Nonnonbâ de Shigeru Mizuki

Par Sylvie

Editions Cornelius

Ce manga a été un événement en France dans la mesure où il s'agit du premier manga à avoir été primé au Festival International de la bande dessinée d'Angoulême. Comme quoi le manga fait désormais partie intégrante de ce genre !

Mizuki, l'auteur, né en 1922, est très connu au Japon. Toute son oeuvre est basée sur les traditions populaires du Japon. 

Ce roman graphique met en scène la propre enfance de Mizuki dans les années 30, marquée par la personnalité de Non Non Bâ (grand-mère), une vieille femme sans le sou qu'avait recueilli sa famille. En échange du logis et du couvert, elle aide à élever les enfants. Le petit garçon, surnommé "Gégé" est émerveillé par les histoires que lui raconte Nonnonbâ : celle de yokais, des êtres surnaturels qui peuvent être l'âme d'un défunt, le caractère d'un objet inanimé ou encore la matérialisation d'une peur...Ces yokais font partie des croyances traditionnelles des japonais. Ces histoires vont devenir pour Gégé le moyen d'entrer en contact avec le monde invisible et surtout vont le guider dans sa vie quotidienne !

Il y a par exemple une verrue qui l'aide à tricher lors des contrôles de maths ! Ou alors un esprit en forme d'homme préhistorique qui va l'aider dans son apprentissage de la vie. 

Ce manga oscille toujours entre humour et émotion. Loin de n'être qu'une oeuvre fantastique, il s'agit d'une belle histoire d'apprentissage très poétique. Gégé devra ainsi être confronté à la mort d'une petite fille tuberculeuse. Pour exorciser son chagrin, il se mettra à dessiner le "dix mille milliardième monde", c'est à dire le paradis. On découvre ainsi comment le jeune garçon a choisit peu à peu le dessin comme voie de salut. 

Il s'agit également d'une chronique de l'enfance entre une mère très à cheval sur les traditions et un papa fantasque qui vient d'ouvrir un cinéma. Les personnages sont très bien croqués et ont tous leur personnalité. 

Enfin, on apprend plein de choses sur la société japonaise. Outre le monde des esprits, on apprécie une allusion discrète, toute en nuances des rapports sociaux. Ainsi, la vieille femme, épouse d'un bonze désargenté, prieuse dans un temple, est recueillie par la famille de Gégé. Mais la pauvreté n'est que suggérée, évitant tout misérabilisme. 

Un beau récit d'enfance qui renouvelle vraiment l'image du manga !