Euro: polémique entre Français autour d' ambiguités sarkozyennes

Publié le 19 juillet 2007 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

LES FAITS: Nicolas Sarkozy, à Toulouse, devant (et à la demande) d'Angela MERKEL avait admis la nécessité de respecter "l'indépendance" de la Banque centrale, mais le différent entre Paris et les utorités européennes n'est pas aplani. Au contraire:Le ton monte entre l'équipe de Nicolas Sarkozy et la Banque centrale européenne (BCE) au sujet du statut et du rôle de l'institut d'émission.

Hier,  18 juillet, Jean-Claude Trichet a mis en garde depuis Francfort contre les discours français visant à limiter l'indépendance de la BCE qu'il préside. "Toute tentative ayant pour objet de chercher à influencer la BCE dans l'accomplissement de ses missions constitue une violation de l'article 108 du traité européen et que, par conséquent, ces déclarations ne sont pas acceptables", a fait savoir M. Trichet qui occupe son poste à la demande de Jacques CHIRAC (un rappel qui n'est pas sans importance dans le contexte actuel...) 

Cette mise au point très ferme est une réponse aux propos tenus par le secrétaire d'Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, dans un entretien paru le même jour au quotidien International Herald Tribune : "Vous pouvez influencer les décisions de la Banque centrale européenne en ayant des discussions plus ouvertes à propos des motivations qui justifient les décisions sur les taux d'intérêt", avait expliqué M. Jouyet. "Vous pouvez avoir ces discussions directement et dans le cadre de l'Eurogroupe", avait-il ajouté, alors que Paris annonce son intention, au grand dam de Berlin, de conforter le rôle de l'Eurogroupe face à la BCE. La ministre de l'économie Christine Lagarde a été chargée par M. Sarkozy de convaincre ses homologues européens de trouver un "accord" entre l'Eurogroupe et la BCE afin d'améliorer le dialogue entre les deux institutions.

Cette controverse s'ajoute à celle qui oppose Paris et Francfort sur les taux de change. Inquiet de "l'euro fort", M. Sarkozy entend conforter le rôle des ministres des finances de la zone euro dans le pilotage de la politique de change. Lundi à Toulouse, en présence d'Angela Merkel, M. Sarkozy avait cité "l'article 111 du traité" de Maastricht, lequel stipule que "le conseil peut formuler les orientations générales de la politique de change". D'après le président français, "il n'est donc pas illégitime que nous ayons une discussion sur un sujet qui ne remet pas en cause l'indépendance de la BCE". Cette interprétation est contestée par la BCE, qui profite des divergences entre les Etats membres à ce sujet pour conforter leur prééminence en matière de change.

   COMMENTAIRE RELATIO;Dans l'immédiat, trois conclusions provisoires

1) Les relations franco-allemandes restent minées par ces divergences de fond, en dépit es sourires échangés et des concessions faites à Toulouse par Sarkozy. Que cela se manifeste  à travers des polémiques franco-françaises montre la gravité des choses. On se garde bien d'en sourire à Francfort et à Berlin.

2) La France est bien mal placée pour exiger quoi que ce soit dans sa situation financière actuelle. l'euro "fort" (qui est en fait un "dollar faible" n'explique en rien nos problèmes de commerce extérieur.

3) Certes, rien ne doit être tabou,et personnen ne nie la necessité d'un vrai "gouvernement économique" de la zone euro, mais selon les connaisseurs ce n'est pas par des effets de manche que l'on peut faire avancer les choses... On trouve là les limites de la "méthode Sarko": les réalités constituent un mur quand on refuse de les voir. C'est d'autant plus étonnant que Jean-Pierre JOUYET est l'un des meilleur connaisseur des afaires communautaires et l'un des esprits les plus pertinents en matière économiques et financières.