Anthologie permanente : Jean-Pierre Chevais

Par Florence Trocmé

Il a cru voir l’oiseau sortir du tablier de la cheminée voleter dans la pièce il est sûr – l’air d’ailleurs on le sent est moins épais le cœur est plus léger la pièce tangue tourne se retourne sur elle-même – exultate jubilate – suffit il ne faudrait tout de même pas croire encore que.

Lehr mich reden, Gras – enseigne-moi la parole, herbe – lehr mich tot sein und hören, lange, und reden – enseigne-moi à être mort et à entendre, longuement, et à parler – Stein, lehr du mich bleiben – pierre, enseigne-moi à demeurer – Wasser, frag mir, und Wind, nicht nach – eau, ne te soucie pas de moi, ni toi, vent.

(poème de Johannes Bobrowski)

Barque qui t’a faite si légère que tu verses avant même d’aborder le détroit sur des mers inconnues – barque qui t’a faite si lourde que tu racles les fonds sans même pouvoir atteindre la source où tu fus mise à l’eau – regarde tu dérives depuis quand et tu cognes d’un côté le pays des vivants de l’autre le pays des morts.

Jean-Pierre Chevais, Précis d’indécision, Atelier La Feugraie, 2007, p.14, 38, 54
80 pages, isbn, 978-2-905408-77-8, 12 €

Sur ce livre, lire dans Poezibao la note de Georges Guillain

Note bio-bibliographique de Jean-Pierre Chevais


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