Extradez-nous ce trader !

Publié le 12 octobre 2008 par Jlhuss

par Arion

Je ne sais pas vous, mais moi, ils ont beau dire, j’ai tout liquidé, tout : les trois ronds hérités de la tante Rose et convertis en bons du Trésor sur le conseil d’une agence pépère de banlieue tranquille ; la petite assurance-vie qui paierait juste mes funérailles, et même le livret A de ma poire pour la soif (sait-on ce qui va s’ourdir dans une Poste privatisée ?) : tout, je vous dis, liquidé, ou plutôt solidifié, oui, à l’ancienne, en dur de dur, dans le métal qui au pays du bon sens n’aurait jamais dû cesser de valoir son pesant de moutarde. Un beau petit gousset quand même, pas virtuel pour un sou, dans une cassette à la Molière, elle-même enterrée dans le jardin à côté du bassin où les cyprins ne dorment que d’un œil et sont muets comme des carpes.

Non mais sans blague ! On laisse des Fregoli de la carambouille nous gruger, nous plumer, nous prendre pour des glands, et ensuite encore on nous sermonne : il ne faut pas céder à la panique, ces mouvements irrationnels ne sont pas dignes des petits-enfants de Descartes, l’Etat nous couvre, etc. Allez, allez, un tient vaut mieux que deux tu l’auras, pas folle la guêpe, tous nos œufs dans le même panier mais pas percé.

Ensuite, un peu de vengeance, le vrai sentiment noble, que deux mille ans de christianisme ne sont pas parvenus à étouffer. On prend tous les traders et  affiliés, toutes les petites vipères tombées dans notre soupe en direct de ces jeux vidéo où vous gagnez cinq vies en déglinguant dix mecs. On rouvre Cayenne, c’est pas le Diable, et on te les remet à casser du pavé, ça peut toujours servir et ça occupe sainement. Si vous redoutez les hauts cris de la Cour européenne des droits de l’homme, on peut choisir plus présentable : par exemple, l’Hexagone a des milliers de kilomètres de berges embroussaillées. Allez hop ! au sécateur ! ils en ont coupé d’autres. Ce qui compte, c’est de redonner à ces types la perception de la matière, de la résistance du minéral, du végétal et de l’animal ailleurs que sur écran ou sur les plages de Malibu.

Enfin, quand on aura tout nationalisé, en 2012, ou bien avant, peut-être après-demain à la faveur d’un coup de torchon sur toute cette ordure, on met l’union de la gauche aux affaires. D’abord faut que ça saigne, ensuite faut que ça jouisse. Besancenot au Partage, Buffet à la Pensée, Lang à la Parole, Aubry aux Vingt-cinq heures, Royal à la Fraternité, Montebourg à l’Amour, Vals à la Danse, Delanoé à la Nuit folle.

L’homme ne vit pas que de pain. Le vrai déficit, croyez-moi, ce n’est pas celui du budget, c’est celui du rêve.

Arion

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