Carnaval des blogs médicaux: Joyeux sepanniversaire....

Par Pandora


Voici le texte écrit pour la troisième édition du carnaval des blogs médicaux sur le thème
« Patients, médecins, qu’est ce que les nouvelles technologies ont changé pour vous ? »

Hasard du calendrier, la publication devait se faire entre le 13 et le  19 octobre.
J'ai choisi le 16. Cela fait 5 ans que mon intruse est entrée dans ma vie. Notre couple fête aujourd'hui ses noces de bois...


Il y a des dates dont on se souvient longtemps et le 16 octobre 2003 a été mon 11 septembre 2001 à moi, le jour où un avion m’a explosé dans la figure.

Le jour où mon intruse a détourné ma vie…

Le jour où j’ai consulté un neurologue, pour des sensations bizarres comme de l’eau froide qui coulait au niveau de ma hanche et un engourdissement de mon membre inférieur gauches. Le jour où il m’a examinée et rassurée mais en me disant qu’il valait mieux que je passe une IRM, histoire de voir précisément ce qui se passait. Cette nouvelle technologie dont je vais vous parler parce qu’elle a changé beaucoup de choses dans ma vie.

Les nouvelles technologies rendent mélomanes :

Allongée dans le tube on découvre que certaines nouvelles technologies font un bruit qui n’a rien de mélodieux. Un mélange de coups de marteau et de bruits de perceuse, un bruit de pétarade qui n’a rien à envier à la cacophonie qui a déboulé dans ma vie. Et je n’ai eu de cesse de rechercher depuis le bon tempo et une certaine harmonie, même si c’est loin d’être simple.

Les nouvelles technologies rendent malade :

Avant de rentrer dans le tube, j’étais une femme de 32 ans un peu speed qui préparait un trek au Népal. J’étais au mieux de ma forme, entrainée et affutée, excitée à l’idée de partir en voyage.

En sortant du tube, j’étais une femme de 32 ans qui avait des plaques dans le cerveau et sur la moelle épinière. Une femme de 32 ans avec une sclérose en plaques.

Les nouvelles technologies rendent bête :

Quand la radiologue est venue avec un air grave pour m’apporter les clichés en me disant qu’il fallait que je retourne voir le neurologue, je ne lui ai pas demandé si c’était grave, non. La seule chose que j’ai trouvée à lui dire a été « Est-ce que je pourrai quand même partir en vacances ? »

Les nouvelles technologies n’empêchent pas de voyager :

Je suis quand même partie au Népal, en me dopant à la cortisone, produit pourtant interdit par l’UTI (Union Trekkiste Internationale).

Les nouvelles technologies sont cruelles :

Mc Donald a mis au point des critères IRM pour qu’on puisse prédire à partir d’une simple IRM si c’est une sep ou non. Si les critères sont remplis il n'y a plus besoin d’attendre la deuxième poussée qui signerait la dissémination spatiale et temporelle. On sait. Vite. Très vite. Trop vite. Il n’y a plus d’espoir.

J’ai eu droit au fast diagnostic, mais sans le hamburger ni la portion de frites.

Les nouvelles technologies permettent de vivre de nouvelles expériences :

Je connaissais comme vous les expressions « le ciel m’est tombé sur la tête »  ou « voir sa vie défiler en quelques secondes ». Je les avais lues. Les nouvelles technologies m’ont permis de les vivre.

Les nouvelles technologies rendent insomniaques :

Je sais désormais ce que c’est de ne pas dormir de la nuit. Et c’est vraiment long une nuit. Surtout quand on ne peut pas s’arrêter de pleurer. Cette nuit là, j’ai failli mourir de déshydratation.

Les nouvelles technologies rendent calculateur :

Désormais, à chaque fois que je passe une IRM, je compte les plaques en espérant que le chiffre sera le même que la fois précédente. Ou moins nombreuses, mais ça ne marche pas dans ce sens-là.

Les nouvelles technologies vous transforment en toxicomane :

Les plaques étaient suffisamment nombreuses et évocatrices pour que le neurologue me propose de me traiter par interféron. Une piqure par semaine. Payée à prix d’or (merci à vous, vive la sécu !). Ma dose. Mon fix. Même si actuellement pour moi c’est l’overdose.

Les nouvelles technologies bouleversent votre vie :

Le matin de mon 11 septembre, j’étais dans l’euphorie de ce voyage qui se rapprochait, de ce rêve qui se réalisait enfin.

Le soir dans le cabinet médical, debout devant le négatoscope, les clichés de l’IRM commentés par le neurologue, je n’ai pas pu retenir mes larmes. Avec le sentiment que ma vie s’arrêtait. Déjà.  

Ce texte est très orienté, les nouvelles technologies sont seulement les porteuses de mauvaises nouvelles; c’est mon intruse qui a changé ma vie. Mais je ne peux m’empêcher de me demander ce qu’auraient été ces cinq années si je n’avais pas consulté et passé cette IRM.

Est-ce que je voyagerais moins ?

Est-ce que je tiendrais ce blog ?

Est-ce que j’écrirais comme je le fais ?

Est-ce que je serais celle que je suis ?

Est-ce que je serais heureuse ?


...Que serait ma vie?
Ce que je sais en tout cas c’est que "Ce qui ne tue pas rend plus fort":
Les nouvelles technologies font aimer Nietzsche.