Les contradictions de Ségolène Royal

Publié le 28 juin 2007 par Serge Baccou

Les élections sont derrière nous et du coup la parole de Ségolène Royal se libère au risque de contredire des positions encore affichées il y a quelques jours.

Vie publique, vie privée
Les révélations ont commencées le soir même du second tour des élections législatives avec le vrai faux scoop de l'annonce de la séparation de Ségolène Royal avec son compagnon François Hollande. Elle affirmait encore fin mars "oui, nous sommes ensemble et oui, nous vivons toujours ensemble". On peut aussi se demander à quoi bon attaquer l'éditeur de l'ouvrage La Femme Fatale de Raphaëlle Bacqué et Ariane Chemin (voir ma note Le livre "la femme fatale" attaqué) ? Notons aussi la violence de la déclaration de Ségolène Royal au sujet de cette rupture : "J'ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté, désormais étalée dans les livres et les journaux, et je lui ai souhaité d'être heureux". On peut difficilement faire plus expéditif ! Une version hard du "gagnant-gagnant".

Les 35h et le SMIC à 1.500 €
Voici en substance ce que déclare Ségolène Royal à l'AFP jeudi 21 juin : "Par exemple, le SMIC à 1.500 euros brut dans cinq ans, qui est une idée phare de Laurent Fabius, ou la généralisation des 35 heures, sont deux idées qui étaient dans le projet des socialistes, que j'ai dû reprendre dans mon pacte présidentiel et qui n'ont pas du tout été crédibles". On croit rêver ! Comment peut-on lancer des promesses électorales et se renier si peu de temps après sous prétexte de ne pas avoir été élue ? Non que je sois pour la généralisation des 35h ou pour le SMIC à 1.500 €, mais j'imagine aisément le désarroi de certains électeurs qui avaient choisis Ségolène Royal sur ces critères-là.

Dans un entretien accordé au journal Le Monde le 28 juin, Laurent Fabius résume très justement la problématique en la centrant sur la question de la sincérité en politique : "On peut être partisan ou adversaire de l'augmentation du smic, mais si on affirme lors d'une élection être favorable à son augmentation, et qu'on déclare ensuite qu'on y croyait pas, cela devient un problème de nature quasi éthique et suscite un doute sur l'ensemble des propositions qu'on défend".

L'ordre juste ou juste du désordre (au PS)
Les socialistes ont sans doute fait les choses dans le désordre en décidant d'abord d'un programme puis en choisissant un candidat pour l'incarner. Mais alors que Ségolène Royal pense déjà à 2012, on peut se demander si quelqu'un pourra encore croire en ses promesses ? En attendant, c'est bien le désordre qui règne au PS.


Ségolène Royal critique son programme présidentiel
Extraits des journaux télévisés de France 2 (20 h) et de France 3 (19/20) du jeudi 21 juin 2007, reprenant une interview de Ségolène Royal la veille sur LCP ("Questions d'info").