Ces mineurs roumains contraints à la prostitution

Publié le 13 octobre 2008 par Chictype

Une filière qui exploitait de jeunes roumains vient d’être démantelée à Paris. Et les autorités et associations soulignent que le problème des

ALORS QUE quatre personnes, soupçonnées d’avoir exploité des jeunes roumains en France viennent d’être arrêtées à Paris, plusieurs associations s’inquiètent du retour de ces filières de traite de mineurs.

Ils sont réapparus cet été à Paris. Porte Dauphine, parmi les travestis, et dans le bois de Boulogne, lieux de prostitution masculine.

Des adolescents roumains, « parfois âgés de moins de 15 ans », assure l’association Hors la Rue, qui a alerté les autorités. Ce soir de fin de semaine, dans les petits groupes d’hommes présents, il y en a au moins deux que les éducateurs n’avaient jamais vus. Comme ce garçon, aux yeux apeurés, entouré d’adultes qui affirment « qu’il est majeur, de passage pour trois jours en France ». On discute, en roumain, on tend une carte de visite qui mentionne l’adresse du lieu d’accueil qui héberge ce garçon dans le XIII e arrondissement de Paris.

« Ils ont une grande liberté de mouvement, à condition qu’ils rapportent »

Sur les six premiers mois de 2008, 160 « nouveaux » mineurs, ont été recensés. Bien plus que l’an dernier. La résurgence de ce phénomène de prostitution à Dauphine en est l’un des symptômes. « Cet été, deux d’entre eux dormaient sous la tente, dans le bois. On évoque de la prostitution du côté de Pigalle et à la gare du Nord », relatent Alexandre Le Clève et Olivier Peyroux. Ces enfants, dont l’apparition au début des années 2000 avait poussé les pouvoirs publics à agir, ne sont plus tout à fait les mêmes. A l’époque, la majorité, venait d’une seule région du nord-ouest du pays. « Aujourd’hui, ils sont de plus en plus jeunes et en provenance de toute la Roumanie », note l’association Hors la Rue. Elle estime leur nombre à quelques centaines en région parisienne, constate aussi que nombre d’entre eux vivent « des parcours d’errance, en France et dans d’autres pays d’Europe ». « Ces temps-ci, il en arrive d’Italie (NDLR : où des pogroms à l’encontre des Roms et des opérations de fichage d’empreintes génétiques les poussent au départ) », constate Alexandre Le Clève, qui rappelle que l’ONG Caritas évalue à 2 000 le nombre d’enfants roms dans les rues de la capitale italienne.

Plus durs, poussés à la délinquance par des adultes, parents ou non, présents dans les squats ou les bidonvilles où ils vivent, ces enfants sont parfois aussi tenus par un singulier système de dette, appelée la « kamata » (la roue), qui les contraints à « faire de l’argent ». « Ils ont une grande liberté de mouvement, à condition qu’ils rapportent. Et ils sont peu demandeurs de placements, car souvent pris dans des situations de conflit de loyauté », analyse Geneviève Lefebvre, juge des enfants à Paris. Ces évolutions, et la résurgence d’une prostitution de rue, rendent d’autant plus inquiétant, aux yeux des travailleurs sociaux et des magistrats spécialisés, le nouvel accord franco-roumain de rapatriement des mineurs isolés. Signé en février 2007, ce texte doit être ratifié prochainement. Une dizaine d’associations (Hors la Rue, MDM, Ligue des droits de l’homme…) ont saisi les parlementaires. La défenseure des enfants est aussi montée au créneau. « Cet accord tente de légaliser un système d’expulsion des mineurs qui risque d’être étendu à toutes les nationalités », redoute Dominique Bordin, responsable mineurs isolés à France Terre d’asile.

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