutre, blanc, sans expression. Pour obliger le corps à s'exprimer de la manière juste, en amenant ce que l'on est, et non pas en "construisant" un personnage ou en "interprétant" un texte.
Ne pas s'obliger à rectifier, à corriger, à adapter. Mais être là physiquement et mentalement.
Arrêter de réfléchir à la manière de "bien faire". Et faire, tout simplement...
Et c'est dur d'être là, sur scène.
De se sentir nu, sans artifice, de se donner aux spectateurs dans un naturel qui révèle plus de soi qu'on ne le voudrait.
Et parce que c'est dur, ça m'est nécessaire.