LE PARANORMAL et les JEUNES

Publié le 07 octobre 2008 par Osmose

En cette fin de XXième siècle, le surnaturel et le paranormal reviennent au galop. Normal.

Chassez le naturel, . Depuis toujours, l'homme a été fasciné par le merveilleux, l'inexplicable, le mystère. Toutes les civilisations ont eu leurs clairvoyants, astrologues, devins, augures, sibylles, prophètes, sorciers, nécromanciens qui plongeaient nos ancêtres dans les abîmes de la terreur. Avons-nous vraiment changé ?

J'en doute vu qu'une bonne partie de la population se passionne encore pour des phénomènes tels que l'astrologie, la parapsychologie, la voyance ou encore les OVNIS.

Le surnaturel des Anciens s'est paré de noms pseudo scientifiques mais les croyances demeurent sous une autre forme.

J'ai l'humilité de croire pour ma part que chaque adulte possède suffisamment son libre-arbitre pour faire la part des choses et pour accepter ou rejeter ces phénomènes.

Mais peut-on en dire autant des jeunes particulièrement sensibles aux phénomènes occultes ?

Le constat est accablant. Commençons par une petite péripétie personnelle sans grand intérêt mais qui n'est pas si innocente qu'il ne pourrait paraître de prime abord.

Récemment, je suis parti à la recherche d'une tétine pour le fils d’un ami, bébé âgé de sept mois. J'ai été surpris de constater qu'il existait en pharmacie des tétines décorées aux signes du zodiaque.

Il semblerait même que ces "tutes" se vendaient comme des petits pains. Je ne suis cependant pas certain que ces astrotétines permettent à nos bambins d'être plus sages ou de dormir mieux ! Passons.

Les enfants en âge scolaire n'échappent à la déferlante du paranormal. Souvent, étant instituteur, j'ai trouvé des méthodes de lecture ou des livres scolaires (fort éloignés de nos bons vieux contes traditionnels) où les sorcières, les fantômes ou les soucoupes volantes régnaient en maître. Il existe même des collections de livres pour jeunes lecteurs uniquement consacrées au fantastique et à l'horreur.

On me rétorquera non sans un certain bon sens qu'il faut laisser une part de rêve et d'imagination aux enfants, qu'il s'agit là d'un élément essentiel pour leur développement psychologique.

Certes, certes. Mais il me semble qu'il y a peut-être des limites à ne pas dépasser.

On construit ainsi une génération susceptible de consommer plus tard du paranormal à forte valeur ajoutée.

Ceci reste encore relativement anodin par rapport à la situation que connaissent beaucoup d'adolescents. Le surnaturel de pacotille fait dans cette catégorie de la population souvent fragile psychologiquement des ravages à peine imaginables.

Tout le monde a au moins pris connaissance de cas de profanations de cimetières à caractère satanique. Une série de jeune gens vouent une véritable haine aux institutions établies et à l'Eglise catholique. Ils se tournent dès lors vers ce culte alternatif qu'est le satanisme qui préconise la loi du plus fort.

Il y a quelques années en France, un " jeune fou de Satan" a lâchement assassiné un prêtre sans véritable raison si ce n'est celle d'avoir le plaisir de tuer un ecclésiastique. Ce genre de cas reste bien sûr exceptionnel. Il n'en reste pas moins significatif. Il existe une véritable croyance dans le surnaturel chez les jeunes. Interrogez des adolescents dans votre entourage.

Vous serez stupéfaits de voir le nombre d'entre-deux qui s'adonnent à la pratique spirite dite du "oui-ja". Le principe en est très simple. On se réunit entre amis autour d'une table sur lequel est déposé un verre retourné.

On place également autour du verre des cartons avec les lettres de l'alphabet. Les participants placent un doigt sur le verre et celui se met à bouger en direction des lettres formant ainsi des messages envoyés par des "esprits".

Ces jeunes qui s'adonnent à ce néo-spiritisme sont persuadés de rentrer en contact avec l'au-delà. Sensations garanties mais cette pratique est terriblement dangereuse pour l'équilibre psychologique d'adolescents qui doivent encore se construire une personnalité. On connaît des cas d'hospitalisations psychiatriques et même de suicides chez des jeunes gens ayant participé à une séance de "oui-ja".

Il n'y a rien de bien mystérieux pourtant dans cette pratique. Le verre ne bouge pas sous l'emprise d'"esprits désincarnés" mais bien par des mouvements musculaires inconscients ou plus prosaïquement grâce à la fraude de certains jeunes participants trop heureux d'épater la galerie.

Pour s'en convaincre, il existe des méthodes de contrôle dont la plus simple consiste à bander les yeux des participants.

Allez cependant expliquer cela à ces jeunes qui connaissent mieux la magie noire et la sorcellerie que leur cours de physique !

En Communauté française, une récente enquête a prouvé que 8% des universitaires croyaient à l'astrologie, 11% aux envoûtements, 12% à la voyance, 35% aux extra-terrestres et 73% aux médecines parallèles.

Des enquêtes sociologiques ont même démontré que plus le cursus scolaire est élevé plus la croyance en l'occulte est grande.

Pendant ce temps, les résultats de nos jeunes en mathématiques et en sciences les placent parmi les plus mauvais des pays industrialisés. Nous en sommes là.

A qui la faute ?

Tout d'abord à l'incroyable profusion de livres, d'articles et maintenant de sites Internet consacrés à ces phénomènes bien étranges. On ne rappellera jamais assez le rôle essentiel que les médias jouent dans l'éducation et l'information des citoyens. Trop souvent le sensationnalisme l'emporte sur une véritable information scientifique.

Ensuite, l'enseignement ne fait pas toujours le nécessaire pour que ses élèves développent leur sens critique et possède le minimum de culture scientifique. Les enseignants sont même paraît-il une des catégories de la population qui croient le plus au paranormal.

Or, nous savons tous l'influence que nous pouvons avoir sur ceux que nous devons éduquer. Je lance donc un appel à mes collègues enseignants pour que ceux-ci développent l'esprit critique des jeunes, leur font retrouver le sens des réalités, le plaisir de l'expérimentation scientifique, de l'interrogation philosophique et du débat contradictoire.

Il ne faut pas nier à priori le surnaturel mais il faut se garder d'affirmer des tas de choses sans preuve. C'est au prix de cette rigueur que nous parviendrons à faire reculer chez les jeunes la crédulité dans ces parasciences.