Prix à la hausse sur la nourriture

Publié le 19 juillet 2007 par Christine Didier
L’information est dans toutes les rubriques économie des journaux. Mais en ces temps de vacances, ce ne sont pas les pages les plus lues. La rentrée risque pourtant d’être rude pour les porte-monnaies avec l’annonce d’une hausse inévitable des prix des produits alimentaires. En effet, les cours des matières premières agricoles ne cessent d’augmenter : depuis 2006, le cours mondial du blé a augmenté de 55 %, celui de l’orge de 45 %, celui de la poudre de lait de 60 % pour ne citer que ceux-ci.

Déjà, pour tenir compte de la flambée des prix des céréales qui entrent pour 60% dans le prix de revient, le leader de la volaille, le groupe LDC (Loué et le Gaulois), a augmenté de 4% à 5% ses prix en juillet. « Les prix des produits de grande consommation comme les yaourts, les fromages, les crèmes et le lait devraient augmenter en moyenne de 4% à 5% d'ici la fin de l'année », a déclaré Olivier Picot, président de l'Association de la transformation laitière (industriels privés et coopératives).

Pourquoi ces augmentations ? Les mauvaises récoltes mondiales dues aux sécheresses et autres aléas climatiques, la poussée démographique et la croissance du niveau de vie amenant les populations à se rapprocher de plus en plus du mode d’alimentation à l’occidentale, entre autre en consommant de plus en plus de viande. Il ne faut pas oublier le développement des biocarburants qui va accentuer la pressions sur les cours des céréales et la hausse des prix de l'énergie.

Producteurs, industriels et distributeurs assurent qu'ils s'efforceront de limiter l'impact de ces hausses pour le consommateur. Mais ces trois secteurs ont des intérêts divergents et la situation pourrait vite devenir hyper-conflictuelle entre eux.  Les agriculteurs se frotteraient plutôt les mains, (sauf les éleveur), mais les industriels et la grande distribution sont plus inquiets. Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania) sait bien que si les hausses sont trop importantes pour les consommateurs, ils se détourneront de leurs produits. Il s’engage à ne répercuter que les hausses indispensables à la survie des entreprises. Reste à savoir à quoi ça correspond, après tout ce ne sont que des mots. Je doute fort que quiconque soit prêt à voir ses bénéfices fondre. Quant à la grande distribution, elle va bien devoir rogner sur ses marges bien qu’elle n’en ai aucune envie, le ministère de l’Economie entendant bien surveiller de "très près" la façon dont elle répercutera les hausses des prix des matières premières dans l'alimentation. Sarkozy a fait du pouvoir d’achat des Français sa priorité et bien que les dépenses alimentaires ne comptent plus que pour 20% des budgets des ménages, toute hausse dans ce domaine provoque une grogne de la population. Aucun gouvernement n’aime ça. Trop dangereux.

Toutefois, ce que je trouve hallucinant c’est que tout le monde s’accorde pour dire que ces hausses des prix agricoles sont structurelles, mais je n’ai lu nulle part qu’il serait peut-être temps de remettre en cause notre joli modèle, ou notre volonté de développer les biocarburants. Au contraire, on parle de hausse de production, de disparition des jachères. Les questions environnementales vont passer au second plan, il faut nourrir les gens et surtout pouvoir continuer à rouler. Même si pour ça on exploite encore plus notre pauvre planète.
Sachant que nous, pays occidentaux, sommes le modèle de tous les autres, il serait bon que nous nous interrogions sur notre consommation excessive de viande et de produits laitiers, sur la façon dont nous élevons notre bétail, et sur la façon dont nous nous déplaçons. Les terres agricoles ne sont pas extensibles à l’infini dans le monde, certaines sont déjà terriblement dégradées, d’autres vont l’être avec le changement climatique. Comment voulez-vous y faire pousser de plus en plus de céréales servant à la fois à nourrir les troupeaux, faire rouler les véhicules et à fabriquer du pain ? A vouloir le beurre, l’argent du beurre et la crémière, on finira par ne plus rien avoir du tout.