:: comprendre la crise du capitalisme # 1 ::

Publié le 17 octobre 2008 par Prinkipo
Alors que l'ensemble des places financières mondiales "chancelent", "paniquent", "chutent" et connaissent, nous dit-on, l'une des pires crises -- si ce n'est la pire -- depuis 1929, il est intéressant de jeter un œil sur la toile pour tenter de comprendre ce qui se passe réellement.
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Peu pertinente est la méthode qui consiste à jongler avec les différentes tentatives d'explication en provenance des sites d'information mainstream, qu'il s'agisse de la presse en ligne (à l'instar du Monde et de Libération) ou des sites Rue89 et Bakchich. Peu pertinente car leurs propos ont essentiellement les deux objectifs suivants : d'une part, imputer la crise à quelques dysfonctionnements du système capitaliste ; d'autre part,
plaider pour que les loups s'adoucissent,relayer autant que possible, et sans rire, les appels à la "moralisation" qui, à chaque fois en de pareilles occasions, dégoulinent dans les médias. Attribuer la crise au "capitalisme néolibéral", à "un manque de confiance", à "une régulation inadéquate face à la libéralisation", à "une innovation financière trop poussée et trop mathématisée", à "une politique monétaire trop laxiste", aux "déséquilibres financiers globaux" (cf. Nonfiction) ou encore à quelques brebis galeuses non-identifiées (lesquelles sont naturellement de mèche avec les loups précédemment évoqués), c'est tenter de justifier le capitalisme et créditer à peu de frais nos élites d'être des individus raisonnables, mais ça n'explique rien et fait perdre notre temps... Relevons toutefois cet interview de Michel Aglietta, "professeur à l’université Paris 10 Nanterre, conseiller scientifique au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii)", qui apporte quelques éclairages qui ne sont pas inutiles...
Il existe, en dehors de ces discours de légitimation, quelques ressources ou commentaires dignes d'intérêts que je vous propose de rassembler ici :
  • Un article paru sur le site de La République des lettres, et signé Jean-Marie Harribey, résume assez bien l'évolution dont la crise actuelle est le résultat : Crise économique et financière. Toujours plus de... crises ! "
    La sortie de la crise, conclut-il, ne pourra [...] se faire que par la sortie de ce système dont la raison d'être est de consumer toujours davantage l'être humain et la nature
    Comme souvent, le "système" en question désigne le néolibéralisme ou le capitalisme de la "déréglementation financière", néanmoins l'analyse que l'auteur apporte a le mérite de nous changer des commentaires institutionnels qui actuellement pullulent.
  • Plus radicaux, les papiers sur les différents sites de militants ou sympathisants d'extrême-gauche. La plupart reprennent les productions de leur organisation : par exemple, ici, le NPA par le Poireau rouge : Le capitalisme fait faillite et Sarkozy se paye notre tête ; là, Lutte ouvrière par le Bloc-notes communiste révolutionnaire : Capitalisme : les empêcher de nuire et "Moraliser la finance" commencerait par l'expropriation des responsables de la crise.
  • Dans Lutte Ouvrière, justement, cet article qui remet bien en perspective la crise dite "financière" actuelle : L’économie capitaliste : la catastrophe annoncée. :
    Depuis plus de trente ans, le système capitaliste semblait avoir trouvé le remède à ce qu'on appelle par antiphrase une « crise de surproduction ». Par antiphrase car le problème n'est pas qu'on produit trop, mais que le marché solvable ne se développe pas au rythme de l'accroissement des capacités de production. Ce remède était la finance. C'est elle qui semblait rapporter ce que la production ne pouvait pas faire. Mais tous les profits, y compris ceux de la finance, viennent de la production. Les profits élevés des dix ou quinze dernières années venaient en réalité de l'exploitation accrue de la classe ouvrière, de la diminution continue de sa part dans le revenu du travail par rapport au revenu du capital.En réduisant le pouvoir d'achat de la classe ouvrière, par le biais du chômage, par le biais du blocage des salaires, la classe capitaliste s'est, certes, assuré pendant plusieurs années des profits élevés, mais en pesant en même temps sur la consommation, c'est-à-dire sur le marché. Le développement de la finance a masqué cette réalité et repoussé les échéances. Mais la crise financière actuelle n'est que le retour de boomerang de la crise de l'économie capitaliste dans son ensemble.
    Cet article est détaillé dans la revue mensuelle de l'organisation trotskyste, la Lutte de Classe, ici : La crise financière - la folie meurtrière de l’économie capitaliste.
  • Enfin, les analyses sont nombreuses et intéressantes sur le site ContreInfo. On se rassure notamment de lire dans Opinion : Crise financière ou agonie du capitalisme ?qu'
    en détruisant ses moteurs, le capitalisme travaille à sa propre extinction et fait naître des possibilités sans précédent de passer à une économie affranchie de la domination du capital sur le mode de vie, les besoins et la manière de les satisfaire.
    On lira aussi avec intérêt le blog La fin du capitalisme et ce post d'un "socialiste de gauche" (!) :
    La gabegie capitaliste. A lire aussi l’interview de l'ex-militant de la LCR, Michel Husson, accordé à L’Humanité, Une crise structurelle du capitalisme. Ajoutez à cela l'article de Michel Collon sur le site Alternatives Internationales, 10 question sur la crise, et celui de La Riposte (gauche du PCF), La crise du capitalisme mondial.