Retour en France du Grand noeud de corsage de l'impératrice Eugénie

Publié le 11 octobre 2008 par Marcmenant

Grâce à une contribution sans précédent dans son histoire de 5 millions d’euros provenant des legs des docteurs Michel Rouffet et de son épouse , la Société des Amis du Louvre a permis le retour en France d’un des plus beaux bijoux de l’ancienne collection des Diamants de la couronne. Le Grand noeud de corsage de l’impératrice Eugénie sera prochainement exposé dans la Galerie d’Apollon aux côtés des autres Joyaux de la Couronne revenu dans le patrimoine national.

C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855, que Napoléon III décide de faire appel aux plus grands joailliers afin de révéler au public international le niveau d’excellence de la joaillerie parisienne. En plus des couronnes impériales et des parures spectaculaires, sera notamment composée pour l’impératrice une extraordinaire parure de feuilles et fruits de groseilliers par Bapst et Kramer comportant une longue guirlande, un devant de corsage, une suite de broches à pampilles et une ceinture.
Cette ceinture qui réunissait à elle seule plus de 4500 diamants était le chef-d'oeuvre de François Kramer, jeune créateur qui avait su gagner ainsi la faveur de l’impératrice Eugénie, l’une des plus belle femme de son temps et icône de mode pour toutes les cours d’Europe. Dès 1864, elle choisit de ne garder de cette imposante ceinture que l'élément central. Adapté en devant de corsage, agrémenté de chutes de brillants en pampilles, il devait être épinglé sur le buste et retomber jusqu’à la taille.
Le nœud est assorti de deux glands de passementerie, dont les franges, entièrement flexibles, sont rendues avec un souci de réalisme extrême. Le sertissage, réunissant non moins de 2634 diamants dont 2438 brillants pesant 140 carats, est entièrement ajouré, articulé, et traité en relief, il est destiné à faire scintiller les pierres au moindre mouvement.
Le 12 mai 1887, les bijoux de la couronne de France sont vendus aux enchères par les autorités de la IIIe République. La « broche nœud » est adjugée à 42,200 francs, soit 85,000 euros de l’époque au bijoutier Emile Schlesinger pour le compte de Caroline Astor, grande figure de la haute société américaine.
À l’annonce de sa mise en vente chez Christie’s à New York, le Louvre et sa société d’amis décident de tout mettre en œuvre pour permettre le retour en France du bijou. La vente aux enchères prévue le 15 avril 2008 est annulée pour raisons juridiques, mais une vente de gré à gré est négociée le 18 avril. Le bijou rejoint les collections du musée pour 6,72 millions d’euros. Cette acquisition a été rendue possible grâce à la générosité exceptionnelle d’un couple de sociétaires des Amis du Louvre, les docteurs Rouffet, décédés en 2005 et qui ont choisi par ce geste ultime de prouver leur goût pour l’art et leur attachement à l’action de la Société des Amis du Louvre.
Faisant suite aux rachats en 1992 du Diadème de perles de l’impératrice Eugénie, en 2001 de la Parure en mosaïques, puis en 2004 du Collier et des pendants d’oreilles d'émeraudes de l’impératrice Marie-Louise, cet enrichissement spectaculaire témoigne une nouvelle fois du soutien fervent apporté par la Société des Amis du Louvre à la politique d’acquisition menée depuis l’après-guerre, afin de reconstituer un trésor réunissant quelques-uns des plus beaux joyaux historiques ayant paré les souveraines au XIXe siècle.
Crédit photo : Martine Beck-Coppola.
DES MECENES PAR MILLIERS
La Société des Amis du Louvre a été fondée en 1897 à l’instigation d’hommes politiques, de hauts fonctionnaires et de personnalités du monde de l’art, déplorant la modicité des ressources dont disposait le musée du Louvre pour accroître ses collections. Conscients de la nécessité d'épauler la Réunion des musées nationaux, créée deux ans auparavant, par une institution complémentaire, ils pensaient que l'appel à l'initiative privée pouvait remédier à l'insuffisance des moyens financiers de l'Etat face à la concurrence étrangère, notamment celles de la National Gallery de Londres et du musée de Berlin, plus richement dotés que le Louvre.
Reconnue d’utilité publique dès 1898, elle poursuit depuis plus d’un siècle son action pour l’enrichissement des collections du Louvre, via l’acquisition – pour lui en faire don – d’objets ayant une valeur artistique ou historique.
Plus 700 œuvres d’art ont été données par les Amis du Louvre depuis sa fondation, parmi lesquelles La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, le Bain Turc d’Ingres, La Folle de Géricault, le Saint-Sébastien de Georges de la Tour, les Gisants de Charles IV le Bel et Jeanne d’Evreux, les dessins de Claude Lorrain, la Sainte Françoise romaine de Nicolas Poussin…
L'association se compose de membres adhérents, de membres sociétaires et de membres bienfaiteurs. Tous sont invités à participer à l'Assemblée générale annuelle afin que leur soit soumis, pour approbation, le rapport moral et le rapport financier de l'exercice clos et le projet de budget de l'exercice suivant. Le Conseil d'administration est élu dans son intégralité, à scrutin secret, pour quatre ans par l'Assemblée générale parmi les membres de l'Association. Le Conseil choisit en son sein un bureau élu pour une durée identique de quatre ans. Le mandat des administrateurs et des membres du bureau est bénévole.
Si le conseil d’administration demeure le reflet d'un milieu bourgeois aisé et cultivé, composé de hauts fonctionnaires, de grands collectionneurs et d’artistes souvent donateurs du musée, la Société se veut ouverte au plus grand nombre comme en témoigne la modicité de la cotisation de base qui permet néanmoins aux adhérents de bénéficier de nombreux avantages. Avec plus de 60 000 membres, les Amis du Louvre se placent au premier rang européen des sociétés d’amis de musées. Les adhérents au nombre de 50 000 sont de loin les plus nombreux. Moyennant une participation de 60 euros par an, ils bénéficient de plusieurs avantages dont l’accès libre aux collections permanentes et temporaires du musée du Louvre. Viennent ensuite les 9000 sociétaires qui en échange d’une cotisation de 100 euros, bénéficient d’avantages supplémentaires comme la possibilité d’assister aux vernissages d’expositions du Louvre. Enfin les bienfaiteurs, au nombre de 1000, jouissent, en plus des avantages cités, d’un accès libre au musée d’Orsay, d’un abonnement au magazine Grand Galerie, le Journal du Louvre, de catalogues d’exposition… Ceci en contrepartie d’une adhésion annuelle de 800 euros.
Grâce aux cotisations, aux dons et aux legs de ses membres, la Société des Amis du Louvre dispose de près de 3 millions d'euros chaque année pour enrichir les collections du Louvre, ce qui la place au premier rang des mécènes les plus généreux et les plus constants du musée.
Si autrefois les dons et legs provenaient largement de grands collectionneurs fortunés comme Thomy Thiéry, David Weill, Isaac de Camondo, Raymond Kœchlin, Gabriel Cognacq, Carle Dreyfus etc. qui ont généreusement contribué à augmenter les collections nationales, ils sont aujourd’hui de plus en plus souvent le fait de nombreux amateurs éclairés appartenant à toutes les couches sociales. Qu’ils soient consentis à titres universel ou particulier, ces legs peuvent être constitués de biens immobiliers, de valeurs mobilières comme des portefeuilles d’actions ou de sommes d’un montant déterminé à l’avance. La Société des Amis du Louvre peut aussi bénéficier de contrats d’assurance-vie.
Grâce à une politique active de présence dans des revues de droit destinées aux notaires ou publiées à l’occasion de leur congrès annuel, les legs recueillis par la Société des Amis du Louvre constituent depuis plusieurs années une ressource complémentaire qui s’ajoute aux cotisations de ses membres. À telle enseigne qu’elle a ainsi permis l’entrée dans les collections du musée du Louvre ces dernières années :
- d’un tableau de Carl Friedriech Lessing, Cimetière dans un bois, grâce au legs de M. Jacques Moreau qui avait stipulé dans son testament que le produit de son legs devait être employé à l’achat « d’un tableau d’un artiste du XIXe siècle ne figurant pas encore au Louvre ». Acheté en 1999, ce tableau a trouvé sa place dans la section des peintures des Écoles du Nord ouvertes en 2001.
- en 2001, le legs de Melle Anne-Marie Grimaldi a permis au département des Peintures d’acquérir le Christ en croix d’Abraham van Diepenbeck.
-la générosité de Mme Camille Minost a contribué en 2004 à l’achat de la Parure d’émeraudes de l’impératrice Marie-Louise.
- le splendide dessin de Louis-Jean Desprez représentant La Prise d’Agrigente a pu être offert en 2005 au département des Arts graphiques grâce au produit de l’assurance-vie souscrite au bénéfice de la Société des Amis du Louvre par Melle Nicole Herbert.
- tout récemment, en juin 2008, la Société a pu enrichir les collections du même département d’un grand pastel par John Russell, représentant le portrait de Francesco Bartolozzi, grâce à des dispositions similaires prises par Mme Françoise Seuniac.
Les propositions d'achat émanent la plupart du temps des conservateurs, les plus à même d'apprécier l'intérêt que représente telle ou telle œuvre pour le département dont ils ont la charge. Mais l'ambition des Amis du Louvre est aussi de découvrir eux-mêmes des œuvres d'art pour les proposer au Musée. En tout état de cause, la décision d'acheter ou de ne pas acheter est suspendue au résultat des délibérations puis du vote des trente-deux administrateurs de la Société. Le Conseil d'administration exprime son choix par un vote à la majorité simple et à bulletins secrets et retient une ou plusieurs propositions d'achat parmi celles qui lui sont présentées, dans les limites de ses capacités budgétaires. Ces achats sont effectués auprès de marchands ou de vendeurs privés, français et étrangers, ou bien à l'occasion de ventes aux enchères publiques, à l'hôtel Drouot ou dans les ventes internationales.
La Société des Amis du Louvre poursuit aujourd'hui avec une ampleur inégalée sa mission d'origine alors que le mécénat est de moins en moins à la portée des initiatives individuelles et que les crédits d'acquisition de l'Etat demeurent notoirement insuffisants, face à l’envolée des prix du marché.
QUELQUES ACQUISITIONS MAJEURES PARMI LES 700 ŒUVRES D’ART DONNEES AU MUSEE
Depuis sa création, plus de 700 œuvres d'art données par la Société des Amis du Louvre sont venues enrichir les collections des 8 départements du musée du Louvre. Pour la plupart d'une qualité et d'un intérêt historique exceptionnel, ces œuvres ont toutes été convoitées par le musée du Louvre pour augmenter ses collections ou en combler les lacunes et ont su retenir l'attention du Conseil d'administration de la Société. Elles constituent à ce titre un témoignage précieux de l'histoire du goût et forment comme "un musée dans le Musée ". En voici quelques exemples classés par département et dont les dates d’acquisition sont mentionnées.
Département des Antiquités orientales
Statue de Ginak, prince d'Ediné, 1951
Blindage de carquois, 1974
Idole aux yeux, 1991
Coupe d’un roi de Samatura, 1996
Vase orné d’un combat de fauves et de serpents, 2002
La Princesse de Bactriane, 2003
Département des Antiquités égyptiennes
La Reine Tiy, 1962
Statuette de femme debout, 1987
Figurine d'homme, 1991
La Reine Ouret, épouse de Sésostris II, 1997
Groupe fragmentaire représentant trois femmes en haut relief, 2001
Le Portrait de Nebamon, 2002
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines
Plaque de saint Syméon, 1951
Amphore géométrique, 1955
Cratère en calice falisque attribué au Peintre de Nazzano, 1993
Scaphè à œilleton, 1999
Vase grec ou Hydrie, 2001
Tête de cheval, 2004
Département des Arts de l’Islam
Aiguière à tête de coq, 1970
Jeune Homme rêvant dans un jardin, 1989
Aiguière, 1993
Le Miracle des abeilles et La Bataille de Badr, 1994
Département des Objets d'art
Tapisserie du Jugement dernier, 1901
Ecuelle aux armes du Cardinal da Motta et son plateau de T. Germain, 1907
Armilla : la Résurrection, 1934
Nécessaire de la reine Marie Leczinska de H.-N. Cousinet, 1955
Paire de vases « fuseau », 1986
Crosseron à tête de gazelle, 1987
Commode-secrétaire de G. Grohé, 1988
Lit de Madame Récamier des Frères Jacob, 1991
Diadème de l'impératrice Eugénie de A.-G. Lemonnier, 1992
Deux sucriers à poudre d'un Maître parisien non identifié, 1994
Pot à oille de E.-P. Balzac, 1994
Vase Hébert, 1995
Parure en or et mosaïque de Marie-Louise de F.-R. Nitot, 2001
Cabinet d’ébène d’Isabelle II, 2004
Parure en émeraudes de Marie-Louise, 2004
Guéridon en porcelaine de Sèvres, 2006
Département des Sculptures
Gisants de Charles IV le Bel et Jeanne d'Evreux de J. de Liège, 1906
Portrait présumé d'Antoine Duprat et Portrait de Louise de Savoie, 1949
Portrait funéraire du duc d'Orléans de H. de Triqueti, 1991
Henri II de Bourbon, prince de Condé de G. Guérin, 1992
La Nymphe au scorpion de L. Bartolini, 1994
La Vierge assise et l'Enfant, 1995
Femme effrayée d’un coup de tonnerre qui vient de rompre un arbre à côté d’elle de J.B. Stouf, 2000
Saint Benoît de Tino di Camaino, 2003
Tête de caractère de Messerschmidt, 2005
Département des Peintures
La Vierge et l'Enfant d'A. Baldovinetti, 1898
Quatre scènes de la Légende de saint Georges de B. Martorell, 1905
Pierre Quthe de F. Clouet, 1908
La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon d'E. Quarton, 1905
Le Bain turc de J.-A.-D. Ingres, 1911
Eva Prima Pandora de J. Cousin (1490-1560), 1922
La Folle monomane du jeu de T. Géricault, 1938
Le Chancelier Séguier de C. Le Brun, 1942
Le Bienheureux Rasini délivre quatre-vingt-dix pauvres gens d'une prison de Florence de Sassetta, 1965
Le Jeune Chanteur de C. Vignon, 1966
La Flagellation de J. Huguet, 1967
La Femme à la puce de G.M. Crespi, 1970
Allégorie de la Victoire de M. Le Nain, 1971
Au Louvre d'E. Azambre, 1978
Saint Sébastien soigné par Irène de G. de la Tour, 1979
Croix peinte du Maître de San Francesco, 1981
Charles Joseph Crowle de P. Batoni, 1981
Persée secourant Andromède de J. Wtewael (1566-1638), 1982
Le Repos de Diane chasseresse de J. Jordaens, 1982
Femme dévoilée soulevant une draperie de B. Van der Helst, 1984
La Délivrance d'Andromède de P. Mignard, 1989
La séance de pose de G. Traversi, 1990
Le Mariage mystique de Ste Catherine de Parmesan, 1992
Le Christ en croix de Barthélemy d'Eyck, 1993
Portrait de jeune homme en chasseur de A.-L. Girodet, 1994
Le Major James Lee Harvey en uniforme de Gordon Highlander de Sir H. Raeburn, 1995
Jeune Femme se peignant de S. de Bray, 1995
Le Marchand de cigares de C. Købke, 1996
Portrait de Juliette de Villeneuve de J.-L. David, 1997
Sainte Françoise romaine annonçant à Rome la fin de la peste de N. Poussin, 1999
Cimetière et ruines envahis par les arbres de C.F. Lessing, 1999
Bord de mer au clair de lune de C.D. Friedrich, 2000
Ange en adoration de Fra Angelico, 2002
Portrait d’Anton Fugger de Hans Maler, 2002
Le chat mort de Géricault, 2003
Vénus et Adonis de Luca Cambiaso, 2008
Département des Arts graphiques
Moulin et ville fortifiés au bord d'un lac de Cl. Gellée, dit le Lorrain, 1920
Première pensée pour Les Sabines de J.-L. David, 1920
La Bataille de Cannes de J. Fouquet, 1921
Feuille d'études pour La Mort de Sardanapale d'E. Delacroix, 1938
Persan assis d'A. Watteau, 1978
Louis XIII et Richelieu présidant à l'embarquement des troupes pour l'île de Ré de J. Callot, 1979
Portrait de femme avec coiffe de J.-B. Greuze, 1985
Portrait de Dominique-Vivant Denon d'A. de Saint-Aubin, 1989
L'Enlèvement de Fualdès de T. Géricault, 1993
Six études de tête de femme et deux d'un jeune garçon d'A. Watteau, 1997
Autoportrait à l’œil-de-bœuf de M.Q. Delatour, 2005
La Mort de l’homme fort et méchant de W. Blake, 2006
Portrait de jeune femme âgée de 16 ans de N. Hilliard, 2007
SOCIETE DES AMIS DU LOUVRE
Président : Marc Fumaroli de l’Académie française
Premier vice-président : Louis-Antoine Prat
Secrétaire général : Serge-Antoine Tchekhoff
Directrice : Yvonne Bell-Gambart
Adresse postale :
Palais du Louvre
75 058 Paris cedex 01
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