Handicapé, se battre pour un travail décent!

Par Handiady
A la Roche sur Yon

Ils se battent pour un travail décent

En haut : Jean-Pierre Auvinet (à gauche). Martine Nourrisson (à droite). En bas : Thierry Craipeau (à gauche). Sylvain Pauchard (à droite).

Leur mot d'ordre : défendre l'idée d'un travail décent. Un slogan qui n'a pas eu beaucoup d'échos. Hier, ils étaient un peu plus de 200, seulement, à manifester.

Les plus courageux étaient là. Ou les plus convaincus. Mais au final, ils n'étaient pas bien nombreux, hier, pour cette journée mondiale consacrée à la défense d'un travail décent. Symboliquement, à l'appel de l'intersyndicale (CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires, mais pas Force ouvrière), les salariés, du privé comme du public, étaient rassemblés devant les locaux du Medef, à la chambre de commerce et d'industrie. Un peu plus de 200 salariés avaient répondu à l'appel. Certains au grand jour, d'autres préférant rester dans l'ombre. Ils étaient venus pour défendre une certaine idée du travail, un travail qui libère plus qu'il n'enchaîne. Après un discours lu par Jean-Marc Jolly au nom de l'intersyndicale, une petite délégation a rencontré Jean-Paul Dubreuil, patron du Medef, puis une opération escargot (de circonstance vue la météo) a conduit les manifestants jusqu'à la préfecture. Une poignée de sympathisants du mouvement Ni pauvres ni soumis ont également fait valoir leurs droits. Des porte-paroles des principales organisations ont ensuite été reçus par les services du préfet.

• Jean-Pierre Auvinet, salarié chez Jeanneau, aux Herbiers. « Un travail décent, c'est d'abord un poste avec de bonnes conditions, et un salaire pour vivre, pour se loger, se nourrir, partir en vacances. Chez Jeanneau, on ne peut pas dire que nos conditions de travail sont menacées, mais nous devons être vigilants, car la pression est de plus en plus forte. On nous demande toujours plus de productivité, et cela engendre aussi du stress. La productivité, pourquoi pas, mais tout le monde doit s'y retrouver, l'entreprise comme le salarié. »

• Martine Nourrisson, secrétaire médicale à l'hôpital Georges-Mazurelle, à La Roche-sur-Yon. « Un travail décent, c'est d'abord de pouvoir boucler ses fins de mois, sans galérer, en vivant normalement, sans devoir toujours tout compter. Aujourd'hui, on est soumis à des situations de stress de plus en plus souvent. D'ailleurs, quand on discute entre collègues, on entend régulièrement des personnes qui sont manifestement en situation de souffrance au travail. Je suis très étonnée de voir qu'il n'y a pas plus de monde aujourd'hui. »

• Thierry Craipeau, du mouvement Ni pauvres ni soumis. « Pour nous, un travail décent, c'est d'abord un travail, tout simplement. Car malheureusement, les personnes en situation de handicap sont beaucoup plus confrontées au chômage que les personnes valides. Le taux de chômage des handicapés est trois fois plus élevé. Dans ce domaine, l'État est loin de montrer l'exemple. À peine 4 % de travailleurs handicapés sont employés dans les services de l'État alors que la loi fixe l'obligation légale à 6 %. Pourtant, la loi ne date pas d'hier, elle existe depuis vingt ans. Paradoxalement, ce sont les entreprises de moins de 20 salariés, pourtant pas soumises à cette même obligation légale, qui montrent le bon exemple. »

• Sylvain Pauchard, enseignant au collège Herriot, à La Roche-sur-Yon. « Un travail décent, c'est pouvoir disposer de conditions d'enseignement décentes. Or, aujourd'hui, le nombre d'enfants, en particulier dans le primaire, n'arrête pas d'augmenter, avec de plus en plus souvent, des classes de plus de 30 élèves. Pour nous, il est important de nous rattacher à ce mouvement, parce que ce combat pour des conditions décentes, c'est aussi un combat pour les élèves et leur avenir. Aujourd'hui, la précarisation ne fait que grandir un peu partout. Nous devons rester mobilisés. »

Propos recueillis par Philippe ECALLE.

Ouest-France