Une nouvelle forme de prostitution à Rennes

Publié le 20 octobre 2008 par Chictype

Un numéro de portable et un prénom féminin sur des feux rouges ou des lampadaires : le phénomène est nouveau. La Ville envisage de porter plainte pour affichage sauvage.

Elles s’appellent Maëva, Loveline, Chanel, Alice, Marina… Leur numéro de portable, imprimés sur des autocollants, sont affichés un peu partout à Rennes. Sur des feux rouges, des lampadaires, dans le centre et le long des principales avenues qui desservent la ville. Les inscriptions, apparues au printemps, intriguent passants et automobilistes. Elles se sont multipliées ces dernières semaines. 

Coup de fil. Dès les premières secondes, Maëva propose une rencontre, avant d’énumérer ses tarifs et ses prestations. La femme, avec un accent africain, a une voix plutôt jeune. Elle indique un lieu de rendez-vous : un hôtel bon marché, dans une zone industrielle de la périphérie rennaise. Elle y reçoit de 10 h à 1 h du matin. Les clients doivent la contacter une demi-heure avant pour connaître ses disponibilités.

La Ville envisage de porter plainte

« C’est pour quelle ville ? », demande une autre jeune femme que nous avons contactée. Elles ne travaillent pas uniquement à Rennes. Elles sont en Bretagne quelques jours par mois. Loveline, par exemple, est actuellement « dans le Sud », mais annonce un retour dans une dizaine de jours… Impossible cependant d’en savoir plus. Prolixes pour détailler leur offre, les filles deviennent subitement muettes dès qu’on les interroge un peu trop.

« Ces autocollants sont un phénomène nouveau à Rennes », confirme un policier. Depuis 2003, et la loi punissant le racolage passif, la prostitution de rue a quasiment disparu. Les femmes ont déserté les trottoirs. Quelques-unes travaillent encore sur des parkings à la périphérie de la ville, mais la plupart utilisent Internet ou les petites annonces dans certains journaux gratuits.

Pour l’instant, cette nouvelle technique pour recruter des clients se cantonnerait à Rennes, dans l’Ouest. On ne l’a pas encore observée à Nantes, Le Mans et Brest. Ce qui n’empêche pas le phénomène d’intéresser de près la Brigade des moeurs du commissariat de Rennes. Ces femmes font-elles partie d’un réseau de prostitution ? Les enquêteurs cherchent à le savoir. La tâche est corsée. « C’est un milieu très opaque, difficile à percer, confie un policier. Il y a peu de chance qu’elles travaillent seules. Généralement, le réseau s’étend sur plusieurs villes et va jusqu’à l’étranger. Pour nous, ce sont des enquêtes de longue haleine et qui n’aboutissent par forcement. »

Depuis la rentrée, les autocollants se sont multipliés. La mairie a demandé à son service « voirie et propreté » de les enlever. « Certains ont été remis aux mêmes endroits après le nettoyage », déplore Yves Préault, maire adjoint. La Ville envisage aussi de porter plainte pour « affichage sauvage » sur son mobilier urbain.

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