Le pied d'athlète: une dermatose du pied à ne pas négliger

Publié le 12 octobre 2008 par Rim
Mieux vaut prévenir que guérir
Le pied d’athlète ou intertrigo inter-orteil est une infection fongique (dermatophytose) due à un champignon, qui touche habituellement la peau située entre les orteils. Les 3ème et 4ème espaces inter-orteils sont les plus fréquemment touchés.
Prévalence :
Le pied d’athlète est une infection courante dont il n’est pas si facile de guérir. 10 % à 15 % de la population vit ce problème au moins une fois au cours de sa vie. Il survient rarement avant la puberté.
Les récurrences sont nombreuses si l’on n’y porte pas une attention particulière et si l’on ne se débarrasse pas complètement des champignons une fois les symptômes éliminés.

Causes :
L’espace inter-orteil étant clos entraîne un microclimat chaud et humide propice au développement des champignons.
Facteurs favorisants :
Le port de chaussures fermées (tennis, chaussures de sécurité, …), la transpiration excessive, la fréquentation de locaux communs (salle de sport, piscine, salle de bain familiale, hammam) favorisent l’apparition de ces intertrigos.
La contamination est le plus souvent indirecte par l’intermédiaire des sols humides, ce qui donne un caractère souvent familial aux dermatophytoses des pieds et pose donc souvent des problèmes de chronicité ou de réinfection si on ne prend pas le soin d’examiner (ou de faire examiner) toute la famille.

Personnes à risque:
Les personnes souffrant d’hyperhidrose (transpiration excessive), les diabétiques, les personnes atteintes d’un déficit immunitaires (congénital ou acquis) ont plus de risque de contracter cette infection aux complications parfois graves selon le terrain et la prise en charge.
Symptômes:
Le pied d’athlète débute par un discret érythème. Au stade initial, la lésion est le plus souvent asymptomatique et passe donc inaperçue. L’apparition ultérieure de vésicules ou de bulles provoque un prurit intense qui peut être le symptôme révélateur de l’intertrigo, parfois même de façon très explosive. Rapidement, la lésion se modifie, se fissure, desquame et finalement devient macérée, avec apparition à long terme d’une couche de couenne blanchâtre plus ou moins épaisse selon l’ancienneté de la lésion. Le développement centrifuge (en tâche d’huile) de la lésion est évocateur en lui-même et laisse une impression de guérison centrale, avec des limites érythématosquameuses nettes et arciformes, facile à voir sur le dos du pied, souvent très prurigineuses.
La lésion s’accompagne souvent d’une odeur nauséabonde qui se dégage du pied.


Intertrigo inter-orteil
Complications:
1. La cellulite bactérienne : infection du tissu cellulaire sous cutanée. Complication redoutable.
2. L’ulcère : s’observe à un stade avancé. Le risque essentiel est la surinfection et les séquelles à long terme.
3. L’onychomycose : infection fongique de l’ongle pouvant entraîner la destruction de l'ongle.
4. Les cloques : ce sont des vésicules remplies de liquide. Leur risque est la surinfection.
5. La récidive : c’est la complication la plus fréquente. Les récurrences sont nombreuses même en cas de traitement bien mené.

Le pied d’athlète se prévient difficilement. De plus, beaucoup de personnes qui l’ont contracté une première fois voient leurs symptômes réapparaître quelques mois plus tard.


Onychomycose
Prévention :
Pour prévenir le pied d’athlète et surtout pour diminuer les risques de récidive, il est essentiel de respecter certaines règles :

1. Suivez le traitement prescrit aussi longtemps qu’on vous le recommande. Même si les symptômes sont disparus, le champignon peut demeurer présent et se manifester de nouveau à la première occasion.
2. Une bonne hygiène des pieds reste le meilleur moyen de prévenir le pied d’athlète : gardez vos pieds propres, frais et secs. Assurez-vous de bien sécher vos pieds, vos orteils ainsi que l’espace inter-orteils à l’aide d’une serviette propre après les avoir lavés et à la sortie de la piscine. Attention! Le partage d’une serviette qui a été en contact avec un pied infecté peut transmettre l’infection.
3. Portez des sandales de plage lorsque vous vous baladez dans un lieu public dont le sol est mouillé (les vestiaires, les douches communes, les piscines publiques, etc.).
4. Privilégiez les chaussettes en fibres naturelles (coton, bambou, laine), qui absorbent bien l’humidité.
5. Choisissez des chaussures de sport qui procurent une bonne ventilation.
Au besoin, saupoudrez vos pieds d’une poudre de talc ou d’une poudre médicamenteuse antifongique (Gold Bond®, Desenex®) qui absorbe l’humidité.
6. Évitez de porter les mêmes chaussures tous les jours et, si possible, retirez-en les semelles pour qu’elles sèchent bien durant la nuit et saupoudrez dessus une poudre antifongique.
7. Débarrassez-vous de vos vieux souliers qui ont fait la route.
8. Les bains de soleil sont bénéfiques pour les pieds et aident à les garder bien au sec.
9. Surveillez régulièrement vos pieds; prêtez attention aux changements de couleur ou d’aspect de votre peau.
10. Mangez sain en évitant les graisses saturées (fritures essentiellement) et l’excès de sucre qui augmentent l’acidité de la peau. Evitez le tabac. Buvez beaucoup d’eau pour permettre au corps de se débarrasser de ses toxines.

Traitement :

Médicamenteux :
Basé sur des antifongiques locaux en vente libre dans les pharmacies. Ils sont sous forme d’onguent, de lotion, de poudre ou d’aérosol à base de Clotrimazole (Lotrimin®), de Kétoconazole (Nizoral®) ou de Tolnaftate (Desenex®, Tinactin®), Terbinafine (Lamisil®). S’informer auprès du pharmacien au besoin.
La durée du traitement varie de deux à quatre semaines, en deux applications par jour. Il est essentiel d’appliquer le traitement toute la durée indiquée, même si les symptômes ont disparu. Ces antifongiques entraînent la guérison dans 70 % à 80 % des cas.
En général, s’il y a récidive, il faut reprendre le traitement et en doubler la durée. En outre, il est important de respecter les mesures d’hygiène afin d'éviter les récidives.
Si l’application rigoureuse des traitements topiques et des mesures d’hygiène ne guérissent pas le pied d’athlète, consulter un médecin. Celui-ci pourrait proposer un autre traitement topique ou prescrire un antifongique oral.

Complémentaire :

Des gestes qu'on peut adopter en complément du traitement médicamenteux, mais aussi pour prévenir les rechutes. Simples, peu coûteux et surtout efficaces.

- Le bicarbonate de soude : Une cuillère à soupe à dissoudre dans deux litres d’eau tiède pour un bain de pieds. Permet d’équilibrer l’acidité de la peau.
- L’huile essentielle de l’arbre de thé (ou Tea Tree) : action antifongique et antiseptique. Vous pouvez rajouter 4-6 gouttes dans votre bain de pied.
- Le vinaigre de cidre : connu pour ses propriétés antifongiques, antiseptiques et astringentes. Utilisé traditionnellement comme désinfectant. Il est préférable de le mélanger à l’eau du bain de pieds (2 cuillères à soupe).
- Le savon de Marseille : évitez les savons parfumés. Le savon artisanal à base d’huile d’olive permet de laver en douceur et sans agresser la peau. Prenez soin de bien rincer après avec une eau de préférence additionnée à un peu de vinaigre de cidre, d’huile essentielle de tea tree ou de bicarbonate de soude.
- Et surtout, n’oubliez pas de bien sécher vos pieds. C’est une étape importante du traitement mais aussi de la prévention des rechutes.